Comment protéger une population de 26 millions de personnes d’une épidémie majeure ? Les autorités de la ville de Shanghai, devenue ces derniers jours le foyer d’une nouvelle vague d’infection au Covid-19 associée à la variante Omicron en Chine, ont décidé sur le champ et ordonné une restriction en deux temps dans cette grande ville. A partir de ce lundi, les habitants de Shanghai vivant dans l’est de la ville sont confinés chez eux jusqu’au 1er avril à 5 heures du matin, avec interdiction d’en sortir. A cette date ce sera au tour de la partie ouest de la ville d’être touchée. Le tronçon qui est limité ce lundi est celui de “Pudong”, qui comprend principalement le principal aéroport international de la ville et le célèbre quartier des affaires avec ses gratte-ciel immenses et emblématiques. A partir de vendredi ce sera le “Puxi”, la moitié ouest de Shanghai, qui sera sous verre. Il comprend la célèbre artère historique du Bund, au bord du Huangpu, le fleuve qui traverse la ville.
L’état de santé se dégrade
Pour la mairie, cette restriction en deux phases vise à accélérer le contrôle de la population et à vaincre les nouvelles contaminations “le plus tôt possible”. Jusque-là, Shanghai tentait d’éviter une retenue totale, qui serait très préjudiciable à l’économie, cherchant plutôt à minimiser les nuisances avec une approche plus ciblée : des restrictions de 48 heures sur les immeubles ou les complexes d’appartements. Seul l’exécutif d’Omicron met à mal le zéro Covid que recherche le ministère de la Santé, qui a signalé des milliers de nouveaux cas quotidiens au cours des deux dernières semaines. Ce dernier a fait état lundi de 3.500 nouveaux cas positifs à Shanghai, poumon économique du pays. Une route du désert à Shanghai, le 28 mars 2022 © Hector RETAMAL / AFP Un niveau très bas au niveau mondial, mais élevé pour la Chine, où le nombre de nouvelles infections quotidiennes a rarement dépassé la centaine depuis le printemps 2020. Ces dernières semaines, des millions d’habitants des zones touchées à travers le pays ont été soumis à des restrictions, comme la métropole technologique de Shenzhen (sud) ou la ville industrielle de Shenyang (nord-est). Mais si Shanghai et ses restrictions précédemment ciblées peinent à venir à bout de l’Omicron, d’autres voient le bout du tunnel. Shenzhen, qui a été complètement écourtée début mars, reprend ses activités car le nombre de nouveaux cas positifs est désormais très faible.
Incompréhension et résignation
L’annonce de cette mesure dimanche après-midi a provoqué un afflux d’habitants dans les supermarchés. Beaucoup d’entre eux sont fatigués de l’incapacité des autorités à contenir cette épidémie malgré des semaines de restrictions. “Je ne pensais pas que ce serait si grave”, a déclaré Guo Yunlong, un habitant de 24 ans, à l’AFP à Shanghai. “Cela affecte de nombreux aspects de nos vies, que ce soit le marché alimentaire, le logement, les transports… Je ne suis pas très optimiste, pour être honnête. De son côté, un homme de 59 ans accuse directement les autorités. “On ne comprend vraiment pas les mesures anti-épidémiques de la mairie. Il y a un manque de cohérence”, déplore-t-il. “Après tout ce temps, la ville est toujours incapable de contrôler le virus et les chiffres continuent d’augmenter”, déplore-t-il encore. Les autorités chinoises ont également observé avec nervosité la vague Omicron à Hong Kong toucher un grand nombre de personnes âgées non vaccinées.