Cette étude, publiée fin mars dans la revue Nature Medicine, a examiné la capacité de deux thérapies, Ronapreve et Evusheld, à agir contre le variant d’infection Omicron, qui s’est répandu dans le monde depuis fin 2021. Ces thérapies, développées respectivement par les laboratoires Roche et AstraZeneca, sont des anticorps synthétiques. Les deux sont utilisés à titre prophylactique chez les patients qui ne peuvent pas être vaccinés, bien que Ronapreve soit également utilisé comme traitement thérapeutique. L’arrivée d’Omicron a changé la donne car son profil laisse craindre qu’il soit plus résistant à ces traitements. Certes, les chercheurs ont mesuré en laboratoire la durabilité de cette variante dans le sang d’une trentaine de patients ayant reçu ces traitements. “L’effet neutralisant de Ronapreve sur Omicron, et dans une moindre mesure sur Evusheld, est réduit chez ces patients”, conclut l’étude. Ce déclin est cependant beaucoup moins prononcé que la sous-variante BA.2 d’Omicron, par rapport à BA.1, sa première incarnation majeure. Cependant, BA.2 semble actuellement avoir le dessus sur son grand frère. Cette étude est basée sur des travaux in vitro, ce qui limite les conclusions à tirer en vie réelle. Cependant, les chercheurs rapportent quelques infections, dont une sévère, chez les patients observés, suggérant que les traitements perdent de leur efficacité clinique, même si l’échantillon observé est très réduit. Plusieurs autorités sanitaires, comme en France, avaient pratiquement abandonné l’utilisation du Ronapreve, dont l’efficacité était déjà presque douteuse. En revanche, la situation est plus compliquée avec Evusheld, qui semble encore susceptible d’offrir une protection adéquate contre Omicron, notamment BA.2. Fin mars, au lendemain de la publication de l’étude, l’ANSM a décidé de modifier ses recommandations pour Evusheld. Elle préconise désormais une première dose plus élevée, dans l’idée qu’elle peut compenser la perte d’efficacité contre Omicron.