Publié à 06h19  Mis à jour à 8h47

Daria Douguina, journaliste et politologue, a été tuée samedi soir lorsque le véhicule qu’elle conduisait a explosé sur une route près de Moscou. Il avait 29 ans. Elle était la fille d’Alexandre Douguine, 60 ans, philosophe et écrivain ultranationaliste qui a promu une doctrine impérialiste. Comme son père, elle a fortement soutenu l’invasion russe de l’Ukraine. Ils revenaient ensemble, mais dans des véhicules différents, d’un festival culturel conservateur dans la région de Moscou.
“C’était un crime barbare pour lequel il ne peut y avoir de pardon […]. Il ne peut y avoir aucune pitié pour les organisateurs, les sponsors et les artistes”, a réagi mardi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Des centaines de personnes, dont des proches et des hommes politiques, se sont rassemblées mardi à Moscou devant le cercueil de Daria Dugina, au-dessus duquel était accroché un portrait souriant d’elle, a constaté l’Agence France-Presse. PHOTO KIRILL KUDRYAVTSEV, AGENCE FRANCE-PRESSE Dans un message de condoléances, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un “crime odieux et cruel” qui “a mis fin prématurément à la vie de Daria Dugina”. “Il est mort au front pour la nation, pour la Russie. Le devant, c’est ici”, a déclaré M. Dougin, la voix tremblante, les cernes sous les yeux, présent avec sa femme et la mère de Daria Douguina, Natalia Melentieva.

“Notre Empire”

“Dès les premiers mots qu’on lui a appris, dans son enfance, c’est évidemment ‘Russie’, ‘notre puissance’, ‘notre peuple’, ‘notre empire’”, a déclaré Alexandre Douguine, retenant ses larmes. Ce meurtre a choqué la Russie et sapé les efforts des autorités cherchant à convaincre que l’attaque contre l’Ukraine, qui a commencé il y a six mois, n’a pas de conséquences négatives pour la population russe. Pourtant, le conflit est devenu de plus en plus visible ces dernières semaines, notamment une série d’explosions en Crimée, la péninsule ukrainienne annexée par Moscou où de nombreux Russes passent traditionnellement leurs vacances. Moins de 48 heures après la mort de Daria Dugina, les services de sécurité russes (FSB) ont indiqué lundi avoir conclu que l’attentat avait été planifié et exécuté par une femme qui travaillait pour les services secrets ukrainiens. Kyiv a nié toute implication. PHOTO AVEC L’AUTORISATION DE LIEN DE PRESSE Daria Douguina a été tuée samedi après-midi lorsque le véhicule qu’elle conduisait a explosé sur une route près de Moscou. Dans un message de condoléances, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un “crime odieux et cruel” qui “a mis fin prématurément à la vie de Daria Dugina, une personne brillante et talentueuse au vrai cœur russe”. M. Poutine lui a également décerné à titre posthume l’Ordre du courage, une décoration importante.

Eurasianisme

Le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Ned Price, s’est abstenu lundi de spéculer sur la responsabilité du meurtre. Il a condamné toute attaque contre des civils et a souligné que Kyiv a rejeté toute implication. “Puisque le meurtre d’un journaliste n’est même pas commenté sous cet angle pourtant si important pour les autorités américaines, alors Washington n’a aucun droit moral […] pour juger les droits de l’homme dans le monde”, a réagi mardi son homologue russe, Maria Zakharova, sur Telegram. Partisan de “l’eurasisme”, une doctrine impérialiste prônant une alliance menée par la Russie entre l’Europe et l’Asie, Alexander Dougin est la cible de sanctions de l’Union européenne depuis 2014.
Sa fille avait été sanctionnée début mars par les États-Unis. Personnalité médiatique et polyglotte, reconnaissable à sa longue barbe, Alexandre Douguine est influent dans une partie de l’extrême droite européenne. Surnommé “le cerveau de Poutine” par certains médias, M. Dougin est parfois décrit comme proche du président russe. Mais ce dernier ne l’a jamais soutenu publiquement, et de nombreux observateurs ont mis en doute son influence au Kremlin.