Correspondant à Bastia, Des cocktails Molotov pleuvent devant la caserne des CRS à Furiani (Haute-Corse). En fin d’après-midi, CRS et gendarmes mobiles avaient affronté dimanche plusieurs dizaines d’hommes cagoulés pendant plus de quatre heures. Plus de 2 300 grenades lacrymogènes et assourdissantes tirées par les forces de sécurité font la différence. Une scène de violence commune que la Corse a connue environ trois semaines après l’attaque meurtrière d’Yvan Colonna en prison. Lire aussi Autonomie corse : la tige pose problème Cette fois, une cinquantaine de manifestants à visage caché tentent d’envahir la caserne des CRS à Furiani (Haute-Corse). Il est peu après 17h30 et un rassemblement d’environ 450 personnes, selon la préfecture, prend déjà de la violence. Dans la foule, des familles et des personnes de tous âges sont venues protester à l’appel des deux mouvements indépendantistes (Corsica Libera et Core in Fronte) mais aussi des syndicats étudiants nationalistes. Ils sont tous venus exprimer leur colère en réponse à une vidéo sans CRS ID chantant la Marseillaise à la caserne Furiani le jour des obsèques d’Yvan Colonna. Le comportement impitoyable des voyous envers une porte qui donnait accès au cantonnement a suffi à enflammer la puissance de feu des CRS et des gendarmes mobiles, déployés en grand nombre pour faire face aux assaillants. Des jets de pierres, des cocktails Molotov (une centaine), des bombes fumigènes servent d’armes. Un épais nuage de fumée envahit la zone alors que les assaillants ouvrent deux fronts. L’un du côté du pont menant au bâtiment, l’autre du rond-point surplombant la caserne.

Un drapeau français brûlé

A quelques mètres de là, deux hommes cagoulés s’approchent d’un feu de palette allumé devant les CRS, avec un drapeau français. Les applaudissements accompagnent le feu du drapeau rouge bleu et blanc. Le « Statu francese assassinu » chante devant la foule avant d’applaudir tout attentat ou cocktail Molotov lancé par les kamikazes. A Ajaccio, environ 200 personnes se sont également rassemblées devant la caserne Aspretto. Certains manifestants ont ouvert le feu devant la porte, entraînant des représailles de la police avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Lire aussi Corse : pour les Français, l’exécutif cédé aux nationalistes Au début de la manifestation, une vidéo a été prise par un internaute qui ne dure que quelques secondes, mais a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux. On voit un groupe de CRS, en civil, dans la caserne Furiani, dans un moment de plaisir, filmé de loin, accueillir à tue-tête un Massaleza. Les exclamations et les applaudissements marquent la fin de l’hymne. Une légende accompagne le court-métrage : “Les CRS chantant La Marseillaise et applaudissant aux obsèques d’Yvan Colonna”. Si la préfecture de Haute-Corse n’a pas souhaité réagir à cette série, la présence de nombreuses vidéos prises sous différents angles et la multiplicité des témoignages est discutable. Le parti autonome Femu a Corse du président exécutif corse Gilles Simeoni, qui n’a pas appelé à manifester, a cependant dénoncé une “pure haine coloniale”. “Il y a deux mondes, et quand il y a une si forte fracture sociologique, il peut y avoir un besoin de divisions de facto”, a déclaré Paul à Félix Benedetti, leader indépendantiste de Core in Fronte, à Furiani. Deux personnes parmi les policiers ont été légèrement blessées à la main, a indiqué la préfecture de Haute-Corse. Les pompiers ont fait état de 7 blessés légers parmi les manifestants et d’une camionnette incendiée. VOIR AUSSI – En Corse, le militant indépendantiste Yvan Colonna est enterré à Cargèse