Posté à 13h46  Mis à jour à 14h39.
                Hugo Pilon-Larose La Presse             

Que souhaitez-vous savoir

Dominique Anglade demande à Québec de retirer un amendement de son parti pour réformer la loi 101. L’amendement des libéraux aurait pour effet d’imposer des cours de français à tous les étudiants anglophones du cégep, ce qui inclurait les ayants droit. Les autres partis d’opposition affirment que le Parti libéral est « politiquement confus ». Un groupe militant anglophone étudie plus que jamais l’idée de fonder un nouveau parti politique.

Dans la foulée mardi, le chef du Parti libéral a demandé à la ville de Québec de retirer un réamendement présenté par sa porte-parole française en matière de défense, Hélène David, qui aurait pour effet d’imposer à tous les étudiants anglophones des cégeps, y compris les titulaires de cours, suivre des cours enseignés en français pour obtenir leur diplôme. Depuis lors, la question a été vivement débattue au sein du groupe parlementaire libéral, où certains députés ont exprimé leur mécontentement. À l’étape de l’étude approfondie en commission parlementaire se trouve le projet de loi 96 qui modifie la Charte de la langue française. Il y a quelques semaines, alors que les élus examinaient les articles du cégep, la députée libérale Hélène David proposait d’amender un amendement déposé par le ministre Simon Jolin-Barrette afin que « tous les élèves fréquentant un cégep anglophone soient francophones. , c’est-à-dire ayant étudié principalement l’anglais à l’école primaire [et au] secondaire, [suivent] au moins trois cours en français, non français », dans le cadre de leurs études collégiales. Dans l’amendement initialement proposé par le gouvernement, les étudiants anglophones (appelés « ayants droit ») étaient exclus de cette mesure. Le député libéral David Birnbaum a salué le réamendement proposé par sa collègue Hélène David. “On parle d’institutions qui sont financées par les contribuables, par l’Etat. On parle d’étudiants qui choisissent de poursuivre leurs études ici au Québec. Qu’ils ont cette obligation, qui dans la plupart des cas s’ajoutera à leurs études secondaires, où ils doivent réussir [des cours] “En français, la deuxième langue, c’est absolument décent et normal”, a-t-il déclaré.

C’est au gouvernement de corriger l’erreur

Lors d’une confrontation mardi, la chef libérale Dominique Anglade a dit qu’elle réalise maintenant « à quel point [cette mesure] il ne s’applique pas.» Elle a par la suite admis que son parti n’avait pas consulté les groupes anglophones avant de proposer ce sous-amendement. « La balle est dans le camp de la CAQ », a-t-il dit, exhortant le gouvernement à rectifier la situation. En conférence de presse mardi, le Premier ministre François Lego a rappelé que l’amendement libéral avait été soutenu par tous les partis. Il a en outre ajouté qu’il examinait “la situation avec les autres parties” avant de répondre à une demande de Mme Anglade. Le député péquiste Pascal Bérubé estime que l’étude du projet de loi 96 est devenue une fête foraine. « Les libéraux demandent au gouvernement de retirer les amendements qu’ils ont déposés et ensuite ils se moquent d’eux. C’est-à-dire que c’est un carnaval. […] “C’est incroyable que les libéraux cherchent à se protéger d’eux-mêmes.” « Ce renversement est avant tout le reflet de la désorientation politique du Parti libéral du Québec. Il y a eu le virage nationaliste, le virage progressiste, le virage vert. “Ce sont tous de beaux slogans, mais j’ai des nouvelles pour Dominique Anglade, aucun sondage dans la vie ne peut remplacer les croyances”, a déclaré le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. “Cette inversion des cours de français pour les anglophones n’est que le reflet du fait que c’est un parti complètement confus politiquement”, a-t-il ajouté. Le Parti québécois et Québec solidaire, qui ont appuyé le réamendement proposé par les libéraux, n’ont pas l’intention d’appuyer le Parti libéral dans sa proposition au gouvernement. Le ministre de la langue française, Simon Jolin-Barrette, n’a fait aucun commentaire. Pourtant, au moment de l’adoption de la comitologie, il avait salué l’initiative libérale.

Le PLQ “en chute libre”

Colin Standish, cabinet d’avocats de Sherbrooke et militant à la Commission d’enquête politique, estime que les politiques « incohérentes » proposées par les libéraux donnent des munitions à ceux qui croient qu’un nouveau parti défendant les droits des minorités et des anglophones devrait s’imposer au Québec. Selon M. Standis, “le Parti libéral est en chute libre”, a-t-il dit, ajoutant que l’opposition officielle “tournait en rond”. “Notre réflexion va dans le bon sens”, a-t-il ajouté, évoquant la création d’un parti qui viendra concurrencer les libéraux lors de la prochaine campagne électorale. La décision sera annoncée dans les prochaines semaines.