La réalité des frappes est indéniable, ce qui explique probablement pourquoi les autorités russes n’ont pas tenté de contenir ou de dissimuler les faits. Plusieurs chaînes locales Telegram, ainsi que celle du média Baza, qui ont été bien accueillies dans les milieux sécuritaires russes, ont publié des vidéos où l’on voit clairement des roquettes toucher la cible avant l’aube. L’une de ces vidéos montre deux hélicoptères d’attaque. Le cas d’une société ukrainienne très probable a été rapidement retenu par les autorités russes. Cela n’a pas encore été confirmé par la partie ukrainienne. “Un incendie dans un dépôt pétrolier a été déclenché par une frappe aérienne de deux hélicoptères de l’armée ukrainienne qui sont entrés sur le territoire russe à basse altitude”, a déclaré au Telegram le gouverneur régional de Belgorod, Vyacheslav Gladkov. Selon la même source, deux personnes travaillant dans cet entrepôt géré par Rosneft ont été blessées. Le ministère russe des Situations d’urgence a déclaré que 170 secouristes avaient été dépêchés sur les lieux. Vendredi matin après l’aube, un important incendie était encore visible sur place, avec au moins huit chars en feu. Les habitants de trois rues avoisinantes ont été évacués. Depuis le 24 février, les aéroports de plusieurs régions du sud de la Russie, dont Belgorod, ont été fermés. La ville elle-même est à une vingtaine de kilomètres de la frontière, juste au nord de la ville ukrainienne de Kharkiv. Un autre incident inquiétant s’y est produit mercredi, avec l’explosion d’un dépôt de munitions. Les autorités ont décrit plus tard l’incendie comme une “erreur humaine” qui ne pouvait être contestée. Depuis fin février, des missiles individuels se sont également posés sur le sol russe à plusieurs reprises, sans pouvoir retracer leurs origines. Avant le déclenchement du conflit, alors que Moscou cherchait encore un prétexte pour lancer son opération, les autorités russes avaient affirmé qu’elles repoussaient une attaque terrestre ukrainienne, en utilisant des images clairement montées. Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)