L’histoire se répète. Le 6 février, Santo Mane a permis au Sénégal de remporter la première Coupe d’Afrique des Nations de son histoire, inscrivant le dernier tir au but de la finale face à l’Egypte. Près de deux mois plus tard, Sadio Mané a lui-même mené les Lions de la Teranga au Qatar, convertissant un autre tir au but décisif, à nouveau contre les Égyptiens, cette fois lors du deuxième match de qualification pour la Coupe du monde 2022. Mardi 29 mars, à 30 kilomètres de Dakar, le stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio devait d’abord être baptisé (inauguré le 22 février 2022 lors d’une course de gala). Les 50 000 billets avaient – bien sûr – trouvé des détenteurs. L’ouverture était prévue à 17 heures (heure locale), mais à midi, des milliers de personnes se faisaient déjà entendre dans les gradins. Quand vient l’heure de l’hymne égyptien, le chant des coéquipiers de Mohamed Salah ne se fait pas entendre, couvert par le bruit des tribunes. Puis des points verts apparaissent sur les visages des joueurs visiteurs : ce sont des lasers pointés depuis les tribunes. Le match n’a pas encore commencé, mais le ton est déjà donné. Ce soir s’annonce électrique.

Nuit électrique

Cela devient plus quand le Sénégal ouvre le score à la 3ème minute. Après une faute commise par Idrissa Gueye vers le second poteau, le ballon, mal repris de la tête par un défenseur, atterrit sur les pieds de Boulaye Dia, qui n’hésite pas à faire chavirer les cordes de près. Grâce à cette prise de conscience précoce, les Lions de la Teranga rattrapent ainsi le retard qu’ils ont concédé au premier tour. 1-0, c’était déjà le score du premier match en faveur de l’Egypte vendredi dernier au Caire. Ali Cissé de l’équipe sénégalaise et Carlos Queiroz de l’équipe égyptienne s’accusent mutuellement : très vite, l’arbitre doit venir calmer les deux entraîneurs. Au fur et à mesure du match, les joueurs réclament des fautes et semblent de plus en plus nerveux. L’intensité de la tribune imprègne le stade. Frappé au contact de Saliou Ciss dès le début, l’Egyptien Omar Gaber a été contraint de quitter son poste sur blessure à la 36e minute. Pendant ce temps, le coéquipier de Mahmoud Hamdy avait déjà été contraint de quitter ses coéquipiers en raison de douleurs à la cuisse. Avant la mi-temps, la moitié de la défense égyptienne a déjà été reconstruite. Dominant la première période, les Lions de la Teranga ont raté leurs occasions après la pause. Aucune des deux équipes ne parvient à inquiéter le gardien adverse. Conséquences : la prolongation devient inéluctable, comme lors de la finale de la CAN. A la 95e minute, le stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio est déjà prêt à se réjouir quand Sadio Mané réalise un centre idéal dans la transversale vers Ismaïla Sarr. L’attaquant sénégalais a le but grand ouvert devant lui, mais il frappe du talon et le ballon revient miraculeusement sur le gardien égyptien, Mohamed El Senaoui.

Essaim laser

Ce “remake” de la finale de la dernière KAN s’étend jusqu’aux tirs au but. Une séance perplexe qui débutera par quatre tentatives ratées (deux de chaque côté), dont celle de Mohamed Salah. Comme tous ses coéquipiers, la star égyptienne a dû faire face à une nuée de lasers braqués sur ses yeux depuis les tribunes. Il a envoyé le ballon bien au-dessus de la barre transversale. Son ami et coéquipier à Liverpool, Santio Mane, a la vision claire de frapper la cinquième tentative du Sénégalais dans l’axe et de l’offrir à ses supporters. Comme en 2002 et 2018, les Lions de la Teranga participeront à la Coupe du monde. Le Ghana accompagnera le Sénégal au Qatar. Après un match nul 0-0 à l’aller et un match nul 1-1 contre le Nigeria, les Black Stars ont obtenu leur ticket pour le but à l’extérieur – une règle qui a été retirée des Coupes d’Europe mais qui s’applique toujours dans ces éliminatoires de la Coupe du monde dans la zone africaine. Florian Lefèvre