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Là, sous le platane, la présidente du tribunal, Céline Ballerini, vient parfois s’expliquer sur une question de droit après l’intervention d’un avocat. La loi, rien que la loi, mais pour les plaignants qui attendent ce procès depuis plus de dix ans, qu’un juge aille vers eux signer l’indemnisation de l’institution judiciaire. Un homme s’approche : « Madame la présidente, vous faites un travail remarquable. » Un autre lapsus plus tard : « Le président nous salue, connaît nos noms, nos histoires, alors que pour Lionel Guedj nous ne sommes qu’un certain nombre d’experts. » Le premier jour, lundi 28 février, ce sont des “salauds” et autres injures qui avaient salué l’entrée des deux prévenus dans la salle d’audience. Quatre semaines plus tard, on entend des partis politiques exposer les vertus du principe de rivalité. Un sacré bout de temps durant les semaines de ce procès pénal aux allures d’audience. Lire aussi Article destiné à nos abonnés A Marseille, derrière les « sourires de star » promis par le dentiste, une frénésie injustifiée de prothèses
“Je n’ai plus honte”
Mais les débats ont non seulement offert une fenêtre sur la justice, mais ont aussi sorti un grand nombre de personnes de l’isolement imposé par les douleurs dentaires, ces bouches à gueule pour cacher ce que certains pointaient devant le tribunal : « Vous voyez le trou dans mon palais. ” dit la femme, les mâchoires grandes ouvertes devant le tribunal. Les victimes parlent de myriades de petits miracles. Un autre raconte qu’ensemble, ils se sont mis à “éclater de rire”. Finalement, Samira a osé appeler son patron pour lui dire qu’il était l’une des « victimes » de Guedj. “Tous mes collègues ont googlé le ‘cas Guedj’ et m’ont appelé. Samira était considérée comme arrogante autour d’eux, car elle refusait toujours de dîner en compagnie pour ne pas montrer sa bouche. Lorsqu’il retourne dans son agence bancaire, les choses doivent changer. “Allez, donne-moi ton nom, je n’ai plus honte”, a déclaré Michel Genova, journaliste au Monde, dans un regain de fierté. Yamina, discrète économiste bénéficiaire du RSA, présente comme une victoire le fait qu’avec “elle a rencontré ses amis au procès”, elle ose désormais enlever son masque pour boire du café en public. Lors de son témoignage, il a déclaré ne jamais venir aux audiences de l’après-midi car, après avoir mangé, il devait « tout séparer, tout nettoyer et tout remonter. “Et je ne ferai pas ça dans les toilettes du tribunal.” Il ne vous reste plus qu’à lire 48,64% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.