Posté hier à 23h10.
                Julie CHABANASAgence France-Presse             

Les majestueuses montagnes de Grand Teton, dans le Wyoming, accueillent cette réunion chaque année, sous la houlette de la Banque centrale américaine (Fed), depuis l’époque de son ancien président Paul Volcker. Le moment le plus attendu de ce “symposium” sera le discours du président de la Fed, Jerome Powell, vendredi. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ne fera pas le déplacement aux États-Unis. Mais Isabel Schnabel, membre allemande du directoire de la BCE, participera à un panel samedi. Andrew Bailey, gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), a confirmé qu’il serait présent à Jackson Hole, mais uniquement pour observer les discussions, et non pour y participer. “Les cartes sont sur la table au niveau économique : un ennemi commun qui est l’inflation, un risque de ralentissement excessif de l’économie. Il faut choisir entre les deux”, a déclaré à l’AFP Gregori Volokhine, gérant de portefeuille chez Meeschaert Financial Services. Cependant, “la Fed ne peut pas dire qu’elle doit choisir […] augmenter le chômage pour réduire l’inflation, mais c’est l’option qui s’offre à elle », souligne-t-il.

“Transition”

Cette réunion intervient à un moment où les banques centrales du monde entier resserrent leur politique monétaire pour lutter contre l’inflation. Au risque toutefois de freiner la reprise. La puissante Réserve fédérale américaine a déjà augmenté ses taux d’intérêt à quatre reprises depuis mars. D’abord du quart de point habituel, avant que le rythme ne s’accélère. Et l’inflation a amorcé un ralentissement bienvenu en juillet à 8,5 % sur un an, après avoir dépassé en juin un record de plus de 40 ans de hausse des prix de +9,1 %. Tous les regards sont désormais tournés vers la prochaine réunion monétaire, les 20 et 21 septembre, pour laquelle une autre forte hausse d’un demi-point voire de trois quarts de point de pourcentage est sur la table. « La conférence de Jackson Hole est incroyable […] cela apporte de vraies nouvelles sur les plans de la Fed pour les futures hausses de taux », selon Carola Binder, qui enseigne l’économie au Haverford College en Pennsylvanie. Les taux oscillent entre 2,25 et 2,50%, à la limite du niveau dit “neutre”, qui ne stimule ni ne freine l’économie, estimé entre 2,00% et 3,00%. Jerome Powell, dans son discours, «voudra souligner la transition possible qui se produira avec la politique monétaire à l’avenir. Une chose qu’ils veulent absolument communiquer, c’est qu’ils restent très concentrés sur la stabilité des prix”, note Jonathan Millar, économiste chez Barclays.

Fiabilité

“Jackson Hole pourrait être très important pour nous éclairer” sur l’opportunité de maintenir des taux d’intérêt élevés malgré le ralentissement économique, prédit également Mazen Issa, spécialiste des changes chez Valeurs Mobilières TD. Le PIB américain s’est déjà contracté au cours des deux premiers trimestres, ce qui correspond à la définition classique d’une récession. Or, selon les économistes, ce n’est pas le cas aujourd’hui aux États-Unis, notamment en raison de la stabilité du marché du travail, qui est revenu en juillet aux niveaux d’avant la pandémie, avec un taux de chômage à 3,5 % et tous les emplois détruits sont maintenant en cours de reconstruction. Il y a un an, lors de ce “symposium”, Jerome Powell évoquait des “facteurs de transition” et alertait sur les dangers d’un durcissement prématuré. Cependant, l’inflation s’est depuis avérée plus forte que prévu, dépassant les prévisions des banquiers centraux.