Lire aussi : Nouvelle tentative d’évacuation des civils bloqués à Marioupol • Lire aussi : Kiev envoie 45 bus pour évacuer les civils vers Marioupol, où Moscou annonce un cessez-le-feu • Lire aussi : Russie : l’intimidation des opposants est en hausse La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, s’exprimant au nom des États membres, rencontreront par téléconférence le Premier ministre chinois Li Keqiang, puis le président Xi Jinping. “La réunion portera sur le rôle que nous poussons la Chine à jouer en exerçant toute l’influence et la pression nécessaires sur la Russie. “Ce n’était pas l’objectif initial du sommet, c’est inévitable”, a déclaré mardi le ministre français des Affaires étrangères Clément Bonn. “En particulier, il est important de savoir si la Chine utilise son influence pour établir une trêve, des couloirs humanitaires, ou “aider Moscou à contourner” les sanctions en renforçant ses marchés des hydrocarbures ou financièrement”, a déclaré un responsable européen. . Pékin refuse de condamner l’invasion de l’Ukraine et s’est félicité début mars d’une amitié “stable” avec Moscou, défendant les inquiétudes “raisonnables” de la Russie quant à sa sécurité. “Les Européens chercheront à influencer les calculs stratégiques des dirigeants chinois, en mettant en avant les coûts financiers qu’ils supporteront en cas de soutien spécifique à la Russie”, a déclaré Gregor Steck, de l’Institut allemand Merics. “Les réactions complexes de la Chine sont une façon d’être du côté russe sans en payer le prix. “Sans pression accrue, cela apportera plus d’aide à Poutine.” Mais l’UE est captive de sa forte interdépendance avec Pékin : elle absorbe 15 % des exportations du géant asiatique, qui lui fournit des produits transformés et des composants critiques. La Chine représente 10 % des exportations de Twenty-Seven, un marché clé, notamment pour les fabricants allemands. L’UE et la Chine ont signé un accord d’investissement ambitieux fin 2020, à la demande pressante de Berlin. Cependant, sa ratification est gelée aujourd’hui en raison des sanctions de l’UE visant à punir le recours au travail forcé dans la région chinoise du Xinjiang et des contre-ratifications de Pékin contre les eurodéputés et les chercheurs. A cela s’ajoute le conflit autour du blocus des importations chinoises en provenance de Lituanie suite à l’ouverture d’une délégation taïwanaise dans ce pays. “Le risque, c’est que la Chine +aille au-delà+ de sa neutralité pour faire des concessions, comme la reprise des négociations sur l’accord d’investissement”, prévient Valérie Niquet de l’Institut d’études stratégiques. En visite mercredi à Pékin, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réaffirmé l’amitié “illimitée” des deux pays avec les Etats-Unis au nom d’un nouvel “ordre mondial multipolaire”: une vision qui intensifie l’émergence d’un bloc “autoritaire” contre l’Occident. “L’idée d’une sécession de la Chine vis-à-vis de la Russie est trompeuse : lorsque la guerre en Ukraine prendra fin, les Etats-Unis se focaliseront principalement, et non de manière amicale, sur la Chine, qui a donc intérêt à maintenir sa coopération avec son voisin, juge Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France à Moscou et Pékin. Et pour rappeler que la Chine n’est pas isolée, de nombreux pays (Inde, Pakistan, Afrique du Sud, Brésil…) se refusent également à critiquer Moscou. Pour Pékin, les Européens se laissent entraîner dans un conflit fomenté par Washington qui révèle les vulnérabilités de l’Occident. Extrêmement dépendante du gaz russe, “l’Europe a peut-être reçu une balle dans le pied par les sanctions américaines”, prévient le nationaliste Global Times. Il rejette tout lien entre les relations UE-Chine et la crise entre les Européens et Moscou qui a émergé de la guerre en Ukraine, deux questions de l’autre “inextricablement liées”, selon le responsable européen. Interrogé mercredi sur le sommet, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin a espéré “un développement durable et sain des relations Chine-UE afin de canaliser la stabilité et l’énergie positive dans une situation mondiale complexe et turbulente”, sans faire aucune référence à l’UE.