“Ce sont les enfants du village”, résume Brigitte Parayre. C’est elle, la maire de cette petite ville de 350 habitants, qui a pris l’initiative d’accueillir ces familles chez elle. Habituée aux vacances en Moldavie, elle ne se voyait pas assise sans rien faire. Ils sont arrivés le 14 mars d’Odessa, épuisés par des jours de voyage à travers la Roumanie, la Hongrie et l’Allemagne, mais depuis, l’acclimatation se passe bien. “Ils n’avaient qu’un seul sac de supermarché comme unique bagage”, explique Brigitte. “Les habitants sont venus leur apporter des vêtements. Être dans un petit village est probablement plus facile. Tout le monde sait qu’ils ne parlent pas français. C’est comme un petit cocon. On va les protéger et je pense qu’ils en ont besoin.” En dix jours, toutes les démarches devaient être faites pour leur titre de séjour, pour s’assurer que leur permis de conduire serait valable en France. “Pendant un an, Irina, la maman, pourra conduire sans plus tarder. Cela nous permettra de lui prêter une voiture”, explique Brigitte. “Ils peuvent être indépendants.” Pour favoriser leur autonomie, les villageois ont également proposé de leur prêter leur appartement, actuellement inhabité.
“C’est difficile d’avoir une vie normale”
Leria, qui a 4 ans et demi, a pu entrer dans la classe de maternelle de l’école du village. Il salue tous les Français qu’il voit avec un “Bonjour!” : le premier mot qu’il vient d’apprendre. Pour Inna, sa mère, elle s’est très bien adaptée à son nouvel environnement et a été chaleureusement accueillie par les autres enfants de l’école. “C’est un enfant très sociable et a très vite trouvé un langage commun avec les autres enfants”, se réjouit-il. “Nous sommes chanceux d’avoir trouvé des gens aussi sympathiques qui nous soutiennent autant et nous traitent très bien. Leur soutien est notre force.” Il aimerait travailler vite. “C’est inhabituel pour nous de rester assis sans travailler aussi longtemps”, décrit la jeune femme qui travaillait dans une boulangerie à Odessa. Un artisan boulanger habitant le village s’est déjà intéressé à son profil. “Les deux mères nous ont expliqué qu’elles ne voulaient pas travailler plus de 14 heures par jour et six jours par semaine comme en Ukraine”, raconte Thierry, le compagnon de Brigitte. “Nous avons dû leur expliquer qu’en France la loi ne leur permettait pas de faire autant. “C’était difficile pour eux de comprendre.”
“C’est difficile d’avoir une vie normale ici”
Il porte une attention particulière à leur faire du bien lorsqu’ils pensent à autre chose qu’aux blessures de la guerre. “Ils n’ont plus que dix jours ici, alors nous ne nous arrêtons pas, mais c’est merveilleux et vous les sentez se reposer et se détendre.” Ils ont passé un après-midi à Toulouse, faisant quelques pas dans la neige en Andorre. Leria a pu devenir membre d’un club de natation à Gaillac, quant à Dima qui est adolescent, il a été rapidement adopté par le club de football de Saint-Agnan. “J’aimais jouer au football avec eux”, dit Dima. “Mais c’est difficile d’avoir une vie normale ici. On ne comprend pas le français, c’est une culture différente, mais la France est très hospitalière et c’est un très beau pays.” Il parle peu anglais, mais pour le reste la communication est très difficile et se fait presque exclusivement grâce aux applications de traduction automatique de leurs téléphones portables. Leur objectif est maintenant d’apprendre le français rapidement, afin qu’eux aussi puissent devenir indépendants le plus rapidement possible. Leurs familles sont restées en Ukraine, notamment le père de la petite Leria qui est militaire. Tout le monde vérifie quotidiennement ses proches via Internet. “La plus grande inquiétude, c’est qu’il arrive quelque chose à un membre de sa famille”, explique Brigitte Parayre. “Comment peut-on les soutenir en ne parlant pas la même langue ? C’est ma seule crainte. Le reste se passera bien.”