Posté à 6h00
                Nathaëlle Morissette La Presse             

Déposé en juin, peu avant la fin des travaux parlementaires, le projet de loi – qui s’est retrouvé au feuilleton – a remis sur le devant de la scène tout le débat autour des horaires d’ouverture et d’un éventuel retour à la fermeture le dimanche. “Ça ne supporte pas”, déclare Linda Goulet, présidente des magasins Panda Shoes, interrogée sur la facture. “Cela devrait être une loi provinciale, pas une loi municipale”, dit-il. Sinon, nous aurons une concurrence entre les villes. Ce sera une guerre entre eux. Quand vous avez un réseau d’une vingtaine de magasins, comment gérez-vous cela ? » « Si le gouvernement donne ça aux villes, j’ai un peu peur que ça crée des disparités régionales », croit aussi Paul-André Goulet, propriétaire de 10 magasins Sports Experts. « La seule chose que le gouvernement ne devrait pas faire est de créer des inégalités, comme cela s’est produit avec le passeport vaccinal où seuls 1 500 magasins de mètres carrés étaient nécessaires pour le faire respecter. Les heures d’ouverture doivent être les mêmes pour tout le monde. » Le Conseil canadien du commerce de détail (CRCC) s’oppose également à l’idée, notant notamment que la gestion des heures et des horaires est déjà un casse-tête pour les détaillants en raison des pénuries de main-d’œuvre. «Techniquement, on pourrait avoir environ 1 000 municipalités qui diraient dimanche, on ferme, dans d’autres cas, ce serait lundi», renchérit Michel Rochette, président du CCCD pour le Québec. Le projet de loi 44 ferait en sorte qu’il y aurait un risque quotidien d’une tuile dans telle zone, telle ville, tel commerce, tel type de domaine. » Cela affecterait particulièrement la capacité des jeunes à pouvoir travailler le week-end. Si, dans la ville X, il ne peut pas travailler le dimanche, il pourrait décider de travailler ailleurs dans un autre domaine. Michel Rochette, président pour le Québec du CCCD Le projet de loi 44 vise à “réduire le fardeau réglementaire et administratif”. Plus précisément, l’article 4.2 stipule qu’« une municipalité locale peut, par son statut, pour chaque établissement commercial situé sur son territoire, prévoir des heures et des jours d’accès différents de ceux définis par la loi conformément à l’article 4.1. . Ces heures et ces jours peuvent varier selon la période de l’année ou les installations qu’ils couvrent ou la partie du territoire de la commune concernée. “Chaque ville a le droit de faire ce qu’elle veut de n’importe quel commerce par voie réglementaire”, résume M. Rochette. Bien que ce projet de loi n’ait pas été adopté, son dépôt envoie néanmoins un “message clair”, estime-t-il. “Ils ne l’ont pas lâché en juin pour rien, c’était pour envoyer un signal. Dans ce contexte, le CCCD, à la veille de la campagne électorale québécoise, a entamé une série de rencontres avec les différents partis politiques pour leur faire comprendre qu’il ne considérait pas ce plan comme « du bon sens ». “Cette réalité de dévolution du pouvoir de décider des horaires d’ouverture à 1.000 communes est inacceptable, insiste Michel Rochette. Nous avons dit aux partis politiques que c’était un exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. »

Les municipalités applaudissent

De son côté, l’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui a applaudi le dépôt du projet de loi, ne partage pas le point de vue et les craintes des commerçants. « Nous appuyons l’autonomie municipale, rappelle Patrick Lemieux, porte-parole de l’UMQ. Le projet de loi était conforme aux exigences que nous avions fixées. » Il assure que les 1110 communes de la province appliqueront les règles d’ouverture “avec distinction”. « Cela ne se fera pas sans tenir compte des réalités locales, assure M. Lemieux. Les communes sont en contact direct avec leurs commerçants. » « L’idée d’accorder plus de flexibilité aux municipalités pour prolonger les heures d’ouverture légales est certainement intéressante », a déclaré Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), dans un communiqué. qui a été publié en juin. « Le cadre actuel, avec les heures légales établies partout au Québec, est rigide et ne permet que quelques exceptions pour les secteurs touristiques ou dans le cadre d’événements particuliers. » « Dans toute discussion sur les heures et les jours d’ouverture, nous entendons défendre les droits des entreprises : aucune concession aux heures légales, qu’elle vienne du gouvernement du Québec ou des municipalités, ne devrait être permise », a-t-il déclaré. également précisé.

Discussion sur les heures d’ouverture

Chose certaine, l’introduction du projet de loi 44 relance le débat sur les heures d’ouverture. S’il y a divergence d’opinion sur la manière de gérer les horaires, notamment en ce qui concerne la fermeture des commerces le dimanche, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut se concerter. « Nous sommes ouverts à la discussion, mais il faut vraiment mesurer toutes les implications et ne pas le faire en coin de table », indique Jean-Guy Côté, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD). . “Nous aimerions avoir une discussion préliminaire avant que cela ne revienne sur la table. Il s’agit d’une question qui dépasse le simple fait d’être confiée aux municipalités, ajoute-t-il. Vous ne faites pas cela avec deux ou trois amendements à un projet de loi d’allégement réglementaire. Il existe une loi sur les heures d’ouverture. Si vous souhaitez le réviser, asseyez vos partenaires et discutez-en avec eux. »