Après trois ans de contentieux, l’Etat du Cantal et le conseil préfectoral ont été condamnés à verser respectivement 15 000 euros et 5 000 euros à Jean-Pierre Vidal pour le préjudice qu’il avait subi parce qu’il avait cru toute sa vie être né sous X. pas le cas. Une erreur administrative lui a coûté son enfance et il n’a jamais pu rencontrer sa mère. A 65 ans, Jean-Pierre Vidal a assigné l’Etat et le département politique pour 400 000 euros de dédommagement. “C’est la satisfaction de la peine, mais l’insatisfaction de la réparation. Ce n’est pas à la hauteur de la perte d’une vie”, a réagi son avocat, Maître Jacques Verdier, après avoir appris la décision, dans la nuit du lundi 4 avril. Le plaignant a annoncé son intention de faire appel : “C’est le montant qui nous a été proposé au début, dans le cadre d’un règlement amiable. (…) Je ne peux pas accepter. Il y a encore des dégâts… »

Erreur DDASS

Né le 4 septembre 1956 à Saint-Flour (Cantal), M. Vidal est abandonné par sa mère en raison de difficultés financières, puis placé chez une nounou. Vers l’âge de 8 ans, il découvre que cette nounou n’est pas sa mère biologique. Il multiplie alors les familles d’accueil, avant d’être déplacé de maison en maison puis de se retrouver à la rue vers l’âge de 16 ans. Il tente à plusieurs reprises de connaître l’identité de ses parents, mais ses interlocuteurs à la DDASS, l’ancêtre de l’ASE (Aide sociale à l’enfance), lui assurent qu’il est né sous X et n’a donc pas eu accès à son dossier. En 2019, un inspecteur intéressé par son dossier prend la relève du Conseil national sur l’accès aux origines personnelles (CNAOP) et la réponse tombe : l’identité de sa mère biologique n’est pas gardée secrète. Mais c’est trop tard. Sa mère est décédée d’un cancer des années plus tôt, en 1996. Lors de l’audience début février, son avocat l’avait dénoncé comme “coupable”, constatant la “malveillance d’un certain nombre de personnes par l’administration” et causant “un préjudice extraordinaire”. Les défenseurs de l’Etat et du département – qui ont repris la responsabilité de la protection de l’enfance dans les années 1980 – avaient reconnu leur responsabilité mais nié tout acte répréhensible, réclamant une évaluation approfondie des dégâts. Le monde avec l’AFP