Posté à 18h00
C’est exactement le cas avec le fameux “procès fantôme” révélé par la Cour d’appel cette semaine. Dans cette affaire, la police a recruté un informateur, qui lui a donné des informations sur le monde criminel. Une opération très classique : en échange d’argent, l’informateur raconte à la police ce qui se passe dans la mafia, chez les motards, bref, dans son milieu criminel. De toute évidence, ce double jeu est très dangereux et, s’il est exposé, l’informateur de la police est mort. En échange de ses bons services, il reçoit non seulement de l’argent, mais aussi une forme d’immunité contre les charges et une protection en cas de problème. Dans l’affaire désormais connue sous le nom de “personne désignée”, l’informateur croyait avoir été acquitté par la police de ses crimes antérieurs. Tout ce temps en sachant que si on le piquait pour un nouveau crime, il n’y aurait pas d’autre accord et qu’il serait inculpé. Mais cet accord verbal plutôt fragile, merci, n’a pas été compris comme tel par la police. Lorsque la “personne désignée” a avoué un crime dans le passé, la police lui a dit : “Oh, désolé mon vieux, il n’y a pas d’accord, nous devons vous en vouloir.” Problème : c’était un autre indice… Comment traduire en justice une personne qui a droit à l’anonymat ? Panique chez les avocats, panique dans le bureau du juge… La solution ? Procès secret ! C’est ainsi qu’est né ce procès qui s’est déroulé on ne sait où, quand, devant qui ou avec quels avocats. Un procès qui n’a même pas eu lieu dans un palais de justice : les interrogatoires se sont déroulés hors cour et le juge a jugé en lisant le procès-verbal… Un procès que la cour d’appel vient de couper en substance : la police n’a pas joué franc jeu avec le marqueur, qui n’aurait jamais dû être inculpé. C’est l’accord qu’ils ont fait avec le diable. L’informateur a été acquitté de toutes les charges en raison du processus policier désordonné. Vous ne pouvez pas trouver une cause qui soit plus dans l’intérêt public : comment la police lutte-t-elle contre le crime organisé ? Est-elle capable ? Quel genre d’entente est conclue avec les criminels pour arrêter les plus gros criminels? Comment les juges tranchent-ils ces affaires ? Où tracent-ils la frontière entre ce qui est justifié et ce qui est répréhensible dans les techniques policières ? En Russie (je prends un exemple au hasard), n’essayez pas d’obtenir ces informations tout en couvrant un procès. C’est l’essence même de l’État de droit d’avoir un accès public (à toute personne publique) aux procès afin de savoir comment la justice est rendue. C’est le fondement de cette « confiance du public » sur laquelle la justice est censée reposer et qui est le mantra des tribunaux. Le complot moderne, comme celui des générations précédentes, se nourrit précisément de secrets d’État, vrais ou faux, et de tout ce qui se passe à huis clos. Comment, alors, a-t-il été possible d’aller aussi loin dans l’absurdité du secret, au point d’avoir un procès sur papier où le juge ne pouvait même pas voir les visages des témoins ? Il n’y a pas de précédent aussi extrême, mais il y a toujours une affaire connexe en Colombie-Britannique, qui a été réglée en 2007. Une affaire d’immigration où le juge a ordonné une audience à huis clos parce que « le candidat était un informateur de la police. Mais au moins le juge a demandé l’avis d’un avocat indépendant et des avocats des médias, pour obtenir une opinion quelque peu dissidente. Et il a fait un vrai test. Dans ce genre d’affaire, il faut comprendre ceci : la défense, qui défend un accusé compromis, veut le maximum d’anonymat. et le procureur qui ne veut pas révéler des secrets de police veut la même chose. Tout le monde veut du huis clos ! C’est au juge, qui est censé préserver l’intégrité du procès… et sa constitutionnalité. Dans le cas qui nous occupe, le juge n’a pas demandé d’avis extérieur. Rien. Et il a inventé ce processus à distance. Pour avoir parlé à plusieurs juges, anciens juges et avocats au cours des deux derniers jours, cette affaire est complètement inédite au Canada. Le juge a-t-il décidé seul de cette étrange procédure ? A-t-il consulté le premier ministre? D’un côté, la décision est tellement extrême : on a du mal à imaginer qu’elle ait été prise en solo. Mais d’un autre côté, quand un juge n’ose même pas publier son nom, a-t-il choisi de ne le dire à personne ? Et le procureur ? A-t-il consulté ses supérieurs ? Appartenait-il au réalisateur Patrick Michel, nommé l’an dernier, ou à sa prédécesseure, Annick Murphy ? Mais s’agissait-il d’une poursuite fédérale impliquant la Gendarmerie royale du Canada? Les correcteurs ont un droit absolu à l’anonymat : il n’y a pas de discussion à ce sujet. Ils sont un outil essentiel dans la lutte contre la criminalité et risquent leur vie. Mais ce qu’il faut protéger, c’est leur identité ou les informations qui permettent de la faire connaître. Pas tous, tous, tous, même le nom du juge. Un juge est censé “prendre toutes les mesures possibles pour assurer au public un meilleur accès à la procédure et restreindre la communication et la publication d’informations uniquement si ces informations sont susceptibles de révéler l’identité de l’informateur”, a déclaré la Cour suprême. . La cour d’appel, qui nous informe de l’existence de ce procès fantôme et qui est très critique envers le juge… ne nous donne pas de nouvelles informations, ni même demandé un avis extérieur. Il dénonce les mesures extrêmes du juge comme « excessives », dit qu’il viole tous les principes de transparence… mais ne fait rien pour nous informer un peu. Est-ce ainsi que nous comptons maintenir la « confiance du public » ? Ce qui reste à faire? Revenir à la cour d’appel pour demander le minimum d’informations. Parce qu’il n’y a aucun moyen d’enquêter différemment sur une affaire scellée. Cela devrait être le travail du procureur général, mais rien n’indique que cela se produira. Il appartiendra aux responsables, le Directeur des poursuites criminelles et criminelles (?), Le Tribunal (qui?), Le Barreau, de s’expliquer. Je sais, je rêve. Car hormis l’anonymat de l’index, que tout le monde respecte évidemment, aucune explication n’a été donnée, pas même par la cour d’appel. Alors sous ce prétexte ô combien moralement indiscutable, nous mettrons de côté tous les beaux principes de transparence. Tout le monde désapprouve, tout le monde pleure. Mais ces gens sont tous complices de ce secret qu’ils prétendent détester. Qu’en est-il de cette déclaration du DPCP, qui « ne peut ni confirmer ni infirmer » qu’il a participé à un procès au Québec ? Il doit le faire ! Nous ne demandons pas le nom ou le code PIN du CI. Étiez-vous juste là? Si les détenus de Guantanamo peuvent être jugés plus ou moins publiquement, si les informateurs qui ont condamné des terroristes, des chefs de gangs comme Maurice Boucher ou d’autres, pouvaient être protégés tout en témoignant en public… on devrait au moins en savoir moins… son nom juge et le crime porté contre la “Personne Désignée”… Peut-être deux, trois dates ? Car cela reste aussi à voir : est-ce arrivé d’autres fois ?