Le corps laissé devant les urgences de Ruffec

Tout commence vers 22h. Cette nuit-là, un jeune agriculteur de 35 ans se trouvait chez lui à Longré avec sa fille de 3 ans. Il entend alors un groupe de personnes envahir sa maison. Il se sent menacé, pour lui et pour son petit, il sort son arme, voit les cambrioleurs et tire deux fois. L’un des missiles manque sa cible, l’autre est sur la poitrine d’un des cambrioleurs. Gros calibre. À bout de souffle, Jorja, une voisine de 15 ans, entend les coups de feu. Tout d’abord, il croit aux “feux d’artifice, comme c’est souvent le cas. J’ai envoyé un texto à ma sœur pour lui demander si elle avait entendu. » Les deux jeunes filles se percent les oreilles par la fenêtre, distinguant les sons de “l’homme confus”. Ensuite, écoutez une voiture ralentir. Les trois autres cambrioleurs ont récupéré leur assistant blessé et se dirigent vers l’hôpital de Ruffec, à 20 km. Selon le procureur adjoint Aude de Vallée, “le corps est déposé” devant l’entrée des urgences. Abandonné. Les soignants trouvent “un homme blessé par balle”, raconte Aude de Vallée. Les médecins tentent de rajeunir le quadragénaire. En vain. Face à l’urgence, après avoir quitté leur collègue, les cambrioleurs étaient occupés à se débarrasser de leurs gants, mais ont pris la fuite en voyant les caméras de surveillance. Plus tard dans la nuit, le personnel médical a reçu plusieurs appels téléphoniques de personnes qui semblaient poser des questions sur la victime, avec un fort accent étranger. Rapidement le rapprochement se fait avec les coups de feu de Longre et cette tentative de cambriolage ratée. L’accès à la propriété est désormais interdit. Julie Desbua L’homme de 35 ans qui lui a tiré dessus a été interpellé par la police puis entendu dans le week-end par les enquêteurs de la brigade d’investigation de Confolens. Il explique aux gendarmes qu’il s’est senti menacé et a agi en état de légitime défense. Il a ensuite été conduit au parquet d’Angoulême lundi matin. Qui a ouvert une information judiciaire “pour meurtre”, suggère Aude de Vallée. L’accusé a été libéré et placé sous contrôle judiciaire. Il lui est interdit de se présenter dans sa maison et sa maison est scellée. Si la directive le prouve, les faits pourraient notamment être requalifiés en « violences aggravantes ayant entraîné la mort sans intention de la révéler ». Avait-il peur ? A-t-il paniqué ? Inconnu de la justice, le prévenu travaille depuis plusieurs années dans la ferme de son père à Payzay-Naudouin-Embourie. Il habitait cette maison du village de Longré, qu’il louait depuis plusieurs années. Et il a divorcé de sa compagne, avec qui il avait eu sa fille. “Un bon drôle d’homme”, confie André, 77 ans, qui habite à Longre. “Mais ça reste une drôle d’histoire. Avait-il peur ? A-t-il paniqué ? Cela devrait être déterminé par l’enquête, tout comme ces cambrioleurs sont venus chercher, dans cette maison du village de Longré. Ce week-end de nombreux gendarmes se sont rendus sur place pour faire des constats d’usage et écouter les voisins. La plupart sont britanniques et disent n’avoir rien entendu.