« Cette classe de travailleurs peut faire la différence si on trouve les bonnes façons de faire, les bons aménagements pour les accompagner », affirme Karl Blackburn, président du Conseil du patronat du Québec (CPQ) en entrevue avec Le Journal.
L’organisation patronale se creuse les méninges depuis plusieurs mois pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Présentement, il y a plus de 250 000 postes vacants au Québec.
« Nous pêchons dans un lac vide ! Dans certains cas, il y a déplacement de travailleurs et pas de création nette », explique M. Blackburn.
« Les employeurs de toutes les régions utilisent de nouveaux moyens pour lutter contre les pénuries de main-d’œuvre et de logements. Les employeurs sont devenus des agents immobiliers, ce n’est pas une blague », dit-il.
Combler l’écart avec l’Ontario
Depuis plusieurs années, les entreprises sont incitées à robotiser et automatiser, redéployer des travailleurs, recourir à des travailleurs étrangers temporaires. Cependant, selon le CPQ, retenir ou embaucher les personnes âgées de 60 ans et plus pourrait aussi permettre de régler le tiers de la pénurie au Québec.
« Si on avait le même taux d’emploi des 60-69 ans qu’en Ontario, c’est entre 75 et 90 000 travailleurs de plus que ce qu’on aurait sur le marché du travail québécois », affirme M. Blackburn.
j’entends
Mais pour ce faire, les employeurs devront changer leurs façons de faire et écouter. “Nous développerons les meilleures pratiques pour retenir et attirer ces travailleurs”, promet-il.
Le CPQ lance également un vaste projet appelé « Séduction 60-69 ans » afin de développer des outils pour retenir ou recruter ces travailleurs.
Sur deux ans, l’organisme va recenser les bonnes pratiques auprès d’une trentaine d’entreprises (voir autre texte) pour élaborer un guide et souhaite en aider une soixantaine dans les secteurs les plus touchés (construction, industrie, distribution, services). source de courant).
Dans l’attente de la publication du guide, M. Blackburn estime que les employeurs devraient faire des efforts pour garder leurs travailleurs âgés de 60 ans et plus dans l’emploi, notamment en mettant en place des horaires réduits.
“Nous avons remarqué qu’il est beaucoup plus facile de garder les travailleurs que de les réintégrer sur le marché du travail, c’est un constat clair”, explique-t-il.
Repenser sa retraite ?
Le CPQ rappelle qu’au Québec, les travailleurs prennent leur retraite à 62 ans, soit deux ans plus tôt que la moyenne canadienne.
« Est-ce que cela a à voir avec la culture de la liberté 55 ? Je ne sais pas vraiment. Mais nous devrions reconsidérer ou réexaminer cet élément. Avant, on prévoyait de prendre sa retraite à 65 ans, car l’espérance de vie était de 70-75 ans. Mais là-bas, on peut vivre jusqu’à 85 ans. Nous devrons peut-être repenser notre modèle », estime-t-il.
Il y a quelques semaines, le ministre du Travail, Jean Boulet, a fermé la porte au relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans au Québec.
“Nous continuons d’analyser nos options, notamment fiscales, mais pour l’instant aucune augmentation de l’âge de la retraite n’est prévue”, a-t-il souligné.
En contact avec Le Journal, le cabinet du ministre soutient la démarche de séduction des 60-69 ans.
« Tous les partenaires du marché doivent s’engager à intégrer et à retenir dans l’emploi les travailleurs les plus expérimentés. Ils ont une expertise et une expérience précieuses pour les entreprises », a déclaré le ministre par e-mail.
Même si cela est jugé insuffisant par les employeurs, le gouvernement caquiste a créé un crédit d’impôt pour la prolongation de carrière et une initiative ciblée pour les travailleurs âgés.
Les plus de 60 ans et le manque de main-d’œuvre en nombre limité
Postes vacants au Québec 1 : 253 000 Postes à pourvoir d’ici 20302 : 1,4 million
Taux d’activité des 60-69 ans
En Ontario : 42,7 % Au Québec : 36 %
Population inactive au Québec 3
60-64 ans : 300 900 personnes 65-69 ans : 426 100 personnes
- En mai 2022
- Selon les prévisions du gouvernement du Québec
- Un mars 2022 Les principales mesures pour satisfaire les 60-69 ans
Programme adapté aux besoins des employés (1-2-3 jours semaine) Flexibilité de l’employeur Réduire ou ajuster la charge de travail A l’écoute des besoins des salariés Ne pas imposer d’heures supplémentaires Attirer des travailleurs expérimentés avec une fiscalité attractive
Semaine réduite et horaires flexibles pour garder les expérimentés
En ces temps de pénurie de personnel, il est rare de trouver des entreprises qui ne manquent pas de personnel. C’est le cas d’Ultima Fenestration, une PME de Saint-Georges de Beauce de 84 employés, qui a réussi à garder les plus expérimentés en emploi.
Photo gracieuseté de Ultima Fenestration
David Pullen. Directeur de Fenestration Ultima
« Je touche du bois, mais en ce moment j’ai tout le personnel dont j’ai besoin », déclare David Poulin, directeur des opérations et des ressources humaines de l’entreprise, lors d’une entrevue avec le Journal.
Fondée il y a 17 ans, la PME compte sur des travailleurs étrangers temporaires, ainsi que sur des personnes âgées de 60 ans et plus.
“Vos 9 heures coûtent cher”
« Nous avons eu des employés qui partaient à la retraite. Ils ont donné à la société et sont souvent grands-parents. Nous devrions donc leur permettre de profiter de leur temps en famille. Ce qu’on a fait en interne, on leur a dit : ‘dis-moi ce que tu peux me donner et on le prend’”, explique M. Pullen.
Actuellement, l’entreprise emploie 7 employés expérimentés. Certains travaillent une demi-journée ou une journée par semaine.
« Nous avons un préposé à l’entretien de 60 ans. Il n’avait qu’une journée à nous accorder. Nous lui avons dit : “On a compris ! Vos neuf heures valent beaucoup maintenant ! “, explique le dirigeant.
Accepter les modèles informels
Dans un autre cas, un travailleur de 71 ans, Hilaire Bergeron, voulait pouvoir travailler dans une cabane à sucre à la fin de l’hiver et au printemps. La compagnie accepta ce programme informel pour le plus grand plaisir de la Septante.
« Je m’arrête aux Fêtes, je me repose un peu, puis je vais à la cabane et je mets les torches dans les encoches. Je m’appelle le bûcheron ! Il n’y a personne de nouveau qui puisse me suivre », dit-il en riant.
Puis, après l’avoir sucré, c’est le retour au travail à l’usine. Il ne changerait pas son plan pour tout l’or du monde.
“Les gens me traitent de fou parce que je continue à travailler. Mais pour moi, arrêter de travailler signifie mourir debout. Ils me disent : “Tu es encore rapide !” Mais je pédale, je vais vite », dit-il.
Pendant plusieurs années, il a été fabricant de cadres. Depuis deux ans, son employeur allège sa charge de travail et assemble des pièces.
“Je resterai aussi longtemps que je pourrai me tenir debout !” J’ai dit aux enfants : « même avec une marchette, je viendrai travailler s’il le faut ! dit le brave ouvrier.
La flexibilité reste essentielle pour retenir ou recruter ces travailleurs.
Respecter les demandes
“Bien sûr il faut être diplômé en Tetris avec les horaires, mais nous les Beaucerons en sommes capables ! dit M. Pullen.
Selon lui, il faut aussi respecter les demandes du staff et ne pas tester ses limites.
“Quand j’ai des heures supplémentaires, je ne leur demande pas. Ils me diront oui, mais peut-être qu’ils partiront après. Ils ne veulent pas faire 60 heures. Ils doivent être respectés. Il faut apprécier le temps qu’il est là”, explique-t-il.