Suivez les dernières réactions à ce nouveau reportage sur notre live Au cours de la période 2010-2019, ces émissions de gaz à effet de serre, produites par nos activités quotidiennes, n’ont cessé d’augmenter. Cette croissance a légèrement ralenti, passant de + 2,3 % à + 1,3 % par an. Pour maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, ces émissions doivent avoir été réduites de 27 à 43 % d’ici 2030 et de 63 à 84 % d’ici 2050. Il faut notamment qu’elles culminent dans trois ans. “Les décisions que nous prenons aujourd’hui peuvent assurer un avenir durable”, a déclaré Hoesung Lee, président de l’organisme onusien. “Nous avons les outils et le savoir-faire pour réduire le réchauffement climatique”, a-t-il déclaré. Franceinfo a pu consulter la « synthèse décisionnaire » de ce rapport et en présenter les principaux enseignements.

L’oisiveté coûte plus cher que les investissements nécessaires

Les experts du GIEC soulignent dans un premier temps que “le coût global de la réduction du réchauffement climatique à +2°C au 21ème siècle est inférieur aux bénéfices économiques globaux de la réduction du réchauffement climatique”. En particulier, les investissements nécessaires coûteront moins cher que les dommages économiques causés par la crise climatique. “C’est une conclusion extrêmement forte. Réduire nos émissions est un investissement qui, sur le long terme, vaut la peine”, a déclaré à franceinfo Céline Guivarch, directrice de recherche au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) et al. -Rédacteur du groupe 3 du GIEC. Le GIEC ajoute que “le coût de nombreuses technologies à faible émission de carbone est en baisse constante depuis 2010”. Les experts citent l’énergie solaire, dont les coûts ont baissé de 85% entre 2010 et 2019, l’énergie éolienne (-55%) et les batteries lithium-ion (-85%).

Une boîte à outils, filière par filière

Le rapport est très clair : tous les scénarios qui limitent le chauffage à 1,5°C ou 2°C “impliquent des réductions rapides, profondes et, surtout, immédiates des gaz à effet de serre dans tous les secteurs”. Si les scientifiques du GIEC font des progrès, les engagements actuels des Etats, qui ne sont même pas tenus, conduisent à une hausse de température de bien plus de 1,5°C au cours de ce siècle (+ 3,2°C). Pour le vice-président du groupe 3 du GIEC, Priyadarshi Shukla, “les bonnes mesures, infrastructures et technologies” peuvent “permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici 2050”. Voici les solutions qui sont évaluées, par secteur, pour corriger la situation. Production d’énergie (environ 34% des émissions mondiales). Dans ce secteur, qui correspond essentiellement à la production d’électricité, les consommations de charbon, de pétrole et de gaz doivent être réduites respectivement de 95 %, 60 % et 45 % en 2050 par rapport à 2019. Cela nécessite une « longue transition » avec « le développement sources d’énergie d’émission », comme l’éolien, le solaire, l’hydraulique ou le nucléaire. À ce stade, le GIEC note que de nombreuses technologies à faible émission de carbone “ont montré de grands progrès depuis le rapport précédent en termes de coût, d’efficacité et de croissance”. Le co-auteur et réalisateur du Cired, Franck Lecocq, insiste également sur le fait que les infrastructures minières en cours de construction produiront plus de gaz à effet de serre qu’il n’en faut pour réduire le réchauffement climatique : “Atteindre ces objectifs, c’est donc” La fermeture de ces installations est un message extrêmement fort. a fortiori, toute nouvelle construction rend encore plus difficile l’atteinte de cet objectif.” C’est aussi ne pas exploiter toutes les réserves connues de charbon ou de pétrole. Industrie (environ 24 %). Atteindre le zéro émission dans cette zone est un “défi”, mais c’est “possible”, estime le GIEC. Les scientifiques parlent d’actions coordonnées “tout au long de la chaîne de valeur”, pour “une utilisation plus efficace des matériaux, leur réutilisation et leur recyclage, la réduction des déchets”. “Ces options ont le potentiel d’être davantage utilisées dans les pratiques industrielles et nécessitent plus d’attention que les politiques industrielles”, notent les auteurs. Agriculture, foresterie et utilisation des terres (environ 22 %). Ce secteur est vital car il peut contribuer, en plus de ses propres réductions d’émissions, à la séquestration du carbone émis par d’autres. Il existe également de nombreuses opportunités à travers le pays pour fournir des co-bénéfices (tels que la conservation de la biodiversité, les services écosystémiques et le mode de vie) et éviter les risques (par exemple, en s’adaptant au changement climatique). Cela nécessite « la conservation, une meilleure gestion et restauration des forêts et autres écosystèmes, tels que les zones côtières, la tourbe, les savanes et les prairies », la gestion durable des cultures et des animaux. Les consommateurs ne sont pas oubliés, car la transition vers des régimes alimentaires plus riches à base de plantes et moins de viande est mentionnée comme une solution pour réduire les émissions de l’industrie. Transports (environ 15%). Dans ce territoire, premier producteur émetteur de France, le GIEC propose plusieurs options : réduire la demande de transport (télétravail, moins d’étalement urbain), passer à des modes moins polluants (transports en commun), modes de transport actifs (vélo, marche) avec des investissements (pistes cyclables , trottoirs), l’électrification des véhicules (moins polluant que le thermique tout au long de leur cycle de vie) et les biocarburants (même si ces derniers présentent des risques de conflit d’occupation des sols avec l’alimentation). Ces mesures d’atténuation auraient également une variété d’autres avantages, tels que “l’amélioration de la qualité de l’air, de la santé, un accès équitable aux transports, une réduction de la congestion et de la demande de matériaux”, notent-ils. Bâtiments (environ 6%). Les villes et les zones urbaines offrent des “opportunités significatives” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cela devrait inclure “la réduction ou la modification de la consommation d’énergie et de matériaux”, “l’électrification” et l’augmentation de la capacité de la ville à capter et à stocker le charbon (par exemple, avec des espaces verts).

Le captage du carbone, conséquent mais loin d’être suffisant

Pour réduire le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, le monde doit atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (2070 pour limiter le réchauffement à 2°C), rappelle le GIEC. Pour ce faire, en plus de réduire nos émissions, “le développement de dispositifs de séquestration du carbone pour compenser les émissions résiduelles est inévitable”, écrivent-ils. Ces émissions résiduelles, difficiles à éliminer, proviennent de secteurs comme l’agriculture (méthane des ruminants par exemple) ou l’aviation. Le GIEC envisage le développement de puits de carbone naturels comme solutions, grâce au reboisement et aux changements de pratiques des sols, ainsi que des solutions artificielles (pas encore matures) pour le captage et le stockage du CO2. “Pour autant, cela ne veut pas dire que nous pouvons continuer à émettre des gaz à effet de serre. Plus les émissions résiduelles sont faibles, moins nous avons besoin d’émissions négatives pour les compenser”, a déclaré Céline Guivarch.

Des émissions (et des solutions) inégalement réparties

“Les émissions ont augmenté dans la plupart des régions du monde, mais elles sont inégalement réparties”, a déclaré le GIEC dans un communiqué. Les experts étayent leurs propos par ce graphique des émissions cumulées depuis 1850. Aujourd’hui encore, les émissions totales par habitant des pays les moins avancés sont “bien inférieures” (1,7 tonne de CO2 par an) à la moyenne mondiale (6,9 tonnes). “Globalement, les 10 % des ménages les plus riches représentent entre 36 et 45 % des émissions”, ajoutent les auteurs. Infographie montrant les émissions anthropiques historiques de CO2 par région, tirée de la troisième partie du sixième rapport sur le climat du GIEC. (GIEC) Face à ce constat, les experts du GIEC soulignent que les solutions à apporter à la crise climatique ne sont pas les mêmes. “Les personnes au statut socio-économique élevé contribuent de manière disproportionnée aux émissions et ont un plus grand potentiel de réduction”, soulignent les experts. Dans l’ensemble, ils notent que “le soutien financier rapide des pays développés aux pays en développement est un outil essentiel pour renforcer les mesures d’atténuation et d’inégalité” et lutter contre “la vulnérabilité économique au changement climatique pour les pays en développement”.

Financement très faible

Un financement important est nécessaire pour effectuer cette transition. Aujourd’hui, note le GIEC, “les flux économiques privés et publics vers les combustibles fossiles sont toujours plus importants que ceux nécessaires pour s’adapter et atténuer le changement climatique”. Selon les calculs des scientifiques, …