Près de sept mois après le début du procès pour les attentats du 13 novembre, l’audience aborde enfin les deux immenses questions qui accompagnent cette affaire depuis six ans. L’essentiel : Salah Abdeslam a-t-il abandonné l’activation de sa zone explosive ou était-elle défectueuse ? L’intéressé doit s’expliquer lors de son interrogatoire, mercredi 30 mars. Avant cela, mardi 29 mars, c’était son ami d’enfance et voisin de Molenbeek, Bruxelles, qui affrontait le tribunal spécial de Paris : Mohamed Abrini, “l’homme au chapeau”. Le 22 mars 2016, avec un poids sur la tête, Abrini se promenait à l’aéroport de Bruxelles avec deux hommes, comme lui, poussant un chariot plein d’explosifs. Ses deux voisins avaient fait exploser leur bombe. Il avait démissionné à la dernière minute et s’était enfui. Était-il déjà parti, quatre mois plus tôt, pour participer aux attentats de Paris ? C’est le deuxième point d’interrogation.
Lire aussi Article pour nos abonnés Dans le procès des attentats du 13 novembre, la fascinante révélation de Mohamed Abrini
Tout au long de l’enquête, il a insisté sur le fait qu’il n’avait jamais été question de sa participation à celle-ci et que si, le 12 novembre 2015, il avait accompagné les membres des commandos jusqu’à leurs planques aux portes de Paris, avant de regagner Bruxelles en catastrophe Dans la nuit du 12 au 13, il devait juste dire au revoir à ses amis. Mardi 22 mars, un peu confus, il avait esquissé une nouvelle version : “J’étais prévu pour le 13”. Sans en dire plus et promettant de s’expliquer le moment venu.
« Jetez les masques ! »
C’est donc l’heure, mardi, de la 101e journée d’auditions. Mohamed Abrini se lève. “Vous nous avez dit que vous deviez faire des révélations, nous vous écoutons”, a déclaré le président Jean-Louis Périès, exhortant l’accusé à retirer son masque s’il le souhaitait. “Vous avez raison, Monsieur le Président, enlevez vos masques !”, répond ce dernier en enlevant le sien. Nous portons tous des masques et un jour il est difficile de les enlever sans se déchirer la peau. »
L’introduction, très “hébraïque”, était très prometteuse. Mais après cinq heures de propos abondants et incohérents, très “maladroits” également, l’une des journées les plus attendues du procès est devenue l’une des plus frustrantes. Et il n’est pas certain que le tribunal ait été convaincu par le scénario dans lequel l’accusé s’attribuait le rôle de kamikaze préféré à lui-même, ignorant tous les détails des attentats qu’il avait, dans son for intérieur, niés. le début.
Historique : Cet article est pour nos abonnés Dans le procès des attentats du 13 novembre, les zones d’ombre autour de Mohamed Abrini
Selon Mohamed Abrini, les choses se seraient déroulées comme suit. Début septembre 2015, Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats, lui a annoncé qu’il participerait, sans donner de détails. “Il m’a dit : ‘Tu feras partie d’un projet.’ Je ne sais même pas que c’est le Bataclan, c’est la France. Je ne dis pas oui, je ne dis pas non, j’essaie d’éviter. Je ne peux pas offenser Abaaoud”, un enfant ami envers qui il a une dette. Mais il est déjà clair pour lui que ce ne sera pas le cas : “Je ne peux pas tirer sur des gens comme ça, je ne peux pas attaquer à mains nues. »
Il ne vous reste plus qu’à lire 60,72% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.