Posté à 12h19
                Louis-Samuel Perron La Presse             

“Ma vie est vraiment une question de survie. Je prends le bus et toque ! Je reviens aux tirs au but. “Ce n’est pas la vie”, dit-il. Audrey Dulong-Bérubé a témoigné lors d’une téléconférence du tribunal de Montréal lundi alors qu’elle et trois autres survivants de Metropolis, Guillaume Parisien, Jonathan Dubé et Gaël Ghiringelli, ont déposé une poursuite civile. Ils réclament chacun 125 000 $, plus 100 000 $ de dédommagement au Procureur général du Québec et à la Ville de Montréal. Dans leur poursuite, ils accusent la Sûreté du Québec et le Service de police de Montréal de n’avoir mis en place “aucune sécurité” derrière le diocèse et d’avoir “mal évalué les risques” associés à l’élection de Pauline Marois le 4 septembre 2012. En raison d’un manque de sécurité , Richard Henry Bain s’approche d’eux facilement et tue leur ami Denis Blanchet et blesse Dave Courage. “Je n’ai jamais surmonté le fait qu’il n’y avait pas de présence policière derrière le Diocèse avec le climat politique abominable en 2012 ! Zéro police au dos ! Zéro périmètre ! Audrey Dulong-Bérubé est emportée. Peu avant l’attentat, Audrey Dulong-Bérubé regardait l’élection avec Denis Blanchette dans le sous-sol du Métropolis. Peu avant minuit ils vont fumer une cigarette sur les marches de l’entrée des artistes où se rassemblent de nombreux techniciens. Il n’y a pas de police dans les environs, a-t-il dit. Lorsqu’elle essaie de retourner dans le bâtiment, quelqu’un lui bloque l’accès. Soudain, le chaos s’installe. “J’entends un énorme boum. Je vois Dave Courage tomber à mes pieds en hurlant. Mes collègues s’enfuient. Je suis en état de choc. Je vois Gael prendre une main à Dave, je prends l’autre main et nous essayons de le tirer. “Je lève la tête, et c’est un mur de flammes”, éclate-t-il. “Nous l’avons mis dans le monte-charge. Il souffre. Il souffre constamment. Je soulève son pantalon et vois sa blessure sur sa hanche. Il veut appeler Dennis [Blanchette]. “C’est un moment de chaos et de panique.” Touché par la même balle qui a tué Denis Blanchet, Dave Courage a été grièvement blessé. Toutefois, cela ne fait pas partie du présent appel. Dans les jours et les mois qui ont suivi, Audrey Dulong-Bérubé était « en état de choc absolu ». “Je pleure, je tremble. “J’ai l’impression de vivre dans un rêve éveillé, comme un automatique”, avoue-t-il. Mais parce qu’elle travaille à son compte, elle ne reprend le travail qu’une semaine après les événements. Puis le jeune technicien commence à “s’auto-médicamenter” en consommant de l’alcool de manière “excessive”. Il boit régulièrement jusqu’à ce qu’il « s’évanouisse ». Son calvaire dure des années. Rongée par le stress et l’anxiété, elle est dans un “état de survie”, dit-il. “Je me sens oublié, seul, privé de l’intérieur. J’ai zéro concentration. J’ai de l’anxiété. Je n’ai pas d’autre énergie”, poursuit-il. Une détresse qui l’a poussée à une première tentative de suicide en 2015. Il y en aura deux autres. Malgré ses efforts pour parler du diocèse, les services d’urgence qu’elle a rencontrés ont ignoré ses appels à l’aide, a-t-elle déclaré. En avance sur les événements, Audrey Dulong-Bérubé assure qu’elle n’était ni anxieuse ni malheureuse. Il n’avait aucun problème avec l’alcool. “J’ai l’impression d’avoir perdu une partie de ma vie, je me suis perdu moi-même”, dit-il. Et tout cela à cause du “manque de sécurité” cette nuit-là. “C’est simplement venu à notre connaissance à ce moment-là. “Et on ne m’a jamais proposé d’aide”, a-t-il déclaré. Le procès est prévu pour 15 jours devant le juge Philippe Bélanger. Virginie Dufresne-Lemire et Justin Wee représentent les demandeurs. VOUS AVEZ BESOIN D’AIDE ? Si vous avez besoin d’aide, avez des pensées suicidaires ou êtes inquiet pour un proche, composez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un agent de prévention du suicide est à votre disposition 24 heures sur 24, sept jours sur sept.