Les décodeurs, au début de nombreuses investigations sur le sujet, feuillettent les grandes idées prises dans les archives McKinsey, où l’information documentée côtoie la toxine.
Emmanuel Macron est-il proche de McKinsey ?
Les liens entre le président et McKinsey sont nombreux, comme déjà documenté par une enquête Le Monde de février 2021. Si McKinsey n’a pas joué de rôle formel dans la campagne 2017 de Macron, plusieurs dirigeants ou “ex” de l’entreprise y ont investi sur leur temps libre, comme Karim Tadjeddine (l’actuel patron du “secteur public” de l’entreprise), Eric Hazan (l’un des leaders de l’industrie numérique) ou Guillaume de Ranieri (responsable de l’aérospatiale et de la défense). Après la victoire, certains de ces conseillers ont rejoint des postes d’influence au sein de la longévité. Ainsi, Ariane Komorn a quitté McKinsey, où elle travaillait depuis 2014, pour prendre la tête du service engagement de La République en marche, en juin 2017. Si ce dernier a quitté le parti présidentiel en 2021, le cas de Paul ne s’applique pas. Midy (succédé par McKinsey de 2007 à 2014), qui en est le PDG depuis 2019. Un autre consultant, Mathieu Maucort, chez McKinsey de 2013 à 2016, était alors directeur de cabinet adjoint du numérique Mounir Mahjoubi.
Macron a-t-il “favorisé” McKinsey pour lui attribuer des contrats ?
Suite aux révélations sur le rôle qu’a joué McKinsey pendant la crise sanitaire, beaucoup suspectent un favoritisme de la part du président de la République par rapport au cabinet américain. Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand s’est par exemple interrogé sur le “traitement préférentiel de cette entreprise par rapport aux autres”, en contrepartie du rôle joué par certains de ses conseillers lors de la campagne de M Macron. Emanuel Macron s’est vigoureusement défendu le 27 mars : “On a l’impression qu’il y a des trucages, ce n’est pas vrai. Il existe des règles pour les marchés publics. » Rappelons d’abord que l’influence de McKinsey dans la sphère publique ne date pas du mandat de l’actuel chef de l’Etat. Nous ne disposons pas de données aussi détaillées pour les cinq dernières années, mais nous savons, par exemple, que le cabinet américain travaillait déjà pour le gouvernement lorsque Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient présidents. De plus, comme le rappelle Emmanuel Macron, toutes les missions confiées à McKinsey passent, en principe, par un processus d’appel d’offres supervisé, qui vise à assurer la concurrence entre les entreprises candidates tout en évitant le favoritisme. Lorsqu’un ministère en a besoin, il le formule dans un cahier des charges, propose un prix indicatif et invite publiquement les entreprises à soumettre des candidatures. Après examen des dossiers, il attribue le contrat à l’entreprise qui a fait la meilleure proposition. En cas de suspicion de favoritisme, les candidats frustrés peuvent porter plainte – c’est ce qu’a fait un concurrent de McKinsey pour un contrat attribué en 2021. Cependant, plusieurs mécanismes juridiques permettent d’adapter ces règles, à commencer par les accords-cadres. LE DIRECTEUR ? Une poignée de prestataires de services sont sélectionnés par le gouvernement dans le cadre d’un large appel d’offres horizontal pour les “prestations intellectuelles”. Les différents ministères peuvent alors puiser dans les crédits qui leur sont alloués pour engager des conseillers pour toute mission. Comme plusieurs de ses concurrents, McKinsey fait partie des lauréats de deux accords-cadres géants attribués en 2018 et 2019 par deux centres commerciaux publics (DITP et UGAP), qui pénalisent les plus petites entreprises. De nombreux ministères l’appellent ainsi, selon diverses méthodes visant à assurer un « turn-over » des entreprises lauréates. Autre contournement possible : un ministère peut invoquer l’urgence de la situation ou le « droit de suite » pour renouveler l’expédition d’une entreprise déjà sur place sans nouvel appel d’offres. C’est grâce à cela que le ministère de la Santé a donné 18 emplois consécutifs à McKinsey et Accenture pendant la pandémie, comme le note le rapport du Sénat sur les cabinets de conseil. Enfin, McKinsey a pu profiter d’un avantage indirect accordé par Emmanuel Macron : l’Elysée a en effet choisi l’entreprise américaine pour l’accompagner, sur la base du volontariat, dans l’accueil du Tech for Good Summit, qui a vu les patrons du numérique chez . . Une option sans appel d’offres, puisque McKinsey est intervenu sur la base du volontariat. Cependant, McKinsey a pu par la suite utiliser ce volontariat comme argument dans son dossier de candidature à un large appel à propositions pour des missions de conseil, initié par la centrale d’achat de l’Etat (UGAP, Union des groupements d’approvisionnement) – proposant d’inviter leurs dirigeants à La technologie pour le bien.
Quelles missions McKinsey a-t-il menées pendant le quinquennat de Macron ?
Si le nom de McKinsey a été largement médiatisé ces dernières semaines, il est loin d’être le seul cabinet de conseil mis en avant dans le récent rapport du Sénat. Selon les estimations du Sénat, qui s’appuient sur des données fragmentaires, McKinsey ne représente que 1% des dépenses des conseils d’Etat entre 2018 et 2020, loin derrière Capgemini (5%) et l’Eurogroupe (10%). Cependant, il est indéniable que la société américaine a été associée à certains des projets les plus importants de son quinquennat. Selon une étude du Monde, McKinsey a effectué au moins une quarantaine de missions pour le compte du gouvernement, de la présidence ou d’agences gouvernementales entre 2018 et 2021, pour un coût compris entre 28 et 50 millions d’euros. L’entreprise a multiplié les expéditions pendant la pandémie de Covid-19, travaillant sur les vaccinations, les tests, le carnet de santé, et même des scénarios de reprise des transports en commun après la fermeture, pour au moins 13 millions d’euros. McKinsey a également accompagné la direction dans la préparation de plusieurs réformes sociales : retraites (920 000 €), aide personnalisée au logement (3,9 M€), prime malus-assurance chômage (327 060 €), pension alimentaire (260 880 €) et aide à l’adaptation du logement jusqu’au vieillissement (300 630 euros). Théoriquement, les consultants n’étaient chargés que d’apporter un soutien technique à ces projets, pas d’inspirer leur contenu politique. Le rapport du Sénat notait toutefois qu’il était parfois difficile de tracer la ligne : dans ses recommandations au gouvernement pour reconstituer le stock stratégique de gants médicaux, McKinsey a par exemple clairement indiqué sa préférence pour un scénario de résiliation anticipée de sa distribution aux médecins. et des institutions sociales, le moment de la reconstitution du stock – qui n’est pas un choix neutre. La mission de 18 millions d’euros que Bercy a confiée à McKinsey et EPSA pour rationaliser la politique d’achat des établissements publics a également une dimension politique, puisqu’elle vise à identifier 200 millions d’euros d’économies potentielles, avec des implications pour le public connecté. Stratégies. L’entreprise est également intervenue dans des missions dont l’intérêt stratégique a été critiqué par le rapport du Sénat, comme la rédaction d’un guide du télétravail à la fonction publique (envoi de 235.620 euros, entièrement sous-traité à une autre entreprise) ou la levée d’inquiétudes sur l’avenir du métier d’enseignant (496.800 euros). ) destiné à un symposium international qui n’a jamais eu lieu.
McKinsey a-t-il recommandé de baisser les APL ?
De nombreux responsables politiques et internautes se sont choqués que McKinsey ait “conseillé” au gouvernement de réduire les 5 € d’aide personnalisée au logement (APL) décidée au début du mandat d’Emanuel Macron. C’est une erreur, qui vient d’une déclaration inexacte faite par la sénatrice Eliane Assassi lors de la présentation de son rapport sur les cabinets de conseil le 17 mars dernier. L’élu communiste a en fait confondu les deux réformes de l’APL mises en place durant son quinquennat. La première réforme, paramétrique, consistait en une baisse uniforme des APL de 5 euros par mois : annoncée en juillet 2017 par le gouvernement d’Edouard Philippe, soutenant l’urgente nécessité de trouver 100 millions d’euros pour boucler le budget de cette aide. Jusqu’à preuve du contraire, McKinsey n’est pas intervenu dans cette décision qui avait provoqué l’indignation. Une deuxième réforme…