“Buitoni est la marque que j’ai toujours eue ! Entre malice et colère, Audrey ne se laisse pas abattre. C’est désormais dans le domaine numérique que s’active pour faire connaître le syndrome hémolytique et urémique typique, à travers le groupe Facebook “SHU – Sortons du Silence”. Le SHU, maladie rare qui touche moins de 160 personnes par an en France, majoritairement des enfants. Dont Noah, 3 ans. Le fils d’Audrey a été infecté fin janvier 2022, lorsque les services rénaux et pédiatriques ont commencé à tirer la sonnette d’alarme, s’inquiétant du nombre inhabituel de visites aux urgences pour diarrhée hémorragique, souvent accompagnée de crampes abdominales et de vomissements. : 58 sur les 10 premières semaines de l’année, dont un seul en région Occitanie. Deux enfants sont morts !

    À lire aussi : Alerte E.Coli : quatre questions sur une bactérie pouvant entraîner la mort chez les jeunes enfants     

Heureusement, Noah est sorti de l’hôpital le 12 mars avec un régime sans sel et une interdiction à vie de prendre des anti-inflammatoires. Un moindre mal alors que quelques semaines plus tôt son pronostic vital avait été engagé.A cette époque, Audrey n’avait pas encore fait le lien avec la pizza qu’elle avait mangée fin janvier. “Mon fils vomissait début février, lorsqu’on lui a diagnostiqué une maladie gastro-intestinale… 3 semaines plus tard, on lui a diagnostiqué un SHU sévère avec insuffisance rénale aiguë. » Mais avant d’arriver au diagnostic, Audrey a dû insister pour que les médecins fassent des tests supplémentaires. « En une journée, mon fils a été héliporté à Lille en réanimation pédiatrique. Il fallait se préparer au pire. »

“Notre vie a changé”

Deux transfusions sanguines en ont finalement décidé autrement. Désormais, comme beaucoup d’autres parents d’enfants victimes de ce syndrome, Audrey entend transmettre son expérience. Et elle répond aux parents anxieux qui lui posent des questions sur un fils ou une fille souffrant de diarrhée qui ne disparaîtra pas. Mais Quentin, le père de Noah, avoue : « Nos vies ont été secouées par l’horreur et l’angoisse le 4 mars 2022… Pas un jour ne se passe sans la peur que ça recommence. » Les témoignages abondent, entre agonie et incompréhension. Les parents provoquent également l’ignorance de la maladie en tant que processus d’infection. “Au SOS médecin, le médecin nous dit que ça ne peut pas être de la pizza parce que c’est cuit”, raconte Latifa. Et pourtant, des analyses ont bel et bien montré la présence d’E. coli, la bactérie à l’origine du SHU, dans la pâte Fraîch’Up mangée par de nombreuses victimes, ce qui explique la surreprésentation actuelle des cas selon la Santé publique française. “Les enquêtes sont en cours”, a averti le 18 mars la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, alors que Buitoni rappelait tous les invendus et exhortait les consommateurs à jeter ce qu’ils avaient dans leurs réfrigérateurs.

    Lire aussi : Rappel de produit : Bactérie E.coli détectée dans la pâte à pizza surgelée Buitoni     

Un minimum pour Audrey qui “ne compte pas s’arrêter là”. Comme cela, certains parents envisagent une action en justice pour établir la responsabilité. Une action qu’ils entendent mener en marge du groupe “SHU – Sortons du Silence” dont la mission reste la prévention, rappelle le président de l’association.

Épidémiologie : lorsque E. coli est converti en SHU, syndrome hémolytique et urémique

MODÈLE. Escherichia coli représente 80% des bactéries de notre système digestif. Il peut également se retrouver dans l’eau après avoir été contaminé par des déchets humains ou animaux. Coli est inoffensif dans la plupart des cas, mais certaines souches sont pathogènes. LA COÏNCIDENCE. Cela varie selon la tranche d’âge. Atteint un maximum chez les enfants de moins de 3 ans. En France, la plus grande épidémie associée à de la viande hachée congelée contaminée remonte à 2005. Les autorités sanitaires ont enregistré 69 cas, dont 57 concernaient des enfants de moins de 13 ans. PÉRIODE DE TEMPÉRATURE. Elle dure de 2 à 10 jours et l’évolution est favorable dans 90% des cas. SYMPTÔMES. Lorsque la bactérie est responsable d’une infection intestinale, elle se manifeste par une diarrhée liée ou non à des douleurs abdominales. Dans les cas moins infectieux, cette diarrhée peut guérir spontanément en une semaine environ. Dans 10% des cas, l’épisode se complique de diarrhée sanglante (colite hémorragique accompagnée de crampes au niveau de l’abdomen). Le SHU (syndrome hémolytique et urémique) touche particulièrement les jeunes enfants et les personnes âgées. L’un des symptômes est que l’enfant n’urine plus. PRÉVALENCE. 100 à 165 cas de SHU sont déclarés chaque année en France depuis 1996. C’est la première cause d’insuffisance rénale aiguë chez l’enfant de moins de 3 ans.