Mais alors faut-il se préoccuper de la santé des enfants ? Sont-ils plus touchés que les adultes ? Les formes graves se sont-elles multipliées chez les plus jeunes ?

Un taux d’incidence proche de celui du reste de la population

Selon les derniers chiffres de la Santé publique française, le taux d’incidence normalisé en sept jours chez les 10-19 ans était de 1 546 au 24 mars, légèrement supérieur à celui du reste de la population. En revanche, le taux d’incidence chez les enfants de moins de 10 ans était un peu plus faible, à 978 cas par semaine pour 100 000 enfants. Le virus circule donc dans les mêmes proportions chez les mineurs et les adultes. En revanche, si on étend à l’ensemble de la cinquième vague, c’est-à-dire à partir de début novembre, les enfants sont effectivement plus infectés : le taux d’incidence entre 10-19 ans a approché 7 000 hauteur de vague, soit près du double de la population dans son ensemble. C’est le groupe d’âge qui a atteint le taux d’incidence le plus élevé, juste avant l’âge de 10 ans. Cela peut s’expliquer par le protocole mis en place à ce moment-là dans l’école, qui exigeait que tous les élèves de la classe soient testés trois fois lorsqu’un enfant était testé positif. Ce protocole a été assoupli et un seul test est désormais nécessaire pour les camarades de classe positifs au Covid.

Perspective d’augmentation des hospitalisations

Au-delà des cas positifs, il y a surtout le risque d’une forme grave qui inquiète les parents. Le nombre d’enfants Covid-positifs pris en charge était en effet beaucoup plus élevé qu’au début de la cinquième vague. Fin janvier, plus de 1 150 enfants étaient soignés au Covid, alors que ce nombre n’avait jamais dépassé les 200. Au 24 mars, 501 enfants étaient encore soignés au Covid. Si cette augmentation importante est inquiétante, ces chiffres sont toutefois à prendre en compte : les 501 personnes de moins de 20 ans qui ont été soignées le 24 mars ne représentent que 2 % des 20 000 personnes qui ont été soignées au Covid. De plus, ces chiffres comptabilisent toutes les personnes admises à l’hôpital avec le Covid, mais ne précisent pas si c’est cette maladie qui est la principale cause de leur hospitalisation. Un enfant qui est soigné pour une autre raison, mais qui a été trouvé positif à son arrivée à l’hôpital, est donc compté dans ces chiffres. Cependant, un point mérite l’attention : l’augmentation du nombre de cas de Pims (syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique). Il s’agit d’une complication grave qui, selon la Haute Autorité de santé, se caractérise par “une forte fièvre, une altération sévère de l’état général et des points digestifs”. La Santé publique note dans son dernier bilan du 24 février “une augmentation très importante du nombre de cas Pims depuis début décembre 2021 et ce nombre reste élevé début 2022”. Dans le détail, 226 cas de Pims associés au Covid ont été enregistrés entre le 21 novembre 2021 et le 20 février 2022, soit plus du quart de tous les cas de Pims depuis le début de la pandémie. “L’impact de l’épidémie de grippe sur les urgences pédiatriques a été bien plus spectaculaire que celui du Covid”, a déclaré à franceinfo Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie. “Covid n’est pas vraiment un problème pédiatrique majeur.” Selon le dernier bulletin Oscour du SPF, un peu moins de 1 000 enfants de moins de 15 ans se sont rendus aux urgences pour une suspicion de Covid durant la semaine du 14 au 20 mars, contre plus de 4 000 pour la grippe.

Les incertitudes sur le long Covid

Long Covid fait référence à la persistance des symptômes de Covid pendant au moins douze semaines après une infection. Pour les enfants comme pour les adultes, il existe encore des incertitudes sur cette maladie, car il est souvent difficile ou non d’attribuer les symptômes du Covid qui apparaissent plusieurs semaines ou mois après l’infection. Les résultats de diverses études s’accordent à dire que les enfants peuvent souffrir de cette pathologie, mais les preuves présentées varient considérablement. Début mars, une étude britannique (en anglais) se montrait plutôt rassurante, estimant que seulement 1% des jeunes de 5-11 ans et 3% des jeunes de 11-18 ans souffraient de Covid long. Mais une étude américaine publiée le 13 mars a révélé que plus d’un quart des enfants développent des symptômes de Covid longtemps après avoir été infectés. En France, la Haute Autorité de santé estime que l’incidence du Covid au long cours est plus faible chez les enfants que chez les adultes et que 2 à 5 % des enfants en souffrent après infection.

Les décès d’enfants restent élevés

Les décès liés à Covid parmi les personnes de moins de 20 ans sont extrêmement rares, mais ont augmenté ces derniers mois par rapport à l’épidémie. Au 1er novembre 2021, début de la cinquième vague, 27 décès de moins de 20 personnes positives au Covid ont été enregistrés, soit plus que les 20 décès enregistrés lors des quatre vagues précédentes, selon les chiffres de la Santé publique. Quatre enfants sont morts alors qu’ils étaient infectés depuis début mars. Comme pour les hôpitaux, Christèle Gras-Le Guen se veut rassurante : “La cinquième vague a contaminé beaucoup plus d’enfants que les précédentes, donc on a peut-être eu des enfants qui sont morts d’autre chose après avoir été testés positifs. Il y a aussi des enfants atteints de maladies chroniques chez qui la fièvre Covid peut déclencher une crise de la maladie et éventuellement entraîner la mort. Mais les parcours des enfants semblables à ceux des adultes, avec des décès associés uniquement au Covid-19, sont extrêmement rares, voire quasi inexistants. »