Posté à 17h21
Charles Lecavalier La Presse
“Elle doit partir. Cet homme, Benoît Charette, est celui qui a les deux mains sur le volant pour s’assurer que le Québec ne perde pas ses cibles climatiques et nous dit qu’il est impossible de faire plus. “Il démissionne, il quitte la lutte, comme il démissionne comme ministre”, a déclaré Emiliz Lesard-Therien, porte-parole du parti écologiste de gauche. Le ministre a déclaré dimanche à La Presse que son gouvernement n’avait pas l’intention de relever les cibles climatiques du Québec malgré les avertissements du GIEC, estimant qu’il était “impossible” de tenir les promesses vertes faites par les partis d’opposition. “Réduction de 60 % [les émissions de gaz à effet de serre] d’ici 2030, c’est tout simplement impossible, 50% n’est plus possible et 45% quand on sait qu’on aura du mal à l’atteindre [notre cible de 37,5 %]”J’ai hâte de voir la manifestation qu’ils pourront organiser”, a-t-il déclaré. Cette déclaration – faite un jour avant la publication d’un nouveau rapport du GIEC, qui souligne que l’humanité doit réduire de moitié les émissions actuelles d’ici 2030 pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat – a provoqué l’émoi des partis d’opposition. “Il ne peut pas se tenir devant un gouvernement qui est en faveur de l’industrie automobile, en faveur de l’expansion, en faveur du troisième maillon, en faveur du stationnement, en faveur de l’autoroute, cela n’a tout simplement pas de sens, cela ne peut pas se lever pour dire que cela nous fera perdre nos objectifs. « Il a démissionné, qu’il démissionne », a déclaré le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. La libérale Isabelle Melançon décrit M. Charette comme « un politicien qui n’est pas capable de monter » et qui fait « peu de politique ». “Quand j’ai lu sa déclaration dimanche, j’étais sans voix. C’est irresponsable. “Cela ne laisse aucun espoir pour les générations futures, c’est dommage”, a-t-il déclaré. “Mais je suis plus ou moins surpris, c’est le même gars qui nous dit qu’un tunnel va ralentir l’étalement urbain et que c’est écologique, qu’il nous dit qu’il faut augmenter la teneur en nickel dans l’air ou qu’il faut mettre des déchets miniers dans des lacs, ajoute-t-il. Parti Québécois Sylvain Gaudreault souligne que « les solutions présentées par le GIEC sont faisables et réalistes » « Je ne dis pas que c’est simple, mais le grand message est qu’il faut une volonté politique. Nous savons que la situation est grave, nous savons qu’elle a un impact important. […] Quand j’entends le ministre dire : on ne peut pas faire plus, c’est comme s’il renonçait. “Ce dont nous avons besoin, c’est de mobilisation, de volonté et d’espoir.” Le gouvernement Legault, pour sa part, ne change pas d’avis : pas question de modifier la cible québécoise, qui est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de -37,5 % d’ici 2030 par rapport à 1990. La CAQ provoque ailleurs [QS : -55 % ; PLQ : -45 % ; PQ : -50 %] expliquer comment ils entendent atteindre leurs objectifs. Ils n’ont pas encore révélé tout leur plan et attendront l’approche des élections générales, mais ils lancent quelques solutions possibles. Le PQ veut que Québec abandonne le troisième lien, augmente ses objectifs et ses contraintes pour électrifier les transports et se lance dans un projet massif de rénovation énergétique des bâtiments. Québec solidaire veut interdire la publicité pour les VUS et créer une offre de transport en commun dans le secteur, et le Parti libéral fait la promotion du projet ECHO axé sur l’hydrogène vert. Mais le plus dur sera de changer ses habitudes. “Pour que les gens se sentent concernés, il faut sentir que l’Etat s’engage. Pour le COVID-19, le Premier ministre a donné des conférences tous les jours et nous avons senti que tout l’État était engagé. “Là, on ne le sent pas”, a déclaré M. Gaudreault. “Ces changements d’habitudes se produisent lentement. Ce n’est pas au gouvernement de dire combien de fois on peut manger de la viande par semaine. Pourtant, donner une impulsion à ce genre de comportement, soutenir les restaurateurs dans leur offre alimentaire, c’est possible”, ajoute la libérale Isabelle Melançon. De son côté, ilmilise Lessard-Therrien souligne que l’État, en coupant les services locaux dans les régions, oblige les citoyens à polluer. “Dans ma région, nos gens sont maintenant obligés de faire 50 voire 100 kilomètres en voiture pour une prise de sang ou un changement de pansement. “Cela se produit lorsque vous coupez les services locaux”, a-t-il déclaré.