• Lire aussi : Le Comité Caraïbe entamera ses consultations à la mi-avril • À lire aussi : La chute des Caraïbes causera des “dommages irréparables” aux Premières Nations Selon nos informations, les expéditions étaient organisées par des membres de la communauté innue de Nutashkuan (Natashquan), au nord de la centrale La Romaine-4. Dans cette région, il n’y a que quelques centaines de forêts de caribous dont la chasse est interdite partout au Québec. “Le ministère dit que c’est environ 500 […] «Ils ne sont pas nombreux et les densités sur la Côte-Nord sont faibles», explique Steeve Côté, biologiste à l’Université Laval et fondateur du programme Caribou Ungava, la seule équipe de recherche dédiée exclusivement à l’espèce au Québec. Image douce
Une vue aérienne montre où les caribous ont été tués dans les bois.
10% de la population Ainsi, 50 caribous tués représentent environ 10 % de la population. “C’est beaucoup”, a déclaré M. Côté. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) confirme que l’enquête est liée à l’abattage d’une cinquantaine d’animaux, mais ne veut pas commenter davantage. L’an dernier, une trentaine de forêts caribéennes ont également été tuées au nord du Havre-Saint-Pierre par des communautés innues, dont Nutashkuan. L’enquête sur cet incident est toujours en cours, précise le MFFP. Image douce
L’un des animaux tués portait un collier de télémétrie pour surveiller ses mouvements à des fins d’étude.
La chasse est interdite Le Québec considère que l’interdiction de chasser, même celle de survie, s’applique aux communautés autochtones, alors que ces dernières revendiquent leurs droits aux traditions ancestrales (voir autre texte ci-dessous). Cependant, la chasse de survie est permise pour le caribou migrateur. Au nord de La Romaine-4, cependant, il n’y a que des forêts des Caraïbes, a déclaré Côté. Tous nos efforts pour parler avec les communautés innues et les élus locaux ces derniers jours sont restés sans réponse. Châssis tendu Ces événements surviennent deux semaines avant le début des consultations du Comité indépendant sur le caribou forestier mis sur pied par le gouvernement Legault. Aucun spécialiste de cette espèce n’y siège, un problème majeur selon le biologiste. Les communautés innues ont aussi jugé cet exercice « inutile ». Citant « l’urgence de la situation caribéenne, dont le déclin cause déjà une perte culturelle inévitable et met en péril les droits et titres de nos ancêtres », peut-on lire dans un communiqué des Premières Nations d’Essipit et de Mashteuiatsh publié en février dernier . Les deux communautés ont également intenté une poursuite en Cour suprême contre le Québec, qui n’a jamais “respecté les droits et le rôle décisionnel des Premières Nations sur cette espèce”, selon le communiqué. ♦ Selon la Commission indépendante sur le caribou forestier, il n’en reste plus que 5 252 dans tout le Québec.

Un juge ignore les droits des Autochtones

Les récentes missions de chasse sur la Côte Nord se déroulent dans un contexte particulier. En janvier dernier, un homme de 28 ans de la communauté de Nutashkuan a été reconnu coupable d’avoir tué quatre caribous forestiers en 2016. Le procès avait mobilisé toute la communauté, qui avait revendiqué son droit ancestral devant le juge François Paré. Tristan Malek, bûcheron et guide de pêche, a admis avoir abattu les quatre caribous pour nourrir les aînés, les amis et la famille. Le chef de la communauté, Réal Tettaut, a expliqué que le conseil donne des autorisations de chasse et offre des compensations. Des aînés et un directeur d’école ont témoigné de l’importance de la chasse dans leur culture. Illégal Toutefois, le juge a conclu que « la pratique de la chasse au caribou, bien que soutenue par les membres du conseil ou approuvée par les aînés, n’est donc pas légale ». “Il n’y a pas d’accord avec l’Etat pour lui permettre de poursuivre cette espèce ni aucune reconnaissance de son droit ancestral. “Le conseil de bande n’a pas compétence pour réglementer la pratique de cette chasse”, a statué le juge. Selon lui, le chasseur devait s’enquérir de son “droit de chasser” auprès d’une “personne compétente”. “Un chasseur diligent et prudent ne peut considérer le conseil de bande comme une autorité chargée de donner son avis sur cette loi”, a déclaré le juge. La décision a également été portée en appel. Le biologiste Steeve Côté croit qu’une chasse culturelle pourrait encore être envisagée. “Une chasse où seulement un ou deux caribous sont tués pour préserver la culture […] “sans avoir un impact significatif sur la population”, dit-il. “Mais là où nous sommes, il y a beaucoup plus [de caribous] “Même si on dit ‘on l’a toujours fait’, ça ne résoudra pas le problème”, ajoute-t-il. – Annabelle bénisse Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Avez-vous un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous à [email protected] ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.