Ils voulaient s’assurer que la Chine n’aiderait pas la Russie et lui permettrait de contourner les lourdes sanctions à son encontre. Les dirigeants des institutions européennes, réunis en sommet virtuel avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, alors président Xi Jinping, ont-ils obtenu la moindre garantie de la part de leurs interlocuteurs le vendredi 1er avril ? Les quelques rares questions posées aux journalistes à l’issue de cette discussion ont suffi à indiquer que la réponse était non. A lire aussi : Article pour nos abonnés “Jamais la Chine n’a autant commercé avec l’Occident, mais elle n’a jamais semblé si loin”
Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, ont donné des réponses évasives, faute d’engagement clair des dirigeants de Pékin. “Le Premier ministre et le président ont réitéré leur volonté de s’engager pour la paix et la sécurité”, a-t-il déclaré. Nous espérons que nos arguments auront été entendus et que la Chine prendra en compte la question de son image et l’importance de ses relations avec l’Europe. »

Aucune donnée tangible

A Bruxelles, la réunion s’est terminée par un bref communiqué de presse des seuls dirigeants européens. Ils ont souligné la responsabilité particulière de la Chine, “acteur mondial”, membre du Conseil de sécurité de l’ONU et force qui entretient des relations étroites avec Moscou. Ils ont exprimé leur “vigilance” sur les aides financières, militaires ou l’achat d’hydrocarbures que Pékin pourrait apporter à la Russie, mais, à ce stade, leur environnement prétend n’en avoir aucune preuve tangible. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés Face au risque de sanctions, la Chine est tentée par l’autosuffisance
D’autres arguments étaient nécessaires pour convaincre leurs interlocuteurs qu’il était dans leur intérêt de maintenir un monde apaisé et des relations équilibrées avec l’UE. D’un point de vue économique, rappelons que la Chine exporte annuellement environ 462 milliards de marchandises vers l’Europe, soit environ 15% de ses exportations totales, alors que seulement 2,4% vont vers la Russie. De toute évidence, prouver un soutien efficace à Moscou pourrait avoir des coûts pour l’économie chinoise. Et, ajoute un diplomate bruxellois, pour le président Xi, qui devrait être réélu en octobre. Mercredi, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a eu à Pékin, en revanche, la confirmation d’une amitié “illimitée” entre les deux pays. Ce 23e sommet UE-Chine, convoqué avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, n’aura évidemment changé aucune ligne : la relation entre l’Europe et son “adversaire systémique et rival stratégique” – la formule remonte à 2019 – est un peu plus compliquée que le déclenchement de la guerre. Bruxelles et Pékin peuvent convenir, selon Michel, que le conflit ukrainien constitue une “menace pour la sécurité mondiale et l’économie”, mais n’a pas reçu de véritable réponse à l’appel lancé à la Chine pour l’engager dans la recherche d’une solution. Mercredi, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a eu à Pékin, en revanche, la confirmation d’une amitié “illimitée” entre les deux pays. Il ne vous reste plus qu’à lire 26,87% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.