Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche 3 avril à Ajaccio en soutien à Yvan Colonna, un militant indépendantiste qui a assassiné le préfet Claude Erignac en 1998 et a été mortellement agressé dans la prison où il purgeait sa peine. Des heurts ont éclaté en marge de la manifestation et des personnes vêtues de noir ont été vues en train de tirer des missiles inflammables en direction du commissariat, selon des images du quotidien Corse-Matin. Le cortège, mené par Stéphane Colonna, le frère d’Yvan Colonna, s’est élancé à 15 heures, derrière deux grandes banderoles portant le désormais traditionnel slogan “Assassin de l’Etat français”, en direction de la préfecture. Un slogan reçu dans la chorale du défilé, et notamment par de très jeunes manifestants, des enfants pour certains. Parmi des dizaines de brigands, le drapeau corse a été frappé à la tête mauresque, un drapeau basque et un grand drapeau britannique ont également émergé. Le rassemblement a attiré au moins 3.800 personnes, selon un premier décompte de 14.000, selon les organisateurs, un important groupe nationaliste réclamant “justice et vérité” pour Yvan Colonna. Le groupe s’est formé après l’attentat mortel du 2 mars contre un militant nationaliste qui purgeait une peine à perpétuité pour le meurtre du préfet Erignac. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés Au lendemain de l’enterrement d’Yvan Colonna, la Corse est toujours sous tension intense

Une centaine de jeunes prêts aux querelles

Constitué de partis politiques séparatistes et séparatistes, de syndicats nationalistes et de syndicats de défense des détenus, ce mouvement était déjà à l’origine des grandes manifestations des 6 et 13 mars à Corte et Bastia, qui se sont soldées par des violences. Sept mille personnes s’étaient rassemblées à Bastia selon les autorités, 15 000 selon les organisateurs. Face à de nouveaux dangers de débordement, un imposant dispositif de sécurité a été placé à Ajaccio, notamment devant la préfecture et le palais de justice, qui avaient été visés par des manifestants le 9 mars, avec un incendie dans la cage d’escalier perdue. A l’avant et sur les côtés de la route, près d’une centaine de jeunes hommes, cagoulés et équipés de masques à gaz ou de masques de ski, étaient déjà prêts aux affrontements, cocktails Molotov à la main pour certains, tandis que des fumigènes commençaient à apparaître. Avant la manifestation, plusieurs dizaines de missiles ont été saisis par la police, dont des dizaines de balles de Ping. Parmi les manifestants figurait Gilles Simeoni, le président autonome du conseil exécutif de Corse. Autre figure visible dans le cortège : Charles Pieri, l’ancien leader du Front de libération nationale de la Corse (FLNC), mouvement qui a récemment menacé de relancer la lutte armée, ou encore Paul-Félix Benedetti, le leader du parti indépendantiste C devant. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés A Cargèse, Yvan Colonna a été enterré en enfant du pays et témoin de l’indépendance
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était engagé, lors de sa visite en Corse du 16 au 18 mars, à ouvrir “dès la première semaine d’avril” un processus de négociation sur “tous les enjeux de la Corse”, dont “l’évolution institutionnelle vers un régime d’autonomie qui n’a pas encore été défini ». Si M. Symeonis a proposé la date du 8 avril pour entamer ces discussions, cette date n’a pas été confirmée par Beauvau. Dans un document qu’ils avaient cosigné le 18 mars, M.M. Darmanin et Simeoni s’étaient accordés sur le fait que “la mise en oeuvre de ce processus historique” ne pouvait être “envisagée que dans un contexte général apaisé et serein”. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés En Corse, une fragile sortie de crise
Le monde avec l’AFP