Si la ville n’a pas encore localisé et compté tous ses morts, les journalistes qui ont eu accès à la ville rapportent d’importants dégâts causés par les bombardements russes. Dans la guerre que la Russie a déclenchée contre l’Ukraine, peu d’endroits ont autant souffert que Borodianka, rapporte par exemple la chaîne américaine CNN. Deux vidéos dont le réseau dit avoir enregistré des données géographiques montrent une destruction totale […] comparable seulement à celle de la ville ukrainienne assiégée de Marioupol. Des blocs entiers du village ont été détruits, rapporte le canal. Des immeubles d’appartements effondrés, des sols qui craquent comme un accordéon au niveau du sol : les cicatrices laissées sont choquantes, rapporte le New York Times. La catastrophe est là, à perte de vue, résume l’Agence France-PresseAFP, qui fait état d’une ville flambée et méconnaissable. L’agence de presse décrit les bâtiments endommagés abandonnés dans les rues – ici un réfrigérateur, là un tapis ou des jouets pour enfants éparpillés trop sur mesure, tandis que des chats errants miaulent parmi les décombres. Les trois priorités, a déclaré mardi le maire par intérim Georgi Jerko, selon le New York Times, seront de rétablir l’électricité que la population n’a pas eue depuis des semaines, d’enlever les munitions non explosées puis de déblayer les ruines.
Une situation peut-être “pire” que Boutsas
Les autorités locales estiment que plus de 200 civils ont été tués à Borodyanka. Photo : Reuters / GLEB GARANICH Compte tenu de l’ampleur de la catastrophe, le déblaiement des décombres entraînera inévitablement l’enlèvement de civils, très probablement nombreux, à l’intérieur des bâtiments effondrés. Des rapports indiquent déjà que le nombre de victimes des conquérants pourrait être encore plus élevé à Borodyanka et dans d’autres villes libérées, a déclaré lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message vidéo. Le même jour, la procureure générale ukrainienne, Iryna Venediktova, a également annoncé à la télévision, sans plus de détails, que les pertes civiles pourraient être importantes. “En fait, la pire situation en termes de victimes civiles est à Borodyanka. Je pense que nous parlerons de Borodianka séparément. » Extrait d’Iryna Venediktova, Procureur général de l’Ukraine Nous pensons que plus de 200 personnes dans leurs sous-sols ou appartements espérant se protéger des bombardements russes sont mortes, a déclaré mardi le maire Yerko. C’est sans compter les victimes qui ont pu être tuées en plus des frappes aériennes russes, comme le montrent les événements qui se sont déroulés à Boutsa. En moins d’une heure, rapporte CNN, ceux qui ont récupéré les corps ont trouvé les corps d’un cycliste abattu, d’un homme carbonisé non identifié et d’un conducteur qui avait reçu une balle dans la tête et la poitrine. Il semblait transporter des fournitures médicales, désormais éparpillées près de la route où il a été retrouvé, a indiqué le réseau.
Allégations de torture
Un couple qui venait de rentrer chez lui a également amené l’équipe de CNN dans leur cour pour leur montrer le corps d’un homme, menotté, avec des bleus sur le corps. Le couple affirme également avoir retrouvé sa maison pillée et remplie de bouteilles d’alcool et de mégots écrasés sur la table. Un témoignage qui fait écho à un reportage de la BBC sur d’autres villes de la région, diffusé il y a quelques jours. L’armée russe semblait organiser une fête, a déclaré le journaliste cité par un radiodiffuseur public britannique. De plus, un journaliste du journal britannique The Guardian, qui s’est également rendu à Borodianka, a interviewé un homme qui affirme avoir été capturé et torturé pendant trois jours et tant d’autres nuits. Un homme qui dit avoir été arrêté pour avoir enfreint une interdiction de circulation aurait été battu [et] il a été forcé de s’agenouiller devant ce qu’on lui a dit être sa tombe. Ses ravisseurs russes et tchétchènes, qui l’accusaient d’être un nazi, lui auraient, entre autres, tiré une balle dans la tête et les jambes pour l’intimider. Affirmant que d’autres détenus étaient portés disparus, le répondant ukrainien a cité une conversation que les soldats auraient eue : « Avez-vous ramené des prisonniers ? […] J’en ai marre de les enterrer. » – Un extrait de l’Extrait attribué à un soldat russe par un citoyen ukrainien Lors d’un discours dénonçant la paralysie du Conseil de sécurité des Nations unies face à une guerre qui viole sa charte, le président Zelensky a décrit l’attaque russe plus tôt dans la journée en termes très crus. Des personnes jetées dans un puits, décapitées ou abattues à bout portant, des femmes violées devant leurs enfants : les crimes les plus horribles depuis la Seconde Guerre mondiale ont été commis dans notre pays, a-t-il dit, s’exprimant au nom des victimes de cette mortelle conflit, notamment ceux de Boutsa. Suite à des informations sur la ville, les pays occidentaux ont appelé à une enquête sur les “crimes de guerre” qui auraient été commis par l’armée russe. La Russie continue de nier que ses bombardements ciblent des civils. Il a en outre décrit comme dirigé les images montrant les cadavres éparpillés dans les rues de Butsa, criant à la propagande ukrainienne. Des images satellites publiées par la société américaine Maxar Technologies et analysées par certains médias démentent cependant sa version des faits. Lancez le widget. Ignorer le widget ? Fin du widget. Retour en haut du graphique ?