En quelques jours, deux enfants étaient décédés et près de 75 cas avaient été recensés à travers le pays, selon les derniers chiffres publiés par la Santé publique : depuis fin février, la France a enregistré une recrudescence sans précédent de cas d’intoxication à E. coli. Des analyses ont confirmé le lien entre de nombreux cas d’infection et la consommation de pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up de la marque Buitoni. “Nous ne comprenons pas ce qui a pu se passer, mais nous allons élaborer un protocole d’analyse que nous soumettrons aux autorités”, a déclaré Jérôme Jaton, directeur général de Nestlé, lors d’une conférence de presse plus tard dans la semaine.

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Aussi inquiétant que les enfants soient au premier rang de cette épidémie. Les infections détectées en France concernent les enfants âgés de 1 à 18 ans. Les adultes semblent donc moins touchés par le phénomène : comment expliquer cela ? Selon Τουric Oswald, professeur de bactériologie à Toulouse, directeur adjoint de l’Institut de recherche en santé digestive de l’INSERM, il faut remonter au mécanisme d’action de cette bactérie pour savoir pourquoi les enfants développent plus de symptômes que les adultes, c’est-à-dire qu’ils sont infectés .

Un mécanisme infectieux particulier

Le corps humain compte des milliards de bactéries Escherichia coli : “seulement quelques-unes sont pathogènes”, commente le professeur à La Dépêche du Midi. Ces bactéries produisent des toxines qui vont cibler les cellules qui tapissent nos vaisseaux sanguins : les cellules endothéliales. “Cela peut expliquer la présence de sang dans les selles, un syndrome hémolytique et urémique (insuffisance rénale, ndlr), avec atteinte rénale”, explique le professeur Éric Oswald. Plusieurs symptômes sont décrits : diarrhée, douleurs abdominales ou vomissements, signes de fatigue extrême, pâleur, diminution du débit urinaire.

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Avant de libérer sa toxine, la bactérie pathogène doit d’abord pouvoir s’installer dans le tube digestif. Pour cela, il faut lutter « contre la barrière que forme la microflore intestinale ».

Les enfants plus exposés

Si depuis le début de cette épidémie, les enfants ont développé des formes plus sévères que les adultes après infection, c’est parce que cette barrière intestinale est moins efficace chez eux que chez les adultes pour lutter contre ces bactéries pathogènes. “Chez un enfant, on pense qu’il suffit de 500 bactéries pour créer une pathologie. Au niveau bactérien, ce n’est absolument rien”, explique le Pr Éric Oswald. Par conséquent, les enfants sont plus exposés à cette bactérie que les adultes.

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A l’heure actuelle, la plupart des cas d’infection ont été recensés dans les Hauts-de-France (16) et la Nouvelle-Aquitaine (11). Ce vendredi 1er avril, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “homicide par négligence”, “escroquerie” et “exposition au danger d’autrui”. L’enquête, diligentée par le parquet général (PSP) du parquet de Paris, a débuté le 22 mars. Des plaintes ont été déposées devant de nombreux tribunaux en France. L’avocat toulousain Me Pierre Debuisson représentera dix familles de victimes.