Posté à 17h00
                Henri Ouellette-Vézina La Presse             

« Évidemment, on ne peut plus garder indéfiniment les mesures au même niveau partout au Québec, alors quand ça augmentera on devra atteindre beaucoup plus de mesures locales que ce qu’on a fait jusqu’à maintenant », a expliqué la Dre Marie-Pascale Pomey, une experte. en politiques publiques à l’École de santé publique de Montréal (ESPUM). Il dit qu’en Gaspésie, qui demeure la région la plus touchée par la COVID-19 en ce moment avec 92 cas par 100 000 habitants, ce genre d’approche « plus adaptée » pourrait changer la donne. “Pour l’avenir, je pense que nous devons être beaucoup plus flexibles dans notre capacité à trouver des réponses localement, c’est-à-dire à réduire les cas lorsqu’ils surviennent et à avoir la participation de la population, afin de réduire les effets yo-yo partout “Québec”, affirme l’expert. Actuellement, la Rive-Nord arrive en deuxième position avec plus de 61 cas pour 100 000 habitants, alors que Montréal et Laval – habituellement les plus touchées – dépassent tout juste les 10 cas pour 100 000 habitants. Cependant, il faut rappeler que les restrictions imposées au contrôle rendent ces données moins représentatives.

Difficile à appliquer

Si l’idée est bonne sur le fond, le problème est que sa mise en place est très compliquée, explique le directeur national de santé publique de la Gaspésie, le Dr. Yv Bonnier-Viger. “Avant de pouvoir identifier les cas, les contacts et nous nous sommes assurés qu’ils étaient vraiment isolés puis nous les avons rappelés. Mais avec Omicron, c’est une perte de temps. “Il faudrait 200 personnes en recherche épidémiologique pour faire ça, mais nous n’en avons qu’une vingtaine”, soupire-t-il. On estime à 7 000 le nombre de Gaspésiens susceptibles d’avoir été infectés par le virus ces derniers temps. “Nous sommes vraiment confrontés à la nouvelle sous-variante BA.2. Sur une population de 90 000, ce n’est pas loin des 10 % de personnes qui sont malades en même temps. « Il y a beaucoup de monde à gérer, insiste le Dr Bonnier-Viger. “Je ne vois pas comment une approche régionale pourrait être mise en place si nous n’avons pas les bonnes propositions. Nous sommes toujours ouverts, c’est sûr”, convient-il, mais il ne ferme pas la porte du dialogue. Selon Benoit Barbeau, virologue et professeur de sciences biologiques à l’UQAM, il est essentiel, avant tout, « d’augmenter immédiatement la capacité de tests de dépistage, afin d’avoir un meilleur aperçu de la transmission à travers le Québec ». Je pense que de toute façon, et comme on le voit en Chaudière-Appalaches, ce n’est qu’une question de temps avant que ça se répande partout au Québec. Benoit Barbeau, virologue et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM M. Barbeau rappelle que cette zone a également connu une recrudescence de la transmission ces derniers jours. Il y a près de 33 cas par 100 000 habitants en Chaudière-Appalaches. A terme, des mesures régionales plus ciblées sont toutefois une option sérieuse à envisager, estime le virologue. “Cela doit certainement être exploré, mais je ne pense pas qu’il y aura un aspect très régional à la vague ou à la secousse que nous voyons en ce moment”, conclut-il.

Toujours en hausse

Pendant ce temps, la tendance à la hausse des cas de COVID-19 s’est poursuivie vendredi au Québec. Les autorités ont fait état vendredi de 2.203 nouveaux cas de la maladie détectés par PCR, portant la moyenne journalière estimée à 7 jours à 1.602. La tendance est à la hausse de 46% en une semaine.

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1/4 De plus, au même moment, 2022 personnes ont déclaré avoir reçu un résultat positif à un test rapide. Les cas auto-déclarés ont doublé (+104%) en une semaine. Au total, plus de 122 000 tests rapides ont été « autodéclarés » jusqu’à présent sur la plateforme du ministère de la Santé et des Services sociaux, dont plus de 96 475 étaient positifs à la COVID-19. Malgré l’augmentation des cas, les décès continuent de diminuer. Les 12 décès supplémentaires recensés vendredi portent la moyenne quotidienne à 8. La tendance est donc réduite de 40 % en une semaine. Il y a eu une diminution de 14 hospitalisations. A ce jour, 1 048 patients atteints du COVID-19 restent hospitalisés, dont 59 en réanimation (+2). Du côté de la vaccination, la campagne québécoise peine à s’accélérer. Jeudi, seulement 8 000 doses supplémentaires ont été administrées. Jusqu’à présent, environ 86,7 % des Québécois ont pris une dose, 82,8 % d’entre eux ont pris deux doses et 49,9 % de la population a maintenant une troisième dose. À ce rythme, la province devra franchir la barrière des 50 % à la dose de rappel en début de semaine prochaine. En collaboration avec Pierre-André Normandin, La Presse