Publié à 16h53
Vincent Larin La Presse
Les copropriétaires du Domaine de Dunham, dans les Cantons-de-l’Est, ont eu une très mauvaise surprise vendredi dernier au moment de récolter leurs précieux fruits. « Notre employé qui avait été envoyé en cueillette est revenu avec une seule pêche en nous disant : ça y est », soupire la copropriétaire Giselle Larocque. Des mois de travail évaporés en quelques nuits. Gisèle Larocque identifie trois raisons pour expliquer cette triste nouvelle. Premièrement, les animaux, notamment les ratons laveurs, auraient pillé 10 à 15 % des récoltes, plus que d’habitude, malgré les diverses précautions prises pour protéger les pêches. Les voleurs “à deux pattes” seront responsables de 15 à 20% des pertes, estime l’agriculteur. Le fait que ses pêchers soient proches de la route aura certainement contribué à ce pillage, ajoute-t-elle. Et tout cela sans compter les pertes dues aux épisodes de sécheresse de l’an dernier qui ont détruit les bourgeons de plusieurs arbres, entraînant une baisse de la production de pêches cette année.
2200 kg de pêche
Gisèle Larocque n’a pas pour l’instant l’intention de porter plainte car il ne s’agit pas, selon elle, d’un “crime violent”. “C’est dommage car nous travaillons si dur, tous agriculteurs, pour joindre les deux bouts et nos prix sont déjà très bons”, soupire l’agriculteur. Selon l’autre copropriétaire du Domaine de Dunham, Claude Girard, plus de 2 200 kilogrammes de pêches ont été récoltées l’an dernier. Pour répondre à la demande toujours croissante de la clientèle, quelque 226 nouveaux pêchers et nectariniers ont également été plantés.
Creuser des tranchées
Les copropriétaires envisagent diverses solutions pour protéger leurs futures récoltes de pêches. Cette année serait leur quatrième en saison normale, après de nombreuses années de travail acharné pour cultiver ces pêches. Bien qu’il soit impossible de clôturer complètement le Domaine en raison de sa grande superficie, Gisèle Larocque croit que creuser des tranchées plus profondes autour de la zone pourrait dissuader les voleurs. Quant aux ratons laveurs, les copropriétaires du Domaine de Dunham songent à installer des pièges pour conserver leurs précieux fruits la saison prochaine. Il est à noter que les pêchers du Domaine de Dunham seront les seuls disponibles commercialement au Québec car plusieurs Québécois ont encore des pêchers personnels sur leur terrain. Cependant, le climat de la province n’est pas propice à la culture de ce fruit, très répandu dans le sud de l’Ontario. « Nous avons un microclimat à Dunham qui rend nos hivers moins rigoureux et nos étés plus longs, alors nous avons réussi à y faire pousser des pêchers », explique Gisèle Larocque.
Un phénomène anecdotique
Selon le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Patrice Léger-Bourgouin, le vol de légumes et de fruits demeure un phénomène anecdotique à travers la province. Certaines cultures, comme les pêches, sont encore plus susceptibles d’être pillées en raison de leur rareté. “Si vous vous mettez à la place de quelqu’un qui veut voler du brocoli, ce n’est pas facile. C’est une récolte manuelle, qui doit se faire brocoli par brocoli », explique-t-il. De plus, le moment de la récolte est si serré que les producteurs travaillent 18 à 19 heures par jour pendant la saison des récoltes, ce qui laisse peu de temps aux voleurs. » Année après année, certains maraîchers sont encore victimes de vandalisme sur leurs terres. Mais les aléas climatiques restent le principal facteur expliquant la perte de production, un phénomène qui va s’amplifier au fil des années.