Une raison polie dans la forme qui reste, au fond, aussi radicale que ces dernières années. C’est la conclusion d’une étude de la Fondation Jean Jaurès sur l’idéologie, l’image et l’électorat de Marin Le Pen, publiée lundi 4 avril, à six jours du premier tour de l’élection présidentielle.
La candidate d’extrême droite à la présidentielle a tenté, depuis son arrivée en 2011 à la tête du Front national (devenu la Coalition nationale en 2018), d’”adopter une communication beaucoup plus fluide”, mais sa position est “tellement radicale”. notamment sur les questions culturelles et d’immigration, écrit ce groupe de réflexion de centre-gauche.
Dans la forme, cette “diabolisation” a été favorisée par la “rhétorique plus dure” de son adversaire d’extrême droite, Eric Zemour, ainsi que par une “ligne plus stricte” de la droite dite modérée (Les Républicains, LR) et du président parti, La République, dans un contexte de “transformation du paysage médiatique” qui favorise une “normalisation des idées de droite radicale”. Les auteurs du rapport rappellent notamment l’épisode dans lequel le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait accusé, en février 2021, sur France 2, Mme Lepen d’avoir été “un peu molle, un peu tremblante” contre l’islam. Alors que du côté de LR, Eric Ciotti s’est particulièrement fait entendre lors de la campagne de conférence pour “un Guantanamo français” et Valérie Pécresse a fait le lien entre terrorisme et “immigration la plus récente”.
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Mais selon les auteurs du rapport, Marin Le Pen continue de proposer “des mesures fortes pour promouvoir l’ordre public”. En février, à Brest, il s’est engagé à mettre fin “au règne de la terreur de la mafia de la drogue, dont les crimes ne correspondent qu’à l’idéologie islamiste à laquelle ils s’associent si souvent”, et à mettre en place une force d’autodéfense pour faire respecter la loi. Il rejette régulièrement le “multiculturalisme”, arguant que “la migration de masse entrave l’assimilation”. Sur le plan de l’immigration, son programme s’est « durci » depuis 2010, selon la fondation. Il prévoit pour 2022 d’inscrire dans la Constitution la “priorité nationale”, ce qui priverait les étrangers de plusieurs avantages. Il veut aussi, comme Eric Zemour, poursuivre les immigrés clandestins, les criminels et délinquants étrangers, les “fichiers S” étrangers, ainsi que les étrangers au chômage depuis plus d’un an.
“Révolution”
Mme Lepen a également prévenu : la première étape qu’elle fera si elle parvient à l’Elysée sera de soumettre à référendum un projet de loi, déjà rédigé, sur l’immigration et l’identité, et dont découle sa politique. Elle entend, par ce référendum, vider une partie du préambule de la Constitution de 1946 de son contenu et amender au moins six articles de la Constitution de 1958. Pour ce faire, elle entend se prévaloir de l’article 11 de la Constitution, qui ne , cependant, visant à des révisions constitutionnelles. “Ce que propose Marin Lepen est une sorte de coup d’état ! “En particulier, le constitutionnaliste Dominique Rousseau s’est récemment indigné dans un article du Monde consacré au programme du candidat RN.
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Sur le plan économique, le FN est passé du néolibéralisme dans les années 2000 au “socialisme”, du parti anti-fiscal à un “impôt sur la richesse économique” et des mesures en faveur du pouvoir d’achat, selon un rapport de la Fondation Jean Jaurès. C’est aussi sur cette question du pouvoir d’achat que Mme Lepen a bâti sa campagne pour la prochaine élection présidentielle. Les auteurs du rapport notent également “l’évolution encore plus nette” de ses positions sur la “redistribution des richesses”. Le parti d’extrême droite “a très fortement changé de position, passant d’une ligne très claire contre la redistribution dans les années 2000 à un mécanisme plutôt pro-redistribution pour le moment”. “Cette attitude relativement redistributive est un élément supplémentaire d’une stratégie de distanciation”, a déclaré Eric Zemmour.
“Unité nationale”
Quant à son image, Mme Le Pen continue de préoccuper la majorité des Français (51%, contre 53% en 2017), mais désormais 39% des Français (contre 21%) estiment qu’elle a le structure de son Président 46% qui “comprend les problématiques des gens comme nous” (contre 22%), selon les résultats d’une enquête Ipsos-Sopra Steria en collaboration avec le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès pour Le Monde.
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Dans le journal, le candidat a tenté ces dernières semaines d’apparaître comme le “président de la paix politique”, de “l’unité nationale”. Affirmant avoir tiré une leçon de sa défaite en 2017, Mme Lepen a quitté la posture de contestation pour se montrer avec un visage plus souriant, comme si elle “dormait mieux sur le front républicain” ou parlait confortablement dans des canapés. univers du soft “qui permet” d’oublier la dureté de son programme “, estime, enfin, la fondation.
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Le monde avec l’AFP