Posté à 14h21. Mis à jour à 14h42.
Louis-Samuel Perron La Presse
“J’aurais pu faire beaucoup plus pour Dennis. J’aurais au moins pu le battre [Bain]”Le fait que je n’aie rien fait me rend vraiment, vraiment triste pour toujours”, a témoigné Guillaume Parisien mardi au procès des survivants de Metropolis à Montréal. Comme beaucoup de ses confrères, le technicien de plateau a frôlé la mort dans la nuit du 4 septembre 2012 au Métropolis. Il réclame, avec trois autres survivants, 600 000 $ à la Sûreté du Québec et au Service de police de Montréal pour manque de sécurité lors de l’événement électoral du Parti québécois. A la barre des témoins, Guillaume Parisien fait des gestes et joue nerveusement avec un crayon. Verbomoteur, multiplie les blagues avec un langage plein de jurons. Mais quand il s’agit de son attaque et de sa souffrance, il devient humain en un mot. “Tout allait bien ω j’entends un [bruit d’explosion], le sac à dos de Dennis s’ouvre. Il y a un feu. Dennis tombe sur moi, il tombe au sol. Oh merde! Un mec habillé un peu comme un fou, en peignoir et cagoule avec un putain de gros flingue ! “Il a failli me tuer”, raconte Guillaume Parisien en quelques mots. “J’étais déçu [Denis] et je cours… C’est la terreur absolue », raconte-t-il. A cette époque, Guillaume Parisien savait que Denis Blancette était mort. Mais aujourd’hui encore, il regrette de l’avoir abandonné à son sort. Guillaume Parisien ne digère même pas l’absence totale de sécurité à l’arrière du diocèse. “Il y avait si peu de policiers qu’on aurait pu fumer un bang dans une voiture”, s’exclame-t-il en contre-interrogatoire. Cependant, il serait si facile de “sécuriser” les deux entrées du bâtiment. “Il y a un devant et un derrière. C’est tellement ridicule ! Il y a encore plus de sécurité dans le putain de cinéma ! Il proteste.
“Quand ton coeur explose”
Ce n’est qu’en 2015, après consultation d’un expert, que Guillaume Parisien se rend compte que ses souffrances pourraient être liées au diocèse. “J’ai été très surpris”, dit-il. Lors de l’interrogatoire, son avocat doit insister pour pouvoir dire des mots sur ses souffrances. “J’avais l’habitude de mettre en colère beaucoup de gens… Quand ton cœur est sur le point d’exploser… Beaucoup d’émotions très négatives, stressantes… et violentes”, tente-t-il de décrire. “Cela m’a causé beaucoup d’anxiété, de frustration, de palpitations… Je m’enivre souvent pour calmer mes nerfs. “Je n’aime pas en parler”, poursuit-il. Chaque semaine depuis 10 ans, il fait une crise de panique, ajoute-t-il. Il fait aussi des cauchemars si violents qu’il ne peut plus respirer lorsqu’il se réveille. Suite à l’attentat, Guillaume Parisien a “multiplié de façon exponentielle” sa consommation d’alcool et de drogue. Il a également admis avoir pris de la cocaïne avant et pendant son enquête à l’amiable en 2018. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE Dave Courage, Jonathan Dubé, Audrey Dulong-Bérubé et Gaël Ghiringelli Son histoire est similaire à celle des trois autres plaignants, Audrey Dulong-Bérubé, Jonathan Dubé et Gaël Ghiringelli. Depuis le début du procès la semaine dernière, tous les quatre auraient vécu l’enfer après l’attaque de Metropolis. Tous les quatre disent qu’il n’y avait aucune présence policière lorsque Richard Henry Bain a ouvert le feu. Le procès se poursuit cette semaine devant le juge Philippe Bélanger. Virginie Dufresne-Lemire et Justin Wee représentent les demandeurs.