Posté à 11h03
Mathias Brunet La Presse
Parmi les reproches qu’on lui adresse au fil des ans, celui de murmurer au français du Québec (ou de l’Ontario) arrive en tête de liste.
Une analyse des millésimes canadiens de 2003 nous montre cependant que ce n’était pas le cas. Montréal a produit 24 francophones du Québec ou de l’Ontario au cours des 19 dernières années, dont un au premier tour, quatre au deuxième tour et deux au troisième tour. On pourrait ajouter à cette équipe six joueurs de la Ligue de hockey junior du Québec à l’extérieur de la province de La Belle. Cependant, l’incapacité de ces joueurs à dépasser la formation a sans doute perpétué l’idée que les Canadiens ne valorisaient pas les joueurs de chez nous. De ces 23 joueurs de hockey, seuls deux, Maxime Lapierre et Guillaume Latendres, ont connu une longue carrière dans la Ligue nationale. Mais les deux ont été échangés avant la fermeture du 26. Lapierre a disputé 614 matchs dans la LNH en tant que joueur de soutien. Latendresse aurait eu une carrière beaucoup plus productive si les commotions cérébrales ne l’avaient pas forcé à prendre sa retraite très bientôt. L’attaquant de puissance a marqué 16 buts à chacune de ses deux premières saisons avec les Canadiens malgré une présence limitée en attaque, avant d’exploser 25 buts en 55 matchs (37 buts en une saison complète) au Minnesota après avoir échangé avec Benoit Puglios. Heureusement, les deux sont maintenant des collaborateurs dans le milieu médiatique montréalais, sur TVA Sports et sur leur balado « La Poche bleue », où ils connaissent un succès fou. Sinon, 14 des 20 francophones qui ont été repêchés depuis 2003 n’ont pas joué un seul match dans la LNH (excluant les trois joueurs sélectionnés en 2021). Trois ont joué quatre matchs ou moins. Seul un tiers, à part Lapierre et Latentres, Charles Hudton, a disputé plus de 100 matchs dans la Ligue nationale. En 2003, Jimmy Bonneau est sélectionné un tour devant Jaroslav Halak. Le gardien Loïc Lacasse a été sélectionné près d’une centaine de places devant Mark Streit en 2004. Mathieu Aubin a été sélectionné devant Matt d’Agostini et Sergei Kostitsyn en 2005, Zachary Fucale devant Artturi Lehkonen en 2013 et Daniel Audette devant Jake Evans en 2014. Le fait qu’il ait préféré le défenseur américain David Fisher au Franco-Ontarien Claude Giroux au premier tour en 2006, de loin la pire gaffe de Trevor Timmins, influencé par son bras droit Vaughn Karpan, a également renforcé cette perception. – Français. Joshua Roy pourrait devenir la fameuse pépite tant convoitée par Timmins. Le jeune homme qui a été repêché au cinquième tour en 2021 connaît une saison fantastique à Serbrook. Le joueur de 18 ans a ajouté deux passes mercredi pour porter son record à 94 points en seulement 51 matchs, menant la LHJMQ au pointage, égalant avec William Dufour, 20 ans. Notez la date de naissance de Roy : 6 août 2003. S’il était né trois semaines plus tard, il aurait été éligible au repêchage de 2022. Avec un tel record, il serait probablement dans les dix premiers, peut-être même plus haut. Bien sûr, les signes ne disent pas tout. Mais en comparaison, Shane Wright, probablement le premier choix au classement général cet été, n’a que cinq mois de moins que Roy. Et il a 81 points en 55 matchs. Joshua Roy, premier choix au total de la LHJMQ 2019, a connu un camp d’entraînement intéressant à Montréal l’an dernier. Il est attendu en septembre, même si le retour en jeunesse pour une dernière saison sera sans doute la décision logique pour le bien de son développement.
Francophones compilés par CH depuis 2003
Maxim Lapierre (2e tour, 2003) Jimmy Bonneau (8e cycle, 2003) Loïc Lacasse (6e ronde, 2004) Alexandre Dulac-Lemelin (9e tour, 2004) Guillaume Latendresse (2e cycle, 2005) Mathieu Aubin (5e tour, 2005) Philippe Paquet (7e tour, 2005) Mathieu Carle (2e tour, 2006) Olivier Fortier (3e tour, 2007) Louis Leblanc (1er tour, 2009) Gabriel Dumont (5e tour, 2009) Olivier Archambault (4e tour, 2011) Charles Hudon (5e tour, 2012) Zachary Fucale (2e tour, 2013) Jérémy Grégoire (6e tour, 2013) Daniel Audette (5e cycle, 2014) Simon Bourque (6e tour, 2015) William Bitten (3e tour, 2016) Samuel Houde (5e tour, 2018) Jakob Leguerrier (5e tour, 2019) Raphaël Harvey-Pinard (7e tour, 2019) William Trudeau (4e tour, 2021) Joshua Roy (5e tour, 2021) Xavier Simoneau (6e tour, 2021)
La fameuse domination pro-américaine
Trevor Timmins et sa bande ont sélectionné 23 francophones depuis 2003, ainsi que 28 américains, dont Ryan McDonagh, Max Pacioretty, Jake Evans (Canadien inscrit à la NCAA à Notre-Dame), Ryan Poehling, Cayden Primeau, Jordan Harris. et Cole Caufield. On peut comprendre que les Canadiens, et les 31 autres organisations de la LNH, se tournent en masse vers des joueurs du secondaire, de la USHL ou du programme de développement américain. Dans sa volonté inavouée d’augmenter le nombre de joueurs américains dans la LNH et ainsi de booster la popularité de la Ligue aux États-Unis, la Ligue nationale maintient sa règle injuste à l’égard des joueurs québécois et canadiens : les clubs ont quatre ans pour signer un joueur de hockey issu d’une programme scolaire américain, comparativement à seulement deux ans pour les joueurs des championnats canadiens juniors. Étant donné que les équipes sont limitées à 50 contrats pour tous les joueurs de ses filiales, il est beaucoup plus avantageux de tirer des joueurs des États-Unis. Prenons par exemple Jordan Harris, qui a signé il y a quelques jours. Il a pu évoluer à son rythme pendant quatre ans à Northeastern, alors que le Canadien a dû rompre les liens avec Samuel Houde, Allan McShane et Cole Fonstad, repêchés la même année en 2018, il y a deux ans.
Ne manquez pas
1- Jean-François Téotonio vous présente l’un des joueurs canadiens les plus prometteurs, le Québécois du CF Montréal / Impact Ismaël Kone ! 2- Baptême médiatique réussi ce mercredi pour le jeune Jordan Harris. Encore faut-il qu’il soit tout aussi efficace sur la glace ! 3- Miguel Bujold nous donne des nouvelles des Alouettes de Montréal aujourd’hui!