Arrivée d’Emmanuel Macron en mode super bowl pic.twitter.com/hInC01Qc4K — Margaux Duguet (@MargauxDuguet) 2 avril 2022 Imposé, alors que sa campagne connaît pour le moins une poche d’air avec une baisse des sondages, caractérisée par un resserrement des courbes avec Marin Lepen en cas d’un éventuel second tour. “Ce serait une erreur de passer de l’euphorie à la fièvre en 10 jours. Il y a une clarté entre les deux”, a déclaré un cadre LREM en début de réunion. “Je sais qu’une élection, encore moins présidentielle, est toujours difficile”, a déclaré un proche d’Emanuel Macron. Mais chez les militants d’En Marche, l’effervescence est là. “La campagne va prendre une nouvelle dimension avec ce rendez-vous, il faut être optimiste !” “En cas de doute, l’énergie est toujours là”, a répondu le chef de l’Etat depuis la tribune, lors d’un discours fleuve qui a duré plus de deux heures, agrémenté de deux vidéos. Après plus d’une heure et demie consacrée à l’évaluation du quinquennat et du programme des 5 ans à venir, il a cependant fallu attendre la fin de l’allocution pour voir un Emmanuel Macron offensif et la peau – enfin – d’un candidat . “Ne croyez pas les sondages et les commentateurs qui seraient typiques et diraient que les élections sont déjà décidées, que tout ira bien”, a déclaré le président. Citant le Brexit, mais aussi sa propre victoire en 2017, il a rappelé que de nombreuses élections semblaient “improbables”. “Je ne veux ni arrogance ni défaitisme mais une mobilisation générale.” Emmanuel Macron lors de sa rencontre à Nanterre “Je n’écoute pas ceux qui disent qu’on a déjà gagné ou les Cassandre”, a poursuivi Emanuel Macron. Sur fond des « 5 ans de plus » criés par ses partisans, l’Elyséen a assuré que les « choix d’avril » étaient « fondamentalement simples » : « Voulez-vous une France de la parité, de l’écologie et du progrès ? Aidez-nous, venez avec nous. Envie d’une France éducative, sportive et culturelle ? Aidez-nous, venez avec nous…” Emmanuel Macron en meeting à La Défense Arena, le 2 avril 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP) Face à une diversité de politiques, des membres du gouvernement à l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, en passant par les nouvelles recrues de LR (comme Eric Woerth), Emmanuel Macron a insisté sur deux dossiers clés, l’éducation et la santé, pour dire : « la correction des inégalités à la racine.” Un clin d’œil posé sur son pied gauche qui regarde plus loin derrière son pied droit dans son programme. Rappelant le scandale Ehpad Orpea, Emmanuel Macron a aussi multiplié les signaux envoyés aux électeurs de gauche en adoptant le slogan historique NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) de Philippe Poutou. ““Nos vies, leurs vies valent plus que tous les profits.” lancé. Le candidat a également invité “tout le monde, de la social-démocratie au gaulisme en passant par les écologistes” à le rejoindre. Tout au long de son discours, le candidat à la présidentielle s’en est pris à ses adversaires et notamment à l’extrême droite. “Relever l’âge légal de la retraite à 65 ans, ce qu’il défend par exemple : ‘Ne croyez pas ceux qui vous disent que vous pouvez prendre votre retraite à 60 ou 62 ans et que tout ira bien, ce n’est pas vrai’”, a-t-il déclaré. assurant “en supposant que nous devons travailler plus dur”. Sur la guerre en Ukraine et le contexte international ensuite : « Face à ce retour de son histoire tragique, ce n’est pas nous, nous, qui incitons à la peur et cherchons un bouc émissaire, cela ne sert à rien. “Nous ne sommes pas ceux qui abandonnent”, a-t-il déclaré. “Et bonne chance à ceux qui, face à la Russie, soutiennent le grand retrait ! Et bonne chance à ceux qui, face au retour des empires et aux défis de l’époque, défendent le grand casque !” Emmanuel Macron à Nanterre A la fin de son allocution, Emanuel Macron a concentré ses attaques, sans jamais nommer ses adversaires. “Le danger de l’extrémisme est d’autant plus grand que depuis de nombreuses années la haine, les vérités alternatives sont devenues monnaie courante dans le débat public. Nous sommes habitués à voir défiler des écrivains racistes à la télévision.” Une référence claire à Eric Zemour. Des ressentiments éclatent du public. “Ne les sifflez pas. Combattez-les avec des idées!” Corrigé par Emmanuel Macron. Le président poursuit. “Nous avons l’habitude de voir des candidats se dire patriotes alors qu’ils voient le parti et leurs idées financés à l’étranger.” Cette fois, la cible est Marin Lepen. Il faut dire que le candidat RN a dépassé le seuil des 20 % ces derniers jours et l’écart ne cesse de se réduire au second tour. Notamment, un sondage d’Elabe publié mercredi, où Emmanuel Macron compte 52,5% et son candidat RN 47,5%, donne des sueurs froides à la “Macronie”. “Nous sommes vigilants face au RN”, un ministre perdu dans les allées du meeting. Mais le président ne doit pas se contenter d’affronter les assauts de l’extrême droite. Il est plongé dans une polémique dangereuse, née du recours à des cabinets de conseil par l’exécutif, notamment l’américain McKinsey. Les autres candidats ne s’y sont pas trompés en ciblant le chef de l’Etat surtout dans cette affaire. “J’ai beaucoup entendu parler de l’évasion fiscale et des entreprises américaines. Je voulais rappeler à ceux qui sont indignés qu’ils les ont utilisés dans leurs communautés ou au gouvernement”, a déclaré Emanuel Macron de la plateforme. “C’est un coup monté, c’est nécessaire car il y a beaucoup d’amalgames, mais ce n’est pas McKinsey qui décide des réformes, ce n’est pas vrai”, a-t-il ajouté. Le président sortant Emmanuel Macron, lors d’un meeting à La Défense Arena, le 2 avril 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP) Suffira-t-il d’éteindre le feu quelques jours avant le premier tour ? Le président a en tout cas retrouvé des tonnes de la campagne 2017 louant “le camp du progrès” contre “celui du retrait”, mais aussi surmontant les clivages politiques. “Nous sommes cette lueur d’espoir qui ne s’éteint jamais, même quand tout semble perdu”, a-t-il promis. Plus tôt, le colocataire avait demandé aux militants d’allumer leur téléphone portable pour “pleuvoir d’étoiles” dans le noir. C’était comme un concert. Les militants sont sortis en colère. Mais qu’en pensent les Français ?