Les responsables allemands passeront une grande partie de la journée de lundi à Montréal pour s’entretenir avec les principaux ministres (Finances, Affaires étrangères, Science et Innovation, Ressources naturelles) avant de se rendre à Toronto. Le chancelier allemand Olaf Scholz, qui entame une visite de trois jours au Canada, discutera d’une série de questions avec le premier ministre Justin Trudeau, notamment l’énergie et la guerre en Ukraine. Photo : La Presse canadienne/Graham Hughes De passage aux Îles-de-la-Madeleine vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a réitéré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en évidence la nécessité de faire une transition énergétique et d’aider l’Europe à devenir moins dépendante de la Russie pour l’énergie. MM. À ce titre, Scholz et Trudeau prévoient de discuter de la sécurité énergétique et de la transition vers une énergie propre, notamment grâce à un accès sécurisé à des ressources clés telles que l’hydrogène propre et les minéraux essentiels, selon le cabinet du Premier ministre. À Stephenville, les dirigeants devraient signer un accord qui fixera des délais et des objectifs ambitieux pour les exportations d’hydrogène de l’Allemagne, bien que certains experts disent que l’accord nuira aux engagements climatiques du Canada et ne sera pas une solution à la crise énergétique en Europe. Un consortium de quatre partenaires appelé World Energy GH2 envisage de construire une usine à zéro émission à Terre-Neuve. Il utilisera l’énergie éolienne pour produire de l’hydrogène et de l’ammoniac destinés à l’exportation. S’il est approuvé, ce projet sera le premier du genre au Canada. Le consortium a déclaré que la première phase de ce projet implique la construction de jusqu’à 164 éoliennes terrestres pour alimenter les installations de production d’hydrogène dans un port en eau profonde. Les plans à long terme prévoient de tripler la taille du projet. Plusieurs experts soulignent toutefois que ce n’est qu’après-demain que l’hydrogène vert sera véritablement rentable et suffisamment disponible à grande échelle.

La turbine de la discorde

En juillet dernier, le Canada a renvoyé une turbine en Europe pour le gazoduc Nord Stream 1, qui transporte du gaz russe vers l’Allemagne. Cette turbine a été réparée à Montréal. Photo : (Justin Tang/La Presse canadienne) Cependant, tant que l’Allemagne ne libéralisera pas son secteur énergétique, elle restera largement dépendante du gaz naturel, notamment celui exporté par la Russie. L’Ukraine a critiqué Trudeau et le gouvernement canadien pour avoir décidé le mois dernier d’accepter une demande de l’Allemagne d’exempter Siemens Canada des sanctions contre la Russie afin que l’entreprise puisse réexpédier une turbine pour le gazoduc Nord Stream 1 qui fournit du gaz naturel à l’Allemagne. Cette turbine était en réparation à l’usine Siemens de Montréal, le seul endroit au monde où cet équipement pouvait être réparé et entretenu. Il a été remis à l’Allemagne et devait être emmené en Russie, mais les autorités russes ont jusqu’à présent refusé de l’accepter. La Russie a également réduit le flux de gaz naturel à travers le gazoduc à 20 % de sa capacité et a récemment annoncé qu’elle fermerait complètement la ligne pendant trois jours à la fin du mois, invoquant la nécessité d’une maintenance imprévue. Le permis des autorités fédérales permet également à Siemens d’importer, de réparer et de restituer cinq autres turbines utilisées sur Nord Stream 1, selon son calendrier de maintenance, jusqu’à fin 2024.

La pression de l’Ukraine

Dans une interview, l’ambassadrice d’Ukraine au Canada, Yulia Kovaliv, a de nouveau demandé à Siemens de révoquer cette autorisation. Il a déclaré qu’il était clair que la Russie n’accepterait pas la turbine livrée par Siemens à l’Allemagne. Il a accusé la Russie d’utiliser l’approvisionnement en gaz naturel comme moyen de terroriser l’Europe. “Notre position est très claire : nous pensons que cette exonération doit être annulée immédiatement. » — Une citation de Yulia Kovaliv, ambassadrice de l’Ukraine au Canada Orest Zakydalsky, du Congrès ukrainien canadien, a déclaré que la visite du chancelier sera l’occasion pour eux d’inverser la politique et d’annuler le permis. Les ministres ont cependant défendu cette décision comme nécessaire pour sécuriser l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne. Ils soutiennent que le Kremlin a utilisé le refus du Canada de restituer la turbine pour contester les sanctions internationales concernant les pénuries d’électricité en Europe, ce qui pourrait saper le soutien public à l’Ukraine. Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, lors de sa visite à Saint-Jean (NL), le 8 juillet 2022. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a déclaré dans une interview que le Canada continuera d’évaluer sa décision d’autoriser le retour de la turbine à Gazprom, le géant russe de l’énergie qui exploite Nord Stream 1. C’était évidemment une décision difficile. Nous l’avons pris parce que nous étions convaincus que le fait de ne pas renvoyer la turbine donnerait une excuse à Poutine, a-t-il expliqué. Cela aurait potentiellement pour effet de saper le soutien dont bénéficie l’Ukraine de la part de certaines populations européennes. M. Wilkinson pense que le jeu de la Russie a maintenant été exposé et qu’il y a une pression croissante sur Gazprom et le gouvernement russe. Nous espérons que la turbine sera renvoyée à Gazprom et finalement mise en service, a-t-il déclaré. Il a ajouté que le gouvernement maintient sa décision et estime qu’il est trop tôt pour envisager de modifier l’exemption. Nous devrons voir ce qui se développe dans les mois à venir. […]. Nous poursuivrons évidemment le dialogue avec nos partenaires européens et nos partenaires allemands, a-t-il dit. Démarrez le widget. Omettre le widget ? Fin du widget. Revenir en haut du widget ?