TF1 va-t-il répéter un tel score la semaine prochaine ? La première chaîne a fait parler le peuple en programmant, le dimanche 10 avril, Les Visiteurs, de Jean-Marie Poirée, dès 21h30… Soit une heure et demie après le résultat du premier tour de l’élection présidentielle. . Raccourcie, la traditionnelle soirée électorale, dans laquelle les auteurs et politiques se succèdent sur le plateau pour commenter les résultats du vote en direct. Ils le feront et le feront, mais seulement à partir de 18h30. jusqu’à 21h30. “En tant que chaîne leader, nous pensons que dans la période chaude d’une heure et demie, nous avons pu donner toutes les données, les résultats, les réactions, les commentaires”, a déclaré Thierry Thuillier, directeur général adjoint de TF1 News. Agence France Presse. La soirée électorale se poursuivra ensuite sur LCI, la chaîne d’information en continu du groupe TF1.
Un coup de pouce pour LCI
Si ce format du jour au lendemain est inédit pour une élection présidentielle, TF1 a déjà fait le choix “pour d’autres élections, dont la législative”, a précisé Thierry Thuillier. Il a également mentionné “les utilisations, [d] vos goûts et [d] les attentes des spectateurs [ayant] évolué”, du fait de “la multiplication de l’offre” dans les chaînes d’information. Faut-il voir dans ce choix un symbole du désintérêt des citoyens pour les élections, à l’image des taux d’abstention annoncés comme un record ? Cette programmation pourrait-elle être un message que TF1 adresse au monde politique ? Pour Isabelle Veyrat-Masson, directrice de recherche au CNRS et membre du laboratoire CERLIS (Centre de recherche sur les relations sociales), ce choix inédit est avant tout stratégique. “Je pense qu’il y a deux explications : d’abord, c’est de la part de TF1 une impulsion particulière donnée à LCI, qui peine à dépasser les autres chaînes d’information sans stations intermédiaires dans un contexte concurrentiel. La seconde serait le sentiment que cette campagne n’est pas intéressante, qu’elle n’est pas amusante. Ce n’est pas une émission qui plaira au grand public de TF1. » Le chercheur note également que BFM TV est “moins engagé que LCI ou CNews” dans la gestion de la campagne. “Des trois, c’est la chaîne la plus commerciale, sa principale motivation est de créer une audience. Cette réduction des effectifs “montre que les développeurs se rendent compte que la campagne n’aura pas d’audience. »
Choix économique
Dès lors, un constat partagé par TF1. Il y a cinq ans, le 23 avril 2017, au soir du premier tour de l’élection présidentielle, la chaîne avait réuni 5,7 millions de téléspectateurs, avec une audience de 21,5 %. La soirée électorale, animée par Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau, s’est terminée vers 22h35. France 2, dont le direct s’est terminé vers minuit, a fait mieux, avec 24,6 % de téléspectateurs. Les Visiteurs, eux, ont réuni près de 8 millions de téléspectateurs lors de leur dernière apparition sur TF1, en avril 2020. Certes, les Français se sont alors resserrés. Mais déjà, en 2016, ils avaient atteint 7,2 millions à suivre les aventures de Jacquouille. Un succès garanti, donc, et un choix financier supposé. “Avec la programmation des Visiteurs, TF1 fait un choix économique”, résume Isabelle Veyrat-Masson. C’est peut-être choquant, mais on peut aussi trouver cela légitime, car TF1 est une chaîne commerciale. Et la télévision est un spectacle. »
Aucune innovation
Cependant, cette émission, estime le chercheur, n’est pas assez intéressante cette année. “Il y a moins de suspense qu’en 2017”, a affirmé TF1 après avoir annoncé qu’elle écourterait sa soirée électorale. “Dans une campagne, comme dans la fiction, il faut des personnages intéressants, du suspense, des rebondissements. Pour l’instant, c’est une rediffusion de 2017, en moins bien, car il n’y a plus d’innovation, analyse Isabelle Veyrat-Masson. Avec l’effet Macron, la campagne précédente a été excellente. Même les chaînes publiques avaient joué le jeu du spectacle. C’était comme une télé-réalité, avec ses confessions, ses divers éléments… Cette fois, la campagne semble aller de soi. Zemmour a un peu changé les choses, mais ça n’a pas duré. » De plus, la campagne a été reléguée au second plan par « des événements aussi importants sur les lignes de front : la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19. Finalement, les événements peuvent colorer la campagne. “Mais je n’ai pas le souvenir d’avoir revu cette configuration”, note Isabelle Veyrat-Masson, pour qui l’aspect “inintéressant” de la campagne “justifie” que TF1 ne souhaite pas y passer beaucoup de temps lors d’une “nuit importante”. Publique “. Cependant, le chercheur estime “si quelque chose de complètement inattendu se produit au premier tour, je pense que Les Visiteurs seront écartés et TF1 ajustera son antenne”.