Des bandes corses flottent au vent sur les balcons. Des fanfares corses tapissent les vitrines des boutiques, restaurants et bars. Des bandes corses s’alignent sur le bord de la route et, enfin, des bandes corses s’étalent sur les façades des maisons. Ce vendredi 25 mars, Cargèse (Corse-du-Sud) inhume un de ses enfants. Banderas, ces drapeaux à tête de Maure – la vraie couleur nationale de la Corse – sont partout. Outre ces photos, ces portraits au pochoir peints sur les murs, ces graffitis à la gloire d’”Yvan”.
Comme fête dans le village, Cargèse est décorée. Le village est orné d’ornements portant la statue d’Yvan Colonna. Dès midi, sous un ciel bleu clair balayé par un vent froid, plusieurs dizaines de personnes se sont dirigées vers l’église latine qui surplombe la mer. Les premiers arrivés se sont installés sur le muret qui ceinture la place. Puis, petit à petit, ils étaient des centaines, grimpant d’Ajaccio, de Bastia et d’ailleurs, pour atteindre plusieurs milliers, à 15 heures, quand le bourdonnement de la mort se fit entendre.
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Dès le milieu de la matinée, ils se promenèrent dans le village, un peu désœuvrés. Surtout des hommes, souvent d’âge moyen, avec des chapeaux vissés sur la tête. Militants de longue date. Des gens qui prêchent la cause nationaliste depuis vingt ou trente ans et parfois plus, des gens qui ont posé des bombes dans des édifices publics, des gens qui ont passé une partie de leur jeunesse dans les prisons du continent. Là, ils scellent leur reconnexion. Pour certains, après tant d’années. Embrassez-vous plus souvent. Parfois, embrassez-vous.
Il y a le “vieux” chef Charles Pieri, comme toujours entouré de ses proches qui sont une sorte de garde prétorienne. Il y a quelques anciens membres des commandos d’Erignac. Ils ont purgé leur peine. Comme Marcel Istria, qui a été libéré en 2014 après quinze ans de prison. Il n’a jamais reconnu son implication dans les commandos. Il y a aussi Vincent Andriuzzi et Jean Castela. Soupçonnés d’être la cellule du nord de l’île, la branche “intellectuelle” des parachutistes, ils ont été inculpés d’”association de malfaiteurs” en juillet 2003 et condamnés à trente ans de prison. Trois ans plus tard, la cour d’appel les avait acquittés en partie du chef de “complicité” afin de ne conserver que les délits.
“Mobilisation émotionnelle”
Des représentants de l’Association des droits de l’homme ont également fait le déplacement à Ajaccio. André Paccou, le délégué régional du syndicat, a demandé que la lumière soit faite sur l’agression d’Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) et que “la vérité soit dite dans la colonne famille”. “Nous devons éviter de retomber dans un cycle de violence”, a-t-il déclaré. Il ne vous reste plus qu’à lire 59,49% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.