Sous un soleil de plomb, Eric Zemmour a réussi à remplir la place du Trocadéro, qui aspirait à faire de sa gigantesque rencontre au pied de la tour Eiffel “la plus grande démonstration de force de cette campagne”. “Vous êtes 100 000 ! « 100 000 Français qui ne s’arrêtent devant rien », a-t-il claironné dimanche 27 mars.
Peu importe que son responsable événementiel, Olivier Ubéda, se soit moqué une semaine plus tôt des candidats qui avaient tendance à “être en désaccord avec les chiffres” – une manière de démentir les 100.000 participants revendiqués par Nicolas Sarkozy au Trocadéro en mai 2012 ou les 200.000 étaient affichés . par François Fillon en mars 2017. “La question des mètres carrés”, avait-il vengé Ubeda. Eric Zemmour a rassemblé des dizaines de milliers de supporters : une foule enthousiaste se réclamant de droite, et de tous âges, y compris en fauteuil roulant, transformée en une marée de drapeaux tricolores.
Rencontre d’Eric Zemmour au Trocadéro, à Paris, le 27 mars 2022. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR “LE MONDE”
Deux mots pourtant jettent une ombre inquiétante sur ce rassemblement : “Macron Killer”. Tout au long de l’après-midi, la foule avait scandé en rythme des slogans vengeurs : « Long connard ! “,” Baise-le ! “,” Dans l’avion! “,” Les Arabes sont de sortie ! », « La France aux Français »…
Revivez les meetings politiques : Eric Zemmour au Trocadéro, Jean-Luc Mélenchon à Marseille et Yannick Jadot à Paris
Des clips de proches de victimes tués par des hommes aux noms étrangers sont diffusés sur des écrans géants. Puis, à 16h40, Eric Zemmour cite les meurtres de Sarah Halimi et Mireille Knoll et évoque les attaques de “racailles” : “Vous pensez que vous avez honte. Mais non, c’est l’état dont il faut avoir honte ! Je suis ici pour lutter contre le destin ! Soudain, la foule recommence en chœur : « Long time no see ! Eric Zemour marque une pause, douze longues secondes, le temps de faire résonner dix fois le slogan. Puis il saisit le fil de son discours.
“Vote vitale”
Très vite, de nombreux responsables politiques – la candidate du parti Les Républicains (LR), Valérie Pécresse, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Damien Abad, son homologue de La République en marche (LRM), Christophe Castaner ou encore le président (LRM) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand – a tantôt dénoncé “un délire”, tantôt “honte à la démocratie et à la démocratie”. L’équipe de campagne de la candidate d’extrême droite a fini par dire à la presse qu’Eric Zemour “ne l’écoutait pas et n’utiliserait pas l’expression lui-même”, avant de préciser qu’il l’avait condamnée. Un embarras plus envahissant planait sur le Trocadéro. Le candidat Reconquête ! a longtemps provoqué son public et, au-delà, la masse de ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux : « Rien ni personne ne nous empêchera d’écrire le destin de notre pays ! Rien ni personne ne nous volera ces élections ! Il a revendiqué “une recherche grandeur nature, un avant-goût de la surprise qui viendra” et a insisté sur l’utilité des deux dernières semaines de mobilisation. « Le temps presse, répétait-il, il est minuit moins le quart. » Il ne vous reste plus qu’à lire 66,75% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.