Si ce meeting devait lancer sa campagne faisant de lui le principal adversaire d’Emanuel Macron, il avait surtout signé le début de la gueule de bois. Créditée de 16 à 17% des intentions de vote il y a un mois et demi, et même en mesure de remporter le second tour face au candidat à la présidentielle au lendemain de sa victoire au Congrès LR début décembre, Valérie Pécresse flirte aujourd’hui . aujourd’hui à 10% selon notre baromètre Ipsos-Sopra-Steria. Ce “conflit” de Zénith, comme l’appelaient de nombreux commentateurs à l’époque, Valérie Pécresse a voulu en tirer les leçons. “J’ai été marqué par cet échec de Zénith. Je voulais faire un discours comme un homme aux mots forts, des mots d’hommes, a-t-il avoué il y a quelques jours. Depuis, j’ai décidé de faire cette campagne d’une toute autre manière, avec un façon libérée et a cappella ». Avec ce traumatisme en tête, le candidat LR a voulu préparer “un tout autre meeting, sans artifices, sans confettis et sans étincelles par rapport à ce qu’on a vu hier chez Emmanuel Macron”, selon Brice Hortefeux, l’ancien ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. “Un gros meeting d’authenticité où Valérie sera la même”, a également promis un ténor du parti peu avant le départ, annonçant “une candidate qui sera naturelle et qui a vraiment eu le temps d’entrer”. Avant de prendre la parole, Valérie Pécresse a pu compter sur le soutien de nombreuses personnalités républicaines. Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a voulu “rendre hommage à la force de caractère de Valérie Pécresse”, tout en critiquant la “comédie” du meeting d’Emmanuel Macron hier après-midi près de La Défense Arena. “On vous a reproché de ne pas faire assez de comédie. Mais pour la comédie, c’est hier qu’il fallait revenir. La France n’a pas besoin d’acteurs.” Laurent Wauquiez, président de LR en région Auvergne-Rhône-Alpes à la rencontre de Valérie Pécresse Galvanisée par les discours de ténors du parti comme Gérard Larcher, président du Sénat ou encore Christian Jacob, la présidente LR Valérie Pécresse s’est alors présentée à ses électeurs en jeune femme. “Dans cette campagne, je viens devant les Français comme je suis et comme je resterai. Vous m’avez vu gagner. Vous m’avez vu trébucher. Vous m’avez vu m’élever. Vous avez découvert ma résistance. Ma vérité. Ce courage, Je veux le faire. mettre à votre service », a commencé l’introduction. Plus à l’aise et moins théâtrale qu’au Zénith, Valérie Pécresse est apparue plus directe, n’hésitant pas, contrairement à son premier grand meeting, à poursuivre ses propos lorsque des militants lui donnaient une voix un peu exagérée. La candidate LR a également voulu convaincre son auditoire des changements que connaîtrait le pays s’il était élu chef de l’Etat. “L’élection d’une femme présidente de la République doit changer la donne pour toutes les femmes de France. Je vais créer une justice spécialisée contre les violences faites aux femmes. Leurs droits seront défendus, leur parole sera entendue.” Valérie Pécresse, candidate à la présidence de LR Valérie Pécresse s’est aussi imposée comme une “candidate de la sécurité et du pouvoir d’achat”, une manière de concurrencer Eric Zemmour et Marine Le Pen avant les urnes. Emanuel Macron a également été visé dans plusieurs affaires, dénonçant notamment la dette laissée par le président sortant. “Cet argent fou, selon Jupiter, nous promet une dette folle. “Je dépense comme je suis : c’est le travail d’Emmanuel Macron”, a-t-il déclaré. Un discours plutôt tordu et des coups de poing qui ont, semble-t-il, convaincu les élus du premier degré, très critiques en février pour sa prestation au Zénith. “Je l’ai trouvé génial tant sur la forme que sur le fond”, déclare le colérique Jean-François Copé, maire de Meaux. Pour Othman Nasrou, l’un des représentants de la campagne, le meeting, le 19e du nom, est une “réussite”. “Le Zénith, c’était son premier grand meeting. Quel candidat a vraiment eu son premier meeting ? Souvenez-vous des premiers meetings d’Emmanuel Macron en 2017… Ce soir, Valérie a vraiment trouvé son style et son ton.” Othman Nasrou, délégué de campagne de Valérie Pécresse chez franceinfo Même son de cloche de la part des militants présents, comme Hervé et Jean, un couple de retraités franciliens. “Nous avons été très déçus au Zénith et depuis nous hésitons entre Emanuel Macron et Valérie Pécresse. “Heureusement, ce soir, il nous a convaincus et rassurés”, glissent-ils. Mais pour Loïc, jeune militant LR de Normandie, ça s’appelle la masse. “Ce qui est bien, c’est que ça progresse et j’ai trouvé que c’était un bon discours. Mais, je pense qu’il est trop tard pour rattraper les points qui nous manquent dans les sondages et nous espérons nous qualifier pour le second tour.” Je ne suis pas sûr que cette rencontre, certes meilleure dans la forme que les précédentes, suffise effectivement à sauver l’élection de Valérie Pécresse. Pour Arnaud Mercier, professeur de communication à l’université Paris Pathéon-Assas, “la prestation scénique d’un candidat nous dit des choses, mais cela ne suffit pas à expliquer le vote”. Selon cet expert en communication politique, il manque surtout la position politique du candidat. “Elle est victime d’un mal très prévisible, d’un côté une partie de son électorat libéral traditionnel qui est allé à Emmanuel Macron et de l’autre, des électeurs dominants qui voteront pour Marin Le Pen ou Eric Zemour”, a déclaré Arno Mercier. . « Dire la même chose et ne pas assumer ses propres valeurs en changeant simplement de ton et de caractère risque de la rendre malhonnête. L’enjeu pour elle aujourd’hui est, avant tout, d’atteindre au moins 10 %. Arnaud Mercier, professeur de communication politique chez franceinfo Une émotion partagée par les sondeurs. Selon Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos, Valérie Pécresse n’a pas réussi à imposer ses idées sur le dialogue politique marqué par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Mais surtout : « S’il connaît aujourd’hui une baisse régulière dans les sondages, c’est parce que pour les électeurs d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen, il est très faible en immigration et n’offre pas grand-chose en pouvoir d’achat. » Quant à Emmanuel Macron , de nombreux électeurs de Valérie Pécresse se sont tournés vers lui car ils veulent une continuité dans l’action de l’Etat dans la gestion du dossier ukrainien. A une semaine du premier tour, la fin de campagne s’annonce compliquée pour Valérie Pécresse. “On ne lâchera rien, on jouera tout et on visera le second tour”, a promis un responsable républicain au pied du podium à l’issue de la rencontre. Avant d’avouer quelques minutes plus tard, “une mission difficile, voire impossible pour Valérie”.