Plusieurs candidats à la présidentielle ont arraché la mort de Jérémy Cohen, à six jours du scrutin, déclenchant une attaque antisémite, dont le procureur de Bobigny n’a pas fait état. Une première enquête a été ouverte immédiatement pour déterminer les circonstances du décès. Une enquête judiciaire a également été ouverte le 29 mars pour “violences délibérées lors d’une réunion ayant entraîné sa mort sans intention d’y renoncer”, a indiqué lundi le procureur dans un communiqué. franceinfo : Avez-vous des informations sur le possible caractère antisémite de l’attentat de Jérémy Cohen ? Franck Serfati : Nous n’avons pas de certitude avérée, cependant, ce n’est pas une fabrication. Je suis avocat, technicien juridique. Lorsqu’un fait est prouvé devant un tribunal pour qu’il y ait vérité judiciaire, il est évident que ce fait est complètement prouvé. Aujourd’hui, nous n’avons aucune preuve que Jérémy ait été attaqué et tué parce qu’il était juif. Cependant, nous ne pouvons pas dire qu’il n’a pas été abusé parce qu’il était juif. On est dans une situation globale depuis quinze ans en France, où les actes antisémites ne sont pas anodins. Ils ne sont ni rares ni exceptionnels. Si l’enquête judiciaire avait établi que le caractère antisémite est caractéristique, nous n’aurions pas été outrés. Que pense la famille de l’enquête policière initiale, puisque ce sont finalement leurs propres démarches qui remettent en cause le lieu d’un simple accident ? Dans un premier temps, il était certain que la police n’avait pas pris l’affaire assez au sérieux, rappelant qu’une plainte avait été déposée le 17 février, quelques heures après la mort de Jérémy Cohen. Face à une réaction [policière] qui semblait, aux yeux de la famille, pas tout à fait dynamique et docile, deux des frères de Jérémy Cohen se sont lancés dans un appel à témoin réussi. En février nous avons un retour après cet appel à témoins avec la vidéo, avec des SMS, avec quelques témoignages. La famille Cohen est de nouveau intervenue au commissariat de Bobigny avec cette information et la certitude fictive que Jérémy a été sauvagement agressé. Dès février, un des frères de Jérémy a insisté auprès des enquêteurs pour que des caméras de rue soient exploitées. “Le début de l’enquête a été évidemment très long et incomplet. Nous espérons que ce retard sera comblé rapidement et que nous pourrons faire des recherches.” Franck Serfati, avocat de la famille Jérémy Cohen chez franceinfo Regrettez-vous que les candidats à la présidentielle aient arraché la mort de Jérémy Cohen, à six jours du premier tour, alors que la famille elle-même s’est tournée vers Éric Zemmour ? Je n’entre pas dans cette discussion. Ce qui m’intéresse, c’est la justice. Mon regard n’est que sur la cour de Bobigny. Les candidats font ce qu’ils veulent, ils disent vouloir. Je crois à la séparation des pouvoirs, je crois à la justice de notre pays. Je n’ai pas l’impression que l’enquêteur veuille tourner le dos à cette enquête. Comme je ne suis pas sûr du déni de justice, je crois en la justice et j’espère qu’une enquête sera ouverte et que des enquêtes seront menées. Nous espérons que les auteurs seront identifiés, arrêtés, jugés. Le reste ne m’intéresse pas.