Il s’agit d’un nouveau pic de traversées quotidiennes, dépassant le précédent record de 1 185 le 11 novembre 2021, mois particulièrement intense au cours duquel 27 migrants sont morts dans un naufrage. Les pics de transit correspondent généralement à des périodes qui présentent des conditions météorologiques optimales pour la saison. L’augmentation continue des traversées de migrants dans cette zone maritime, parmi les plus fréquentées au monde, ne semble pas affectée par les plans successifs du gouvernement conservateur britannique. Plus de 22 000 personnes ont traversé la Manche depuis le début de l’année, soit 10 000 de plus que l’an dernier à la même époque.

Le nombre de traversées pourrait doubler en 2022

Tout au long de l’année 2021, les autorités britanniques avaient dénombré 28 526 traversées de petits bateaux, un nombre déjà multiplié par trois l’année précédente (8 466). Un rapport parlementaire britannique de juillet dernier estimait que le nombre de traversées pourrait doubler cette année pour atteindre 60 000. Côté français, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a enregistré 533 tentatives de traversée impliquant 18 763 personnes entre le 1er janvier et le 31 juillet 2022. Il était d’environ 12 100 à la même période en 2021. Cette “massification des départs” était déjà soulignée dans le rapport d’activité 2020 du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) des Gris-Nez, qui coordonne les sauvetages en mer dans une zone de responsabilité allant de la frontière belge au Cap d’ Antifer, à quelques kilomètres au sud-ouest d’Etretat. Elle est liée à l’intensification des contrôles sur les passages légaux vers le Royaume-Uni, depuis le port de Calais ou via le tunnel sous la Manche. Comme le rappelait en 2021 Charlotte Kwantes, responsable de l’association Utopia 56, “jusqu’à ce que des couloirs sûrs soient créés entre l’Angleterre et la France ou que ces personnes puissent être légalisées en France, (…) il y aura des morts à la frontière”. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Migration : enquête sur le réseau “le plus productif” de “petits bateaux” d’Europe
Face à l’ampleur de la situation, le gouvernement britannique a adopté une ligne de plus en plus dure, annonçant récemment l’expulsion des demandeurs d’asile arrivés illégalement au Rwanda, pays avec lequel le Royaume-Uni a signé un accord en la matière. Le premier vol qui devait transporter 130 migrants (dont des Iraniens, des Irakiens, des Albanais et des Syriens) vers Kigali a été annulé par une décision de la Cour européenne des droits de l’homme. Romain Ibach