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Un cadavre jamais retrouvé

Brillante condisciple, arrivée à Besançon à l’été 2016 pour apprendre le français dans le cadre d’une collaboration entre les universités de Franche-Comté et de Tsukuba, Narumi Kurosaki a disparu le 4 décembre 2016. Elle avait alors 21 ans. Rencontré au Japon à l’automne 2014, l’ex-petit ami de Nicolas Zepeda est le dernier à la voir vivante. Selon le parquet, le jeune Chilien n’a pas supporté sa séparation d’avec l’étudiant, survenue quelques mois plus tôt. Il viendrait la retrouver à Besançon et la tuerait dans sa chambre universitaire, avant de décharger le cadavre dans les vastes forêts du Jura, où manœuvrent les Dumpes. Nicolas Zepeda a avoué avoir passé la dernière nuit de décembre avec Narumi Kurosaki, qu’il rencontrerait, selon lui, par hasard lors d’un passage en France. Mais cette nuit-là, plusieurs résidents de Cité U ont dit avoir entendu des “cris de terreur” et un bruit sourd “comme si on frappait”. Cependant, personne n’a appelé la police. Ce n’est que le 13 décembre qu’un employé de l’Université de Franche-Comté annonce la disparition de l’étudiant. Nicolas Zepeda est ensuite retourné au Chili après avoir passé plusieurs jours en Espagne avec un cousin. Lorsque la recherche commence, aucune trace de sang ou d’allumette n’est retrouvée dans la chambre de l’élève. Ses effets personnels sont tous présents sauf une valise et une couverture. Malgré de nombreuses recherches, le corps de Narumi Kurosaki n’a jamais été retrouvé. “Comme dans toute affaire criminelle où il n’y a pas de cadavre, c’est une affaire délicate”, a déclaré Randall Schwerdorffer, l’avocat du jeune ami avec lequel l’étudiante sortait au moment de sa disparition, parti en politique.

Un accusé au profil mystérieux

Dans cette affaire, tous les soupçons concernent Nicolas Zepeda. “Parents [de Narumi Kurosaki] savoir, au bout de cinq ans, que leur fille ne pouvait ni disparaître ni se suicider. (…) Ils n’ont aucun doute que M. Zepeda l’a tuée », confirme Sylvie Galley, avocate de la famille de l’étudiant, dont la mère et la sœur cadette feront le déplacement depuis Tokyo. Aujourd’hui âgé de 31 ans, Nicolas Zepeda est incarcéré à Besançon depuis juillet 2020, à la suite de son extradition du Chili, prise au terme d’un dur combat par la justice française. Défendant notamment Jacqueline Lafon, connue pour avoir été l’avocate de Patrick Pouvre d’Arvor ou de Nicolas Sarkozy, nie catégoriquement toute responsabilité dans la disparition de l’étudiant. Il a été incarcéré à l’isolement en raison de la médiatisation de cette affaire et risque la réclusion à perpétuité. Dès le départ, ce jeune homme issu d’une famille aisée (son père est l’un des dirigeants de la compagnie de téléphone Movistar) affirme avoir passé la nuit du 4 au 5 décembre et le lendemain avec son ex-petite amie. Il l’aurait laissée vivante le 6 décembre vers 16h30. puis il continuerait son voyage européen comme prévu. “Il n’y a aucune preuve de décès, aucun lieu, aucun terme précis, aucun scénario clair pour ce qui s’est passé. (…) Ce dossier est un morceau de papier.” Les avocats de Nicolas Zepeda avant le procès “Nous n’avons absolument aucun doute sur l’implication de Zepeda car de nombreuses preuves dans le dossier prouvent cette implication”, a déclaré Randall Schwerdorffer, qui défend le dernier ami connu de Narumi Kurosaki. Il s’agit notamment des données téléphoniques, de la localisation géographique de la voiture louée par Nicolas Zepeda lors de son séjour en France, des achats par carte bancaire, dont une boîte de produits inflammables et des allumettes. Nicolas Zepeda devra aussi s’expliquer sur ses échanges avec son cousin d’Espagne, avec qui il a passé quelques jours après la disparition de l’étudiant avant de retourner au Chili. Dans des SMS, l’accusé demanderait à son cousin de garder le silence sur son arrivée en Europe, invoquant des problèmes familiaux, notamment avec son père. Il évoquerait également Narumi Kurosaki lorsqu’il parlerait d’elle gratuitement, rapporte France 3 Bourgogne Franche-Comté.

Un procès extraordinaire

Outre la salle d’audience, deux salles de diffusion ont été ouvertes par la cour d’assises du Doubs. C’est que le procès, pour lequel une quarantaine de médias ont demandé une accréditation, sera regardé notamment en France, mais aussi au Japon et au Chili. Afin que les accusés et les partis politiques puissent suivre les audiences, les débats seront traduits en direct en japonais et en espagnol. Après mardi, qui portera essentiellement sur la localisation des accusés, les témoins seront entendus à partir de mercredi avant le premier interrogatoire de Nikola Zepeda le lendemain pour les événements proprement dits, du moins si le tribunal respecte le calendrier prévu. La famille de Narumi Kurosaki espère que ce moment de vérité permettra à l’accusé de passer aux aveux. “Ils aimeraient revenir avec le corps de leur fille” pour l’enterrer et pouvoir enfin faire leur deuil, souligne leur avocat.