Les rebelles yéménites houthis ont revendiqué vendredi 25 mars dans un communiqué une série de 16 attaques dans le sud de l’Arabie saoudite et Djeddah (ouest du pays) visant diverses infrastructures, dont une centrale électrique, une station d’eau et une installation pétrolière. Les frappes ont eu lieu à la veille du septième anniversaire de l’intervention d’une coalition militaire dirigée par Riyad au Yémen pour combattre les rebelles houthis près de l’Iran. Ils n’ont fait aucune victime, selon Ryad. Le plus impressionnant s’est retourné contre les chars du géant pétrolier Aramco, à Djeddah, provoquant un gigantesque incendie. “La catastrophe a été maîtrisée”, a déclaré le porte-parole de la coalition, Turki Al-Maliki, ajoutant que l’incident n’aurait pas d’impact sur “les activités de Djeddah”. Cela s’est passé non loin du circuit de Formule 1 où se déroulent les entraînements gratuits du Grand Prix, prévus dimanche. La deuxième session a également été retardée de quinze minutes. Les essais du Grand Prix de Formule 1 d’Arabie Saoudite ont été reportés au 25 mars 2022. HAMAD I MOHAMMED / REUTERS
Le supporter du championnat de Formule 1 a déclaré que l’événement se poursuivra “comme prévu”. Dans l’après-midi, une rencontre de quatre heures a eu lieu entre les pilotes, leurs chefs d’équipe et les principaux dirigeants du championnat automobile, sans annonce officielle à la fin. “Prêt et pleinement concentré sur les qualifications de demain [samedi] “, a ensuite écrit le Mexicain Sergio Perez, confirmant tacitement la décision de se battre. La course de dimanche est la deuxième de la saison de Formule 1. Prêts et parfaitement focalisés pour la qualité de demain ! 💪 Prêt et concentré sur les qualifications de demain… https://t.co/3xG80zi9oN – SCHecoPerez (@SergioPerez)

“Toucher le nerf de l’économie mondiale”

Les grenades propulsées par roquettes et les véhicules aériens sans pilote (UAV) ont été tirés depuis les villes tenues par les rebelles de Sanaa, la capitale du Yémen, et Hodeidah, un port majeur de la zone tenue par les rebelles. Ils ont provoqué des représailles de la coalition, qui a annoncé l’agence officielle saoudienne SPA dans la nuit de vendredi à samedi, “contre les sources de menace à Sanaa et Hodeidah”. “L’opération militaire se poursuivra jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints”, a-t-il ajouté, citant la coalition. Lire aussi Article pour nos abonnés Nouvelle escalade dans la guerre au Yémen
Les États-Unis ont qualifié les attaques des rebelles yéménites d’”inacceptables”. “Nous continuerons à travailler avec nos partenaires saoudiens pour renforcer leurs systèmes de défense alors que nous travaillons pour une solution durable au conflit au Yémen”, a déclaré la porte-parole du département d’Etat Jalina Porter. “Ces attaques, qui menacent la sécurité de l’Arabie saoudite et la stabilité de la région, doivent cesser immédiatement”, a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. [liée à la] prolifération de drones et de missiles ». En ciblant les installations pétrolières, les Houthis tentent de « toucher le nerf de l’économie mondiale », a déclaré Turki Al-Maliki. Lire aussi : Yémen : la coalition saoudienne bombarde le ministère rebelle de Sanaa
Les prix du pétrole ont fortement augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, qui a interrompu l’approvisionnement mondial alors que Moscou était frappée par les sanctions occidentales. Le Royaume d’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole brut, avait déjà mis en garde lundi contre le risque de chute de la production pétrolière après plusieurs attaques des Houthis.

Riyad ne veut pas augmenter sa production de pétrole

Un responsable du ministère saoudien de l’Energie, cité par l’agence officielle SPA, a de nouveau mis en garde vendredi sur la menace que font peser ces attaques “pour la sécurité de l’approvisionnement mondial en pétrole”. “L’Arabie saoudite n’assumera aucune responsabilité en cas de pénurie de pétrole sur les marchés mondiaux”, a ajouté le responsable saoudien, accusant l’Iran de “continuer à fournir des drones et des missiles” aux Houthis. Dimanche, l’une des attaques a forcé Aramco à réduire “temporairement” sa production et à plonger dans les stocks pour compenser. Depuis le début de la crise ukrainienne, les pays occidentaux poussent l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dirigée par l’Arabie saoudite, à augmenter la production. La monarchie du Golfe est cependant restée sourde à ces appels, fidèle à ses engagements envers l’alliance OPEP+, qui comprend la Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole brut. Lire aussi Arabie saoudite : les rebelles houthis attaquent les installations pétrolières d’Aramco
Sept ans après les premières frappes du 26 mars 2015 au Yémen, l’opération militaire menée par Riyad a montré ses limites sur le terrain et mis en lumière l’une des pires crises humanitaires au monde. Il était certes possible d’arrêter l’avancée des rebelles houthis dans le sud et l’est, mais pas de les déplacer du nord du pays, notamment de la capitale Sanaa. Selon les Nations Unies, le conflit a tué près de 380 000 personnes, la plupart liées à la faim, à la maladie et au manque d’eau potable. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe six monarchies pétrolières arabes dominées par l’Arabie saoudite, s’est dit mi-mars prêt à tenir des pourparlers de paix avec les rebelles houthis, mais ces derniers ont refusé de rejoindre le P s’ils le faisaient. La coalition a déclaré vendredi qu’elle “avait fait preuve de retenue” pour donner une chance aux pourparlers. Le Monde avec AFP et Reuters