Qu’avez-vous appris de cet interrogatoire, le premier pour vous en l’occurrence ? Mourad Battikh : Les deux juges chargés de l’instruction de cette affaire sont déterminés. Ils veulent retrouver le corps de Delphine Jubillar et faire la lumière sur toute cette affaire. Au-delà de la motivation qui se dégage, nous commençons à planifier de mieux en mieux ce qui s’est passé dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines. On sait que Cédric Jubillar est un mari jaloux. Il ne supportait pas la relation dauphin et sentait qu’elle lui échappait. C’était son oxygène. Par conséquent, il a probablement commis l’irréparable cette nuit-là. Le scénario de ce qui s’est passé le 15 décembre 2020 dans la nuit se précise-t-il ? Cet interrogatoire a renforcé notre conviction que le dossier n’est pas vide du tout. Les juges disposent d’un ensemble de preuves. Les déclarations de Louis, (7 ans), son fils Cédric Jubillar, sont détaillées car il explique que ses parents se disputaient ce soir-là et que papa a pris maman par les mains et que maman a crié stop ! Nous pouvons repérer cette scène dans le temps. Lewis concevra un arbre de Noël lors d’une audience au tribunal en novembre dernier et le placera derrière ses parents. Cela nous permet donc de situer cette polémique l’après-midi des événements, autour de Noël. Tout cela est confirmé par les cris de terreur entendus des voisins. Et tout cela se passe vers 23 heures. Toutes les autres routes ont-elles vraiment été utilisées ? Les juges ont profité de tous les chauffeurs, de tous les relais téléphoniques et de toutes les personnes qui sont passées par cet endroit. Toutes les portes sont closes, y compris celles de l’amant et de sa compagne. La piste Cédric Jubular demeure. Nous savons que Dolphin n’a pas quitté la maison. Dolphin n’a pas promené les chiens. Vos clients ont-ils pu exprimer leurs convictions ? Ils ont décrit Cédric Jubillar, l’humiliation que Delphine a subie. Il était violent avec les enfants. Pour punir son fils de ne pas avoir dit bonjour, il s’est agenouillé pendant plus de 45 minutes et a eu besoin de l’intervention de la famille Dolphin pour faire cesser ces abus. C’était Dolphin, une infirmière de nuit, qui s’occupait financièrement de toute la maisonnée. Mes clients aimeraient faire leur deuil dans des circonstances appropriées. Mais aujourd’hui ce n’est pas possible car le corps de Dolphin n’a pas été retrouvé. Cédric Jubillar avait annoncé les choses en se présentant comme le parfait criminel et en disant qu’il la tuerait et que le corps ne serait jamais retrouvé. Ses paroles sont appuyées par la réalité. Pensez-vous que la recherche avance ? Les juges iront jusqu’au bout et continueront avec des techniques innovantes pour fouiller le corps de Delphine. Il y a l’utilisation de drones survolant Cagnac-les-Mines pour cartographier 4 à 5 hectares par jour afin de localiser les terrains inversés. Le dossier est en cours mais il faut du temps pour exploiter toutes les données. Cédric Jubillar est un obstacle frénétique à la recherche. Lorsque son téléphone portable fonctionnera, lorsqu’on lui demandera les codes de déverrouillage, il donnera trois faux codes et lorsqu’on lui posera la question secrète pour le déverrouiller, le nom de votre meilleur ami sera répondu par Jean-Pierre, mais il n’a jamais été Jean-Pierre parmi ses connaissances. Google tarde à répondre à la justice française. Est-ce un obstacle à la recherche ? Google doit travailler avec la justice française pour fournir aux juges les données confidentielles enregistrées sur le téléphone de Cédric Jubular. Ce sont des contrôles internationaux qui prennent du temps. Mes clients ont un sentiment renforcé par la culpabilité de Cédric Jubillar. Il reste encore beaucoup de recherches à faire.