Qu’est-ce que McKinsey ?
McKinsey, surnommé « The Firm », est un cabinet de conseil international comme Capgemini, Deloitte ou KPMG. Présente dans 65 pays à travers le monde, avec environ 30 000 employés, la société américaine est chargée de fournir des recommandations à des clients privés ou publics afin de mener à bien diverses missions, rentables ou non. Ces conseils sont fournis par des consultants.
Que dit le rapport du Sénat ?
Selon un rapport du Sénat (PDF) publié le 17 mars, « le recours aux consultants est désormais réflexif » et ces entreprises sont « au cœur des politiques publiques ». Selon les députés, le gouvernement est dans un état de réelle “dépendance” vis-à-vis de ces cabinets : en 2021 les dépenses de conseil des ministères du gouvernement de Jean Castex ont atteint 893,9 millions d’euros, un montant en nette augmentation par rapport à 2018 (379,1 millions d’euros). ).
Quelles étaient les missions de McKinsey ?
Selon le rapport du Sénat, le gouvernement a demandé à l’entreprise de réformer à la fois le mode de calcul des APL (d’un montant total de 3,88 M€) au début du quinquennat et la campagne de vaccination contre le Covid-19 (un contrat à 12,33 M€). En début d’année, McKinsey a également été sélectionné pour un contrat de 496 800 € avec National Education Invoice en 2020. Pour ce montant, l’entreprise a produit un document de 200 pages organisé sur divers sujets. en vue d’un colloque international, il a finalement été annulé en raison de la crise du Covid-19. Un autre rapport McKinsey a également été préparé en vue de la réforme des retraites, qui a été reportée sine die. “On sait qu’il y a un PowerPoint et un petit cahier de 50 pages. Pour une prestation 950.000 euros c’est cher la page”, a déclaré la sénatrice Eliane Assassi (PCF) à franceinfo au moment de la publication du rapport.
Quel est le problème ?
C’est l’autre point important du rapport des sénateurs. « Le constat est clair : McKinsey est bien soumis à l’impôt sur les sociétés en France, mais ses versements sont nuls depuis au moins dix ans, avec un chiffre d’affaires national de 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5 % dans le secteur public et celui elle emploie environ 600 personnes”, expliquent les députés. Selon les sénateurs, le montage serait un “exemple caricatural d’optimisation fiscale”.
Comment McKinsey se défend-elle ?
Face au tollé suscité par la publication de ce rapport, McKinsey a assuré s’être conformé à “toutes les règles fiscales et sociales françaises applicables” et a indiqué avoir payé de l’impôt sur les sociétés “durant les années où l’entreprise a réalisé des bénéfices en France”. Vendredi 25 mars, le Sénat a annoncé avoir engagé une action en justice contre un “présumé faux témoin”, trois mois après une audition au cours de laquelle un dirigeant d’une filiale française de McKinsey a confirmé que l’entreprise avait payé l’impôt sur les sociétés en France.
Comment la classe politique a-t-elle réagi ?
Dans une campagne présidentielle marquée par le Covid-19 et la guerre en Ukraine, cette affaire donne un coup de fouet aux opposants d’Emanuel Macron. Et les candidats de tous bords n’hésitent pas à impliquer personnellement le président sortant. Pour Valérie Pécresse, “Emmanuel Macron doit s’expliquer sur le recours massif de l’Etat à McKinsey.” Emanuel Macron doit s’expliquer face à l’appel massif de l’État à McKinsey, dont le Sénat révèle qu’il ne paie pas ses impôts en France. Comment n’a-t-il pas su ? Le président sortant doit rendre des comptes. — Valérie Pécresse (@vpecresse) 17 mars 2022 Le candidat écologiste Yannick Jadot a pour sa part promis lors d’un meeting au Zénith de Paris dimanche qu’il ne se tournerait pas vers ces entreprises “qui, avec des centaines de millions d’euros par an, pensaient, à la demande des gouvernements, l’abolition des lits d’hôpitaux, la réduction des APL et autres réformes brutales. » Jean-Luc Melanson s’est également montré agressif lors de son meeting à Marseille sur la plage du Prado. Pour le candidat de La France insoumise, “plusieurs entreprises privées comme McKinsey qui donnent des conseils inutiles et ne paient pas d’impôts en France”. “On peut tourner la page de la Ve République et du président qui décide par lui-même. Des entreprises privées comme #McKinsey arrivent qui donnent des conseils inutiles et ne paient pas d’impôts en France.” @mbompard #McKinseyGate #MelenchonMarseille pic.twitter.com/La4riCPI7K — Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 27 mars 2022
Que répond Emmanuel Macron ?
Face aux attaques grandissantes à 10 jours du premier tour, Emmanuel Macron a été contraint de réagir. “Il faut faire appel aux sociétés de conseil lorsqu’il s’agit de compétences extra-étatiques”, a déclaré Gabriel Attal à BFMTV en février. Le ministre de la Santé Olivier Véran a également assuré lors d’une récente audition devant le Sénat qu’”à aucun moment McKinsey ne m’a fait prendre de décision sur la crise sanitaire ou la campagne de vaccination”. Enfin, c’est Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, qui a reconnu qu’il faudrait “réorienter les activités si le recours aux cabinets de conseil est excessif et les prestations dépassent les limites”. Pour tenter de mettre fin à la polémique, Emanuel Macron, interrogé dans l’émission “Dimanche en politique” de France 3, a voulu démentir les allégations. “On a l’impression qu’il y a des trucages, mais ce n’est pas vrai. Aucun contrat n’a été signé en République sans respecter la règle des marchés publics”, a-t-il expliqué. Et le candidat d’ajouter : “Quiconque a la preuve qu’il y a manipulation remet en cause le contrat dans le cadre d’une procédure pénale.” Πρέπει “Il faut être très clair : c’est faux ! S’il y a des preuves de manipulation, qu’il aille au tribunal correctionnel” Invité de “Dimanche en politique” sur France 3, Emmanuel Macron est revenu sur la polémique #McKinsey #DimPol pic.twitter.com/8dyCilc4eu — franceinfo plus (@franceinfoplus) 27 mars 2022 “Je ne suis pas convaincu que pendant ce quinquennat il y ait eu moins de contrats que dans certains autres, y compris ceux qui nous attaquent aujourd’hui”, s’est aussi défendu Emanuel Macron dans un slip, utilisant le mot “moins” au lieu de “plus”.
Je n’ai pas réussi à tous les lire, pouvez-vous me faire un résumé ?
Dans un rapport rendu public le 17 mars, le Sénat a critiqué la “dépendance” des pouvoirs publics vis-à-vis des cabinets de conseil. Selon les députés, rien que pour l’année 2021 les dépenses de conseil des ministères du gouvernement de Jean Castex ont atteint 893,9 millions d’euros, un montant en hausse verticale par rapport à 2018. Les sénateurs montrent également deux contrats très coûteux qui ont été tarifés en l’état par McKinsey et l’optimisation fiscale que l’entreprise américaine allait mettre en place. Les opposants d’Emanuel Macron dénoncent un “scandale d’Etat”. A moins de deux semaines du premier tour, le président sortant assure toutefois qu’”aucun contrat n’a été signé dans la République sans respecter la règle des marchés publics”.