Dans sa chambre de 9 mètres carrés à l’université de Besançon, Narumi Kurosaki tient le monde entre ses mains. Ce mois-ci en décembre 2016, la jeune femme de 21 ans alterne entre le japonais et l’anglais sur Line ou Messenger et chat sur Skype. Elle raconte à sa mère, sa sœur et à tous ses amis de Tokyo ou d’ailleurs le bonheur de son séjour en France, où elle est arrivée trois mois plus tôt, pour un échange universitaire. Avec le groupe d’étudiants étrangers qui, comme elle, suivent une formation intensive en français, elle échange WhatsApp en boucle dans cette nouvelle langue qu’elle commence à bien maîtriser. Là, à part une poignée de Japonais, un Grec, un Syrien, un Kosovar, un Sud-Coréen. Ils se lancent des défis de vocabulaire et listent les lieux qu’ils souhaitent visiter en priorité. Le Mont-Saint-Michel tient la corde. Sur son compte Facebook, Narumi Kurosaki poste des photos de ses balades en Franche-Comté, des plats qu’elle goûte et des nombreuses soirées étudiantes auxquelles elle participe.
Elle l’a envoyé en enfer
Sa liste d’amis ne cesse de s’allonger. Il s’est inscrit à un voyage de ski, une randonnée, un cours d’escalade, un autre hip-hop. La dernière semaine de l’année est déjà à son agenda. Elle va fêter Noël dans le Var, à Saint-Aygulf, avec son nouvel amant, Arthur del Piccolo, un étudiant ingénieur français qui habite la même maison qu’elle. Mais d’abord, il doit préparer une danse de gala. En janvier, le semestre de sa licence en économie va enfin commencer.
Depuis Santiago du Chili, Nicolas Zepeda suit à distance le bonheur et l’insoutenable liberté de Narumi. Il l’a rencontrée au Japon, deux ans plus tôt, lors de son séjour à l’université de Chukuba et en est tombé éperdument amoureux. Ils sont restés ensemble quelques mois, il l’a emmenée visiter les Andes, il l’a recommandée à ses parents.
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Leur histoire s’est déroulée lorsque Naroumi a décidé de s’installer en France. Nicolas Zepeda l’a très mal pris. Ils ont divorcé, ils se sont remariés, ils ont encore divorcé. Il lui a répété qu’il l’aimait, qu’il voulait l’épouser et avoir des enfants avec elle. Elle l’a envoyé en enfer et a arrangé ses photos. Dans la poubelle de son ordinateur, elle a jeté celui du “meilleur couple du monde” semé de cœurs, sur lequel elle a posé à côté d’elle et gratté de son journal le compte rendu manuscrit “Nicolas Birthday” sur la page du 11 décembre. Et le 1er décembre 2016, elle a tout supprimé de son mur Facebook sur son ex-petit ami chilien. Elle apparaît maintenant, souriante et amoureuse, avec Arthur.
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