Nouvelle tournée entre Kiev et Moscou. Alors que les négociateurs russes et ukrainiens se retrouvent mardi pour un nouveau round de pourparlers à Istanbul, la question de la “neutralité” de l’Ukraine se pose. Le président Volodymyr Zelensky le soumet cependant à un vote favorable du peuple ukrainien. Mais dans un contexte où des milliers d’habitants ont fui leur foyer, voire leur pays, où des milliers de victimes civiles sont à dénombrer et où l’armée russe poursuit ses opérations, il est difficile d’imaginer des élections. Et les rapports diffusés ces derniers jours, notamment à Marioupol, ne laissent présager quasiment aucune trêve dans ce conflit qui dure depuis plus d’un mois.
• 5 000 morts à Marioupol selon la présidence ukrainienne
Tatiana Lomakina, conseillère de la présidence ukrainienne sur les couloirs humanitaires, a déclaré à l’AFP qu’au moins 5.000 personnes avaient été tuées dans la ville de Marioupol, assiégée par l’armée russe, depuis le début du conflit. “Les gens n’ont pas été enterrés depuis dix jours à cause des bombardements incessants”, a-t-il dit, ajoutant que “vu le nombre de personnes encore sous les décombres (…), il pourrait y avoir environ 10.000 morts”. Interrogée plus tôt ce lundi sur BFMTV, Tatiana Lomakina a dressé le même bilan et mis en garde sur la situation humanitaire des habitants qui ne peuvent pas quitter Marioupol. Dans le même temps, de nouveaux combats ont éclaté lundi en plusieurs endroits autour de Kiev, notamment à Stoyanka, à l’extrémité ouest de la capitale. Près de Kharkiv, les forces ukrainiennes ont réussi à reprendre le contrôle d’un village. Enfin, de nouveaux incendies se sont déclarés dans le secteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, poussant Kiev à exiger la “démilitarisation” du secteur sous l’égide de l’ONU.
• La ville d’Irpin a été occupée par l’armée ukrainienne
L’Ukraine a annoncé lundi soir que la ville d’Irpin, théâtre de violents combats dans la périphérie de Kiev, avait été reprise par les forces russes. “La ville a été libérée, mais il est toujours dangereux d’y être”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Dennis Monastirsky à la télévision, confirmant que le maire, Alexander Markutsin, avait précédemment déclaré avoir endommagé l’entrée nord-ouest de la capitale. “En fait, cela se passe maintenant en parallèle : les forces armées avancent, la police avance et les rues sont complètement nettoyées immédiatement”, a encore déclaré le ministre. Le principal poste de contrôle sur la route d’Irpin à l’extérieur de Kiev a rouvert lundi, deux semaines après sa fermeture aux médias à la suite du décès d’un journaliste américain.
• Le cas d’une rencontre Poutine-Zelensky écartée par Moscou
Le chef de la diplomatie russe a estimé qu’une rencontre de Vladimir Poutine avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky serait pour l’instant “contre-productive” et l’a défini par l’adoption des exigences de Moscou dans les négociations. “Vladimir Poutine” a déclaré qu’il ne refuserait jamais une rencontre avec le président Zelensky, mais cette rencontre doit être bien préparée (…) Le conflit en Ukraine s’est aggravé au fil des années, de nombreux problèmes se sont accumulés”, a déclaré Sergueï Lavrov. “Alors se réunir et dire ‘Qu’en pensez-vous ? Je pense…’ serait juste contre-productif”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, avec des délégations russe et ukrainienne attendues lundi à Istanbul pour un nouveau sommet de ses discussions. Le diplomate russe a confirmé les exigences du Kremlin au début de l’offensive contre Kiev le 24 février : la protection de la population du Donbass, ainsi que la “démilitarisation” et le “dézonage” de l’Ukraine.
• La Russie veut limiter son accès aux ressortissants de nombreux pays
Dans le même temps, Sergueï Lavrov a annoncé qu’un décret était en préparation pour restreindre l’accès au territoire russe aux ressortissants des pays responsables d’actes “inamicaux”, sur fond d’une vague de sanctions contre Moscou. “Un projet de décret présidentiel est en préparation pour riposter contre les visas en lien avec les actions hostiles de nombreux gouvernements étrangers”, a déclaré M. Lavrov lors d’une réunion du parti au pouvoir Russie unie, sans préciser les pays et les types de sanctions imposées. particulier. Face aux sanctions économiques occidentales, Moscou a pourtant publié début mars une liste de pays “inamicaux”, qui comprend les Etats-Unis, les membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, la Suisse, Taïwan, la Corée du Sud. , la Norvège et l’Australie.
• Un journal russe indépendant a suspendu sa publication
“Pas d’autre solution” face à la “censure militaire” : le journal indépendant russe Novaïa Gazeta a annoncé lundi suspendre ses publications jusqu’à la fin de l’intervention en Ukraine, dans un durcissement complet du Kremlin contre les voix dissidentes. Pilier du journalisme d’investigation, Novaïa Gazeta publie des enquêtes sur la corruption et les violations des droits de l’homme en Russie depuis près de 30 ans. En 2021, cet ouvrage a valu à son éditeur, Dmitry Muratov, le prix Nobel de la paix. Hugues Garnier avec le reporter AFP BFMTV