Posté à 15h32
Fanny Lévesque La Presse
Au cœur d’une nouvelle polémique suite à la publication d’un livre sur la tuerie des CHSLD, la ministre déléguée aux Aînés a défendu la version qu’elle a remise au médecin légiste Géhane Kamel en janvier dernier. “Si je devais retourner voir le médecin légiste et qu’il me posait les mêmes questions, je répondrais de la même manière en mon âme et conscience”, a plaidé le ministre à son arrivée à la Chambre bleue. Or, le travail des journalistes de La Presse Katia Gagnon, Ariane Lacoursière et Gabrielle Duchaine révèle des entrevues inédites avec Mme Blais et sa patronne, Pascale Fréchette, qui contredisent le récit de la ministre lors de l’enquête publique. On apprend que les deux femmes ont “crié” à la cellule de crise d’arrêter les transferts en CHSLD au printemps 2020. Cependant, devant le médecin légiste, il a probablement confirmé que les CHSLD n’étaient sur l’écran radar de personne à ce moment-là. Lui a-t-on demandé de protéger le gouvernement dans sa déposition, comme le proposait l’opposition ? “Jamais, jamais”, a déclaré le secrétaire Blaise lors d’une conférence de presse. Il a rappelé que le transport des patients des hôpitaux vers les CHSLD était “juste” au début de la pandémie, alors que “tous les yeux étaient tournés vers l’Europe, où les hôpitaux débordaient”. Ces réponses n’ont calmé ni le Parti libéral ni le Parti québécois qui courait après le ministre au Salon bleu. « Un livre sort où la ministre se défend en disant que la cellule de crise continuait à transporter des patients en CHSLD alors qu’elle et son équipe hurlaient », a déclaré le député libéral André Forten. “Nous avons deux options. Estimant que la ministre a changé sa version du médecin légiste […] ou croyez-moi, la ministre criait sur tous les toits qu’il fallait arrêter les transferts, mais la cellule de crise, le premier ministre et le ministre de la santé l’ont ignorée. […] Quelle version faut-il croire ? il ajouta. Le ministre Blaise a répondu : « Début avril, il y a une consigne d’arrêter les transferts vers les CHSLD. Par mon bureau, j’ai appris qu’il y avait toujours des transferts et c’est de cela dont on parle aujourd’hui. J’avais une objection ici. » Dans la mêlée journalistique, il a précisé qu’à ce moment-là, il avait “crié”. La députée péquiste Lorraine Richard l’a accusée au Parlement de “changer sa version” car “elle était très bien préparée par l’équipe de communication de la CAQ”. Marguerite Blais a insisté sur le fait qu’elle avait répondu “honnêtement” devant le médecin légiste. Il a aussi dit que “quand il y a une crise, il y a des discussions, des discussions, c’est quelque chose de sain”. Les partis d’opposition ont exigé que le gouvernement Legault lance une enquête publique et indépendante sur la pandémie. Mme Blais n’était pas présente lors du dévoilement du plan de santé du ministre Christian Dubé mardi alors qu’elle attendait le résultat du test COVID-19. Résultat négatif, le ministre a pu assister à la séance de questions en après-midi, dans la ville de Québec.