La victoire de Marin Le Pen, candidat pour la troisième fois à l’élection d’une reine en France, n’apparaît plus aujourd’hui comme un scénario de science-fiction. • Lire aussi : Macron en tête, petite différence avec Lepen au second tour • Lire aussi : Une campagne présidentielle insipide et réelle en France Selon un sondage Elabe publié mercredi, Mme Le Pen, qui était créditée de 21 % des voix au premier tour contre 28 % à Emmanuel Macron, a réduit l’écart au second tour. Il a 47,5 % contre 52,5 % pour le président sortant, un score très serré et qui peut théoriquement – et pour la première fois de cette campagne – le voir gagner, si l’on tient compte de la marge d’erreur. “Je n’ai jamais été aussi près de la victoire”, a déclaré le candidat aux lecteurs du Parisien la semaine dernière. Les chiffres se sont achevés après son échec face à Macron en 2017, et plus précisément après un débat catastrophique entre deux tours à son sujet, Mme Le Pen, fille du tribun Sulphur et figure historique de l’extrême droite française Jean-Marie Le Pen, a patiemment a gravi la pente, lissé son image, recentré son discours. L’opération de “diabolisation” a été lancée après qu’elle ait rejoint en 2011 le leader du Front national (devenu Rassemblement national), Marin Le Pen, après s’être fait oublier les emportements antisémites et racistes de son père et s’être débarrassée des plus encombrantes de la fête. D’abord inquiète de l’explosion de la scène politique avec la chute d’un autre candidat d’extrême droite, Eric Zemour, elle a finalement profité des positions radicales et clivantes de l’ancien guerrier. Alors que Zemmour, désormais en retrait des sondages, s’en tenait à ses enjeux identitaires, anti-immigration et anti-islam, Mme Lepen a concentré sa campagne sur le pouvoir d’achat, principale préoccupation des Français, promettant des mesures d’urgence comme la suppression de la TVA en certains produits. “Marine Le Pen a réalisé une excellente campagne, elle a été au centre des préoccupations françaises, elle a travaillé sur ses enjeux, elle a construit un projet de relance nationale”, s’est félicité jeudi sur RFI le porte-parole du Rassemblement national Julien Odoul. . Mais le changement n’est qu’une “façade” qui a inquiété jeudi le quotidien de gauche Libération, qui présentait le candidat d’extrême droite, flouté sur fond noir, avec en Une : “C’est là. “Plus dangereux que jamais.” Le programme du candidat de 53 ans “n’a guère changé dans les éléments fondamentaux comme l’immigration et l’identité nationale”, soulignait récemment pour l’Agence française la chercheuse Cécile Alduy, experte de l’extrême droite. « Elle a simplement » choisi un autre vocabulaire pour la justifier : au nom de la laïcité et des valeurs démocratiques, voire du féminisme, elle s’en prend à l’islam et veut restreindre drastiquement l’immigration non européenne », a ajouté Alduy. “Marine Le Pen et Eric Zemmour sont en fait les deux faces d’une même médaille”, estime le chercheur Raphaël Llorca, auteur d’un essai sur “les nouveaux masques de l’extrême droite”. “Nous avons une opportunité historique avec Marin Le Pen de porter les idées nationales au pouvoir”, a déclaré à RFI Julien Odoul, porte-parole d’un parti qui envisage d’inscrire la “préférence nationale” dans la constitution et organisera un référendum sur l’immigration. Le parti de Marine Le Pen supprimera les allocations pour les étrangers travaillant à temps plein depuis moins de cinq ans et maintiendra les allocations familiales pour les ménages ayant au moins un parent français, affirmant que ces mesures permettraient d’économiser 9,2 milliards d’euros par an. Face aux progrès de Mme Lepen, le camp présidentiel, jusque-là très sûr de la possible victoire de son champion, est relancé. “Les élections ne tombent jamais du ciel, il faut aller les chercher”, a déclaré jeudi à LCI le porte-parole du gouvernement Gabriel Atal. “Je me battrai pour continuer à convaincre”, a déclaré le candidat Emanuel Macron, qui a fait campagne jusqu’à présent.