REPÈRES. Selon Bercy, la France est le premier employeur étranger en Russie, avec environ 160 000 salariés. Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, certains d’entre eux ont décidé de se retirer, mais c’est loin d’être le cas pour la majorité. Les entreprises françaises doivent-elles quitter la Russie ? Avant l’invasion russe de l’Ukraine, plus de 500 entreprises françaises (dont 35 équipes du CAC 40) opéraient en Russie, selon le ministère français de l’Économie, tandis que la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe affirmait que “plus de 400 membres” du site de. En 2020, sous le Covid-19, les exportations vers la Russie ont atteint 5,2 milliards d’euros, faisant de la Russie le 7e marché français hors Union européenne, selon Bercy. Toujours de la même source, la France est le premier employeur étranger en Russie, avec environ 160 000 salariés, certains groupes y étant particulièrement présents, comme le groupe Renault, actionnaire à 67 % du constructeur AvtoVAZ (marque Lada). S’adressant au parlement français mercredi 23 mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé les entreprises françaises à quitter le pays de Vladimir Poutine, un choix que peu d’entre elles ont fait jusqu’à présent. Renault suspend ses opérations en Russie Alors que Renault n’avait pas remis en cause sa présence sur le terrain depuis le début du conflit, le constructeur automobile a annoncé après avoir suspendu son usine de Moscou et évalué “les options possibles pour sa participation” dans AvtoVAZ, tout en investissant massivement dans cette filiale et redoutant une nationalisation forcée au cas où de son départ. TotalEnergies dément le pétrole russe Autre groupe du CAC 40 à forte empreinte russe, TotalEnergies produit 16,6% de ses hydrocarbures en Russie, et même 30% uniquement pour le gaz naturel, avec une forte part dans le champ gazier de Yamal au nord du pays. TotalEnergies détient une participation de 20 % dans Yamal LNG, un projet de gaz naturel liquéfié entré en production en 2020, et une participation de 10 % dans Artic LNG 2, dont les livraisons devraient débuter en 2023. Le groupe détient également 19,4 % du gaz russe. géant Novatek. Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyane, a précisé mercredi que son groupe ne pouvait pas renoncer au gaz russe, expliquant qu’il avait signé des “contrats de 25 ans”. Cependant, le groupe a annoncé qu’il abandonnerait tous les marchés du pétrole ou des produits pétroliers russes d’ici fin 2022. Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a accusé l’énergéticien de “complicité de crime de guerre”, ce à quoi le groupe a répondu en annonçant un procès en diffamation contre l’eurodéputé. Toujours en action, le groupe Engie, qui a cofinancé le gazoduc Nord Stream 2, a prévenu qu’il risquait de perdre jusqu’à un milliard d’euros dans le projet suspendu. En revanche, elle n’est pas présente sur le territoire russe, mais elle est actionnaire à 9 % du gazoduc Nord Stream en exploitation. Leroy Merlin reste Autre gros employeur sur le terrain, la Société Générale, actionnaire majoritaire de Rosbank (12 000 salariés), est un poids lourd du secteur bancaire russe. Le 16 mars, le PDG Frédéric Oudéa s’est contenté de rappeler que sa filiale “s’est organisée et gérée de manière autonome après les événements de Crimée” en 2014, sans donner aucune indication sur l’avenir de la présence du groupe dans le pays. En termes de services, de nombreuses marques appartenant à la famille Mulliez sont très bien implantées en Russie, à commencer par Leroy Merlin, qui est le deuxième marché après la France, mais aussi Auchan, qui réalise plus de 10% des ventes en Russie, ou encore encore une fois la marque de sport Decathlon. Adeo, la société du portefeuille de Leroy Merlin, a indiqué mercredi qu’elle poursuivait ses opérations en Russie mais allait “suspendre” ses nouveaux investissements, évoquant dans un communiqué à l’AFP le risque d’une “expropriation qui doperait les ressources financières de la Russie”. il a quitté le pays. Le géant pharmaceutique français Sanofi a également annoncé mercredi qu’il “arrêterait toute nouvelle dépense qui n’est pas directement liée à la fourniture de” médicaments et vaccins essentiels à la Russie et à la Biélorussie “. Plusieurs industries ont fait le choix inverse, comme le luxe et la mode. Début mars, Hermès, rapidement suivi par Chanel, LVMH et Kering, a annoncé la fermeture de ses magasins en Russie, tandis que certains de ses responsables de marques, comme Balenciaga (groupe Kering), ont même repris le dossier de l’Ukraine dans le conflit. . Mais la difficulté est ailleurs pour les entreprises, car la Russie a décidé d’accentuer la pression sur les groupes étrangers qui seraient tentés par un retrait, sans hésiter à attiser le risque de nationalisation des actifs sur le terrain.